Ici entre terre et ciel coincés dans le cloaque de la misère

Implorant les dieux des eaux, vaines litanies plaintives

Assoiffés et affamés meurent les peuples en Somalie

Sur les cadavres des vaches aux pieds des vautours

Ici traqués par les canons à la coloration blanche

Le ventre à jeun dans le désert du Maghreb

Les libyens crient à la miséricorde d’Allah

Leur guide n’a pas signé sur le Potomac

La charte qui scelle le sort de l’humanité

Ici dans les pouponnières laissées pour compte

Les bébés sans lendemain en cœur vagissent

Leurs mères devenues folles, leurs pères inconnus

Ici dans les cases les femmes en couche meurent

Jambes ouvertes devant les matrones impuissantes

Ici quand passe le vent les cases trépassent

Ici la joie s’ennuie faute de trouver à égayer

Des cœurs qui tous sont meurtris

Ici la souffrance s’empiffre à cœur joie

Tous sont à sa merci

Ici les fleuves tarissent quand abonde la pluie

Et l’océan en crue quand se dissipent les nuages

Ici au dessus des cadavres ambulants le ciel est d’airain

Et sous les pas chancelants la terre de fer

Ici jaunissent les têtes des jeunes sous le poids des soucis

Ici les bambins ne pleurnichent pas, ils réfléchissent à la vie

Ici on ne vit pas, on tente la survie

Ici c’est l’Afrique