De tout temps, la tradition orale a été au centre de l’épanouissement de la culture africaine. Cette science, graine de l’histoire en Afrique, ce continent longtemps considéré comme le plus ancien au monde, a eu pour socle un certain nombre de groupes sociaux (griots, hommes de caste, vieillards, etc.). Ces différents groupes très aguerris, courageux, beaucoup préoccupés par la recherche du savoir dans les profondeurs du continent, dans tous les domaines de la culture, sont réputés et socialement reconnus comme les détenteurs des règnes de cette tradition.
Délaissée et agonisante, que devons-nous faire pour la résurrection de cette source de savoir ?
Aujourd’hui, l’africain sait lire et écrire, bien qu’il ait longtemps souffert de l’analphabétisme. Si l’écriture permet de rendre les choses immortelles, nous ne devons pas oublier l’origine de ceux qui ont écrit. Si l’Afrique a eu une bonne partie de ses connaissances évaporée, dû au caractère volatile de l’oral, magnifions et soutenons ceux qui ont passé le plus clair de leur temps à défendre sa tradition.
Nous leur rendons un vibrant hommage. Rendons un hommage mérité à Dribril Tamsir Niane qui a approché les grands orateurs africains pour reconstituer l’histoire de l’une des grandes figures africaine « Soundjata Keita », à travers leurs témoignages. Félicitons également Amadou Hampaté Bâ, ce grand défenseur de la tradition orale pour avoir encouragé la jeunesse à aller chercher le savoir auprès des vieux. Selon lui « Chaque vieux qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brûle », si nous essayons de dénombrer le nombre de vieux vivant en Afrique, nous nous rendons compte que la bibliothèque dont il parle est très riche… Sans oublier d’autres combattants qui ont lutté pour la même cause.
Si de nos jours le modernisme est en train d’étouffer la tradition, nous, conservateurs, défenseurs de cette tradition, invitons les africains à se ressaisir, car l’abandon du savoir oral contribuera davantage à l’appauvrissement de notre culture déjà très diminuée par manque d’écriture. Les contes, les proverbes, les signes, les présages, etc. qui nous sont oralement légués par les anciens et les anciennes, sont autant de sources inépuisables de connaissances. Au lieu de les rejeter, profitons-en.
Keita Boh.