Pour échapper un moment aux actualités "peoples" qui débordent maintenant sur les actualités politiques, selon la technique bien connue du strorytelling, je vous invite à lire un Conte de Noël, où la réalité cotoie le rêve et l'insolite pour découvrir l'amour, autour de la naissance du Bébé "Noël". J'avais écrit ce Conte en 2003 en m'inspirant des confidence de ses personnages .
IL ETAIT UNE FOIS …… NOEL….!
Une soirée d'une douceur exceptionnelle pour la saison enveloppait Paris. Dans un ciel dégagé de tout nuage l'étoile de Noël scintillait et peu à peu les autres constellations entraient en scène.
Sous les arbres décorés de guirlandes et lumières multicolores, les passants s'attardaient devant les vitrines, plus tentantes les unes que les autres. Le Docteur Jean-Michel Bienvenu sortit de son cabinet médical accompagné de son assistante. Avec grâce il se pencha pour la saluer et lui souhaita un "Joyeux Noël", la jeune femme lui répondit de même et pressée d'aller prendre son train à la Gare de l'Est pour rejoindre sa famille en province, elle le quitta et disparut bien vite d'un pas vif et léger se fondant dans la foule.
Leurs relations se limitaient au travail qu'ils accomplissaient ensemble à longueur de journée et ils ne se connaissaient pas autrement que dans le cadre de leurs fonctions. Jean-Michel se dirigea vers sa voiture et avant toute chose ouvrit le coffre et vérifia et vérifia son contenu : champagne, vins fins, gâteaux, friandises, cadeaux pour les grands et jouets pour les petits, tout était parfaitement rangé; parfait ! tout était là, il n'avait rien oublié. Il devait passer la nuit de Noël chez ses parents où se trouvaient déjà l'attendant pour la fête ses soeurs et frères, nièces et neveux dans leur grande maison familiale de campagne, située à cinq heures de route de Paris.
Jean-Michel, 38 ans, était encore célibataire. Mince, élégant, avec un beau visage de style romain et de grands yeux noirs dorés au regard intelligent, il avait beaucoup de succès sentimentaux, mais aucune de ses conquêtes successives, qui lui procurait des plaisirs passagers, n'avait réussi à le stabiliser dans un mariage et pour le moment son esprit était tout entier occupé par les rhumatismes, les grippes et autres maladies de ses patients.
Mais ce soir était un soir merveilleux et il se sentait heureux d'aller retrouver les siens. Il s'installa au volant et dès que le moteur commença à ronronner une onde de plaisir l'envahit; il lui sembla qu'il entreprenait un voyage avec l'espoir d'un bonheur imprévu et comme il était secrètement rêveur et romantique, il eut l'impression qu'il s'envolait sur un tapis volant et magique.
A la sortie de l'Ile de France, il décida de ne pas prendre l'autoroute et se dirigea sur une route traditionnelle délaissée par le flux important des automobilistes, dans l'espoir de profiter à lui seul des paysages enchanteurs de la France profonde. La voiture roulait bien, les phares et les roues avalaient l'alphaste à 100 à l'heure, Jean-Michel écoutait le concerto n°5 de Beethoven, l'un de ses compositeurs classique favori, avec Mozart qu'il se réservait pour la suite du voyage. Une sensation de plaisir et de confort l'animait et le faisait planer un peu entre ciel et terre. Son esprit s'évadait loin des bobos coutumiers qui peuplaient son existence et il vivait enfin un de ces moments hors du temps ordinaire, où les contraintes s'effacent pour laisser place à la joie.
Il imaginait déjà le feu flamboyant dans la cheminée, la grande table juponnée d'une belle nappe blanche brodée, recouverte de vaisselles et argenteries fines, les parfums délicats des mets, des pâtisseries et des fruits, et surtout les cris de joie et les embrassades qui l'accueilleraient à son arrivée.
Sous la clarté de la lune et des étoiles, on apercevait au loin, entre les ombres mystérieuses de la nuit, des maisons et des fermes éclairées où les habitants devaient se préparer pour la fête. Il était plus de 21 heures, Jean-Michel voyageait depuis un bon moment, encore deux heures et il serait rendu à destination. Il en était maintenant à la Flûte enchantée de Mozart, l'Air de l'oiseleur et l'air de la Reine de la nuit transformait sa voiture en Opéra roulant, tout était cool ! …..
Jean-Michel se surprit à siffloter joyeusement quand soudain il entendit un grincement sinistre et l'avant de la voiture s'affaissa brusquement!….Subitement dégrisé, il stoppa et armé d'une torche électrique il descendit pour examiner les dégâts…. La route était parsemée de gros clous qui avaient dû tomber d'un chargement et les roues avant ne les avaient pas ratés!….pour comble de malheur, Jean-Michel n'avait qu'une roue de secours… Que faire ? ….Il saisit son portable pour appeler à l'aide, mais comme un "os" n'arrive jamais seul, il s'aperçut que ce coin de campagne n'était pas couvert par le réseau. Pas une borne téléphonique à l'horizon, et tout autour le noir complet, plus de maisons éclairées. La campagne tout autour était couverte de neige, le silence le plus complet régnait. Jean-Michel s'installa sur le siège avant en espérant qu'une voiture passerait et que ses passagers lui porteraient secours.
Mais le temps passait et rien de rien n'arrivait. Une grande tristesse envahit peu à peu son coeur en pensant qu'il ne pouvait communiquer avec sa famille pour les rassurer. Quelquefois l'adversité est incontournable et tout ce qu'il pouvait faire c'était attendre un hypothétique secours. Il se sentit soudain très fatigué, s'endormit et commença à rêver. Dans son rêve une grande étoile scintillante entourée d'une auréole de lumière, qui ressemblait à une comète, se mit à traverser le ciel en se dirigeant vers la droite, et s'arrêta tout d'un coup au-dessus d'une grande maison blanche entourés de grands arbres décorés, qui ressemblaient à des arbres de Noël.
Il se réveilla enfin et malgré lui son regard se dirigea vers sa droite et la!… miracle, surprise, il aperçut une grande maison semblable à celle de son rêve, située à quelque mille mètres. Sauvé … il ferma soigneusement les portières de la voiture et s'élança le coeur plein d'espoir à travers les champs. En approchant, il entendit des voix d'hommes, de femmes et d'enfants et pensa que la fête battait son plein. Une onde de chaleur l'envahit, il avança vers la maison et fût accueilli par le grognement modéré d'un vieux chien qui ne daigna pas toutefois sortir de sa niche. Avant qu'il n'avance la main pour frapper la porte, celle-ci s'ouvrit toute grande et, dans l'encadrement un homme élancé, encore assez jeune, auréolé de longs cheveux blond, lui fit signe d'avancer : Entrez!..Entrez!…vite, vite … elle est prête, il faut faire vite, très vite … dit l'homme le devançant dans la maison. Surpris, Jean-Michel entra à sa suite dans le hall, l'homme se retourna …. Mais qui êtes-vous ? Qui êtes-vous ? Nous attendions notre médecin, ma femme est en train d'accoucher avec quelques jours d'avance et nous avons laissé un message d'urgence sur le répondeur de notre médecin …. Je suis aussi médecin, expliqua Jean-Michel…ma voiture est accidentée sur la route et je venais chez vous pour demander du secours!….Ah! s'écria l'homme, il n'y a pas de temps à perdre, suivez-moi, vite, vite!…..
Tout en suivant le futur père Jean-Michel se trouva dans la salle de bains et sans perdre de temps se savonna soigneusement les mains et les avant-bras, demanda une blouse propre qu'il revêtit en grande vitesse, puis fût conduit au bout d'un long couloir, dans une grande chambre éclairée, où la future maman se trouvait allongée dans un grand lit recouvert de draps blancs immaculés. Le visage de la jeune femme était beau, régulier, rose et éclairé par une beau regard bleu doux et inquiet. Après un premier examen, Jean-Michel la rassura, tout était normal, mais il n'y avait pas de temps à perdre, les contractions se rapprochaient de plus en plus. La maman qui bien que jeune n'en était pas à son premier enfant, se laissait guider avec confiance par le médecin. Jean-Michel demanda au papa de faire préparer une alèze, du coton, de l'eau bouillie, une paire de ciseaux désinfectés à l'alcool et du fil de soie. Une jeune fille, la soeur de la maman, se tenait dans la grande salle à manger avec les enfants et les grands parents; elle fût chargée de ces préparatifs et lorsqu'elle entra dans la chambre quelques minutes plus tard, quelle ne fût pas la surprise de Jean-Michel de s'apercevoir qu'il s'agissait de son assistante en personne… Le monde est petit!… mais l'heure n'était pas aux explications. La naissance s'annonçait toute proche.
Le père allait d'une pièce à l'autre passablement agité. Tantôt il venait pour embrasser sa femme, lui caresser le front, lui prendre la main, tantôt il partait pour rassurer les grands parents et les enfants qui se tenaient dans la grande salle passablement inquiets et curieux de la progression de l'évènement, d'autrefois il s'activait à préparer le berceau qu'il laissait en plan pour aller se d"étendre un instant dans une autre pièce…..bref, pour calmer son angoisse, il faisait tout ce que font les futurs pères dans ces mêmes circonstances… Il avait peur des souffrances de sa femme et se sentait impuissant pour la soulager…Jean-Michel, assisté de la jeune fille, demeurait calme, mais soudain la jeune femme poussa un grand cri, se crispa sous une contraction et Jean-Michel ordonna méthodiquement : détendez vous Madame, courage, respirez, respirez, voilà c'est bien, poussez, poussez, poussez, bien, relaxez vous, respirez, poussez, poussez, je vois la tête du bébé !……
Quelques secondes après les pleurs et les cris caractéristiques d'un nouveau-né envahirent la pièce et un petit bonhomme, pas plus grand que trois pommes, atterrit en gesticulant et en poussant des cris perçants dans le grand lit blanc … Le papa et la maman se mirent à pleurer de joie. Jean-Michel lia le nombril, coupa le cordon et soulevant le bébé par les pieds comme un trophée, il annonça fièrement : Félicitations, Madame, Félicitations, Monsieur, c'est un garçon!…. puis après l'avoir examiné, il déclara en riant "bon pour le service, ce beau bébé est parfait et en bonne santé ! " il confia le bébé à la jeune fille qui le baigna et l'habilla. Entre-temps, une grand mère avait fait la toilette de la maman délivrée, et elle trônait souriante, fière et heureuse comme une Reine, toute belle dans son grand lit, dans une belle chemise de nuit bleu clair à fines broderies blanches, ses cheveux blond lissés sur la nuque, son regard bleu brillant d'une douce joie, attendant de recevoir le bébé dans ses bras, ce qui ne tarda pas. Le papa assis près d'elle admirait en souriant tendrement son nouvel enfant, blotti sur le coeur de sa maman, tout en caressant délicatement du bout des doigts la joue et les petites menottes fragiles du bébé.
Les grands-parents et les enfants rentrèrent dans la chambre pour féliciter les encore jeunes parents et surtout pour admirer l'enfant. C'était leur troisième enfant, les deux précédents étaient des filles, l'une de huit ans et l'autre de quatre ans.
Puisque notre garçon est né dans la nuit de noël, nous lui donnerons le prénom de Noël, annoncèrent les parents d'un commun accord en souriant au nouveau-né. Toute la famille réunie dans la chambre riait, parlait et pleurait d'émotion, puis les petites filles se mirent à chanter en l'honneur de leur petit frère "Il est né le divin enfant …" tout ceci était spontané et la joie était grande dans les regards et dans les coeurs. Sitôt l'hymne terminé, la jeune fille prit le bébé, le berça doucement, puis le déposa dans son berceau avec des gestes délicats et beaucoup de tendresse.
Jean-Michel l'observait et soudain il remarqua pour la première fois qu'elle était plus que belle, ce qu'il n'avait jamais remarqué jusqu'à ce moment-là. A ce moment-là, tout le monde se retira dans la grande salle pour laisser se reposer la maman et le papa resta près d'elle. Pressé par les grands-mères de fêter Noël ensemble, Jean-Michel accepta et prévint sa famille par téléphone des évènements qui le retenait loin d'eux, tout en les assurant qu'il les rejoindrait le lendemain l'un des grands pères se proposant de l'accompagner en voiture.
Tout le monde alors se réunit autour de la grande table qui avait été dressée pour Noël, comme dans sa famille sur la nappe blanche brodée les vaisselles de porcelaine à filets d'or, les verres de cristal et l'argenterie scintillaient sous la lueur des chandeliers et les grands mères présentèrent les mets délicats; entrées faites de petits pâtés de viandes , foie gras, dinde rôtie à point, tendre salade, assortiments de fromages, corbeille de fruits frais et fruits secs, entremets, pâtisseries, tout avait été préparé à la maison selon les recettes traditionnelles et fût servi dans l'ordre, à chaque service les délicieux fumets des mets et le parfum des vins fins aiguisaient leur appétit, ils festoyèrent la joie dans le coeur, se parlant les uns et les autres, commentant les évènements et surtout la naissance, faisant plus ample connaissance, en prenant soin de ne pas trop faire de bruit pour ne pas déranger la maman et le bébé. Le papa ne pouvait s'empêcher de faire des allers et retours sur la pointe des pieds de la salle à manger à la chambre. Il se faisait tard, Minuit était passé, le Père Noël qui avait assez attendu " sur le toit" devait descendre pour garnir les chaussures des petites filles, soigneusement rangées devant la grande cheminée, et sur un petit guéridon des friandises étaient disposées pour lui en offrande pour le remercier et le réconforter de son long voyage.
Les fillettes furent priées de se retirer dans leur chambre, il était temps de dormir, et on leur recommanda d'être bien sages, mais avant de partir l'aînée des petites filles, soudain saisie d'une inspiration, s'empara d'une couronne de fleurs d'oranger qui trônait sous un globe et s'approchant de la jeune assistante elle la lui déposa comme un diadème sur ses beaux cheveux blonds tout en disant "c'est à toi maintenant de trouver un mari et d'avoir des enfants! ..", toutes l'assistance applaudit en riant et la petite espiègle s'esquiva comme une petite fée…..
La jeune fille devint toute rose de confusion et fût surprise en levant timidement les yeux de croiser le regard de Jean-Michel, fixé ardemment sur elle. Leurs regards confondus l'un dans l'autre s'illuminèrent et pendant quelques secondes qui leur parurent une heure, ils comprirent qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et pour l'éternité.
C'est ainsi que quelques temps plus tard, au printemps de l'année nouvelle, Claire et Jean-Michel devinrent femme et mari et se promirent beaucoup d'enfants.
Aux dernières nouvelles, cette promesse est en voie de bonne réalisation puisque le ménage Bienvenu-Plessier attend son premier bébé pour le prochain mois de décembre. C'était écrit dans le ciel. Il était une fois … Noël.
(Cette nouvelle a été écrite en 2003 par Lucienne magalie Pons : tous droits d’auteur réservés)