A travers l’évolution du stage d’un interne en premier semestre, Hippocrate réussit à brosser avec justesse, précision, le prodigieux travail de fourmis de toute une équipe allant du médecin chef de service aux agents d’entretien en passant par les infirmières, seul gage de bon fonctionnement de l’hôpital. 

Une mise à rudes épreuves que ce début de périple initiatique où le passage de la théorie à la pratique s’avère périlleux pour tout nouvel interne. Benjamin, (Vincent Lacoste) est le fils du chef de service d’une petite structure aux moyens limités. En plus des difficultés inhérentes à la formation, il doit apprendre à composer avec notamment les moyens du bord, quitte à mettre en danger la vie du patient, quitte à s’exposer à des poursuites judiciaires, voire pire : zapper par exemple un examen en cas de prescription recommandée pour raison de panne de machine. 

Il y a aussi la rivalité entre les internes comme entre les services ; les rapports avec la  hiérarchie sont parfois tout aussi compliqués et non exempts d’une forme de favoritisme. L’apprentissage le plus dur pour un interne semble être toutefois celui de la familiarisation avec la maladie et ses pires déboires. Ne pas se laisser submerger pour mieux se protéger en "chosifiant" les patients dans le plus grand respect. Sinon sans cette carapace auto-fabriquée, nombreux parmi ces jeunes jetteraient sans doute l’éponge devant l’extrême lourdeur des responsabilités propres à certains cas. 

Sans oublier les rythmes de travail intensifs très éloignés des 35 heures qui n’arrangent pas les choses mais qui ont le mérite de faire de ces étudiants  de véritables festifs prêts à saisir la moindre occasion pour décompresser. Oublier toutes ces misères humaines dont ils se sont imprégnés !  Même les inscriptions qui colonisent les murs de l’internat témoignent  de ce besoin vital de bouffée d’air. 

Du début jusqu’à la fin de ce film au superbe scénario porté par d’excellents comédiens, on sent que le réalisateur, Thomas Lilti, médecin de formation, sait bien de quoi il parle. Et c’est avec finesse qu’il soulève les questions ayant trait à la maladie, la fin de vie, l’acharnement thérapeutique, l’euthanasie; de quoi faire réfléchir. Un éclairage sur les rouages du système hospitalier en moins de deux heures sans même oublier de rendre hommage aux FFI, faisant fonction d’interne. Film beau, touchant, drôle et surtout si humain. A ne surtout pas rater ! 

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