«   … les Tchadiens aussi ont droit à une démocratie, tout comme les Tunisiens… Nous dénonçons la double diplomatie française qui d’un coté soutient le peuple tunisien, qui s’est libéré d’un dictateur, et d’un autre coté continue à permettre l’oppression d’un autre peuple, le peuple tchadien ». 
C’est en ces termes que Dubois de Prisque, chargée de communication de l’association internationale  Survie,  a dénoncé  la semaine dernière sur les antennes  de la BBC, la politique française en Afrique. Une position qui semble réellement faire l’unanimité au sein de ceux là qui pensent que la France tient deux langages totalement antagonistes à l’égard des dictateurs africains. Sinon, comment expliquer alors le fait que jusqu’à ce jour, les autorités françaises n’aient pas encore rappelé le régime tchadien au respect de la volonté du peuple ?

Les élections présidentielles organisées par  Idriss Deby ce lundi 25 avril 2011 au Tchad ne sont en réalité qu’une parodie d’élection ; en ce sens que, trois de ses principaux opposants boudent le scrutin. Les trois opposants, Saleh Kebzabo de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR, 9 sièges à l’Assemblée nationale), Wadal Abdelkader Kamougué de l’Union démocratique pour le renouveau (UDR, 7 sièges) et Ngarlejy Yorongar de la Fédération action république (Far, 4 sièges), qui réclamaient notamment de nouvelles cartes d’électeurs après les législatives de février qu’ils qualifient de « mascarade électorale », ont suspendu leurs candidatures et appelé au boycottage.

De son côté, le président Idriss Deby s’est montré serein jusqu’à la dernière minute ; et semble n’accorder aucun crédit à cette revendication, pourtant légitime de ses opposants les plus sérieux. Il s’est d’ailleurs dit vendredi dernier « certain » d’être réélu, s’est même félicité « d’avoir fait des choses dans ce pays ». Il a assuré que l’élection serait « crédible » et jugé que ses adversaires n’allaient pas au scrutin notamment parce qu’ils redoutaient d’être battus et ne voulaient pas « crédibiliser ces élections » qu’il va gagner.

Face à cette violation flagrante de la volonté du peuple tchadien, tous les regards sont désormais rivés vers la communauté internationale et la France en particulier. Car, ce feuilleton tchadien ne nous semble pas très différent de ce qui s’est passé en côte d’ivoire.

Monsieur Sarkozy a donc désormais deux choix possibles : soit, continuer de soutenir un régime dictatorial au nom de la « France – à – fric » ou alors, sauver l’image de son pays en rappelant l’un de ses plus « bons élèves » à l’ordre !