Le baryton Dietrich Fischer-Dieskau qui vient de nous quitter aujourd’hui à 86 ans restera dans la mémoire des mélomanes comme « le » baryton du 20ème siècle.
Pendant sa très longue carrière (presque 50 ans) qu’il débuta dans l’Allemagne en guerre, il eut l’occasion de s’illustrer dans tous les domaines du chant. Il excellait aussi bien dans les opéras que dans les leaders ou la musique religieuse.
Fisher-Dieskau était le genre de chanteur qu’on reconnaît tout de suite dès les premières notes. Sa voix n’était pas très puissante mais elle charmait grâce à un timbre d’une grande beauté et des aigus somptueux. Il est considéré comme le maître absolu du lead. Sa diction parfaite et son style en faisaient l’interprète des leaders de Schubert dont il avait fait son cheval de bataille. Il faut l’écouter dans le voyage d’hiver, le merveilleux « Winterreise », accompagné par Gerald Moore ou Alfred Brendel. Cette œuvre le suivit pendant toute sa carrière et il l’enregistra de nombreuses fois. Je ne vois guère que José Van Dam qui aurait pu rivaliser avec le maître berlinois. Dietrich Fischer-Dieskau visait la perfection et l’atteignait souvent même s’il avait perdu un peu de la beauté de son timbre à la fin de sa carrière. Après 1992, il se consacra à l’enseignement mais aussi à la direction d’orchestre, à la peinture et à l’écriture de livres de musicologie. Un homme éclectique et d’une grande culture comme on le voit
Je l’ai beaucoup apprécié en comte Almaviva dans les Noces de Figaro de Mozart sous la direction de Karl Boem. Un rôle dans lequel il se montrait malicieux et pervers face à la délicieuse Mirella Freni. Il savait aussi être très bon comédien.
Dietrich Fischer-Dieskau était sans doute le dernier monstre sacré du chant lyrique dont le talent n’a jamais été discuté. La musique perd un de ses plus grands serviteurs.
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