Hauts salaires : les « pigeons » suisses se rebiffent

L’initiative du conseiller suisse Thomas Minder, qui a réuni fonds et signatures pour organiser une votation sur les (très) hauts salaires des cadres et dirigeants helvètes, afin de les limiter, suscite une formidable levée de boucliers. Et tous les moyens sont bons, y compris recruter de petites mains pour critiquer cette initiative sur les réseaux sociaux. Agences de publicité, officines, sont à l’œuvre pour barrer la route à un vote limitant les très (très) fortes rémunérations. Au fait, qui paye à ce point pour préserver ses revenus ? Le jeu doit en valoir la chandelle.

Vous vous souvenez de la grogne des « pigeons » français et bien sûr de la fuite vers l’étranger d’industriels, hommes d’affaires, et de personnalités aux très forts revenus ? Formidablement relayée par une partie de la presse mais aussi des déclarations publiques de diverses formations, personnalités, &c.
En Suisse, on fait mieux, révèle 24 heures (.ch). Pour faire en sorte que la votation dite initiative Minder, visant à limiter les très hautes rémunérations échoue, l’agence de publicité Werbeanstalt Schweiz AG a recruté cinq étudiants intérimaires chargés « de commenter dans le sens opposants à l’iniative Minder des contributions de lecteurs » de divers portails d’informations.

On espère qu’il s’agit de fils et filles à papas et mamans fortunés et qu’ils sont très grassement rémunérés eux-mêmes pour être parfaitement convaincus de la cause qu’ils défendent.

De son côté, la Fédération des entreprises helvétiques va injecter huit millions de francs suisses pour faire campagne… Tiens, d’où tire-t-elle ces fonds ? De la vente de produits et services aux consommateurs peu fortunés, du fruit d’exemptions fiscales ?

On ne sait pourquoi, les cinq étudiants ont eu recours à des noms d’emprunts et à des adresses ad hoc. Douteraient-ils de leurs convictions et de leur mission ?

Très amusant : les « rémunérations et salaires abusifs », s’ils devaient être écrêtés, mettraient à mal… les PME. Les TPE aussi ?

L’initiative Minder ne prévoit que le renforcement des pouvoirs des actionnaires en matière de rémunération des hauts dirigeants (de PME et TPE aussi ?). On en voit la formidable ambition. Il est aussi prévu que les actionnaires approuvent chaque année l’enveloppe globale des hausses rémunération des cadres. Évidemment, pas question de sanctions pénales.

Mais relever qu’il n’y a pas de corrélation entre les performances des entreprises et sociétés (notamment financières) et les « salaires mirobolants de leurs dirigeants » serait sans doute casser le moral de tout le tissu entrepreneurial suisse, de l’artisan à l’hôtelier, du fromager à l’industriel fabriquant des coucous pour les touristes. Notons que l’initiative ne concernerait que les sociétés cotées en bourse. Un contre-projet parlementaire a aussitôt été concocté : l’assemblée générale des actionnaires sera consultée, mais ne pourra interdire le versement d’un salaire excessif.

Par question non plus de sanctionner automatiquement les indemnités d’accueil (golden hello) ou de départ. Mais les parlementaires (hors PS) veulent bien que les assemblées générales les décide à majorité des deux-tiers.
Il faut croire que tout cela est beaucoup trop menaçant : comment voulez-vous que, dans ces conditions, un ouvrier le risque de monter sa petite entreprise et tente de la faire grossir et prospérer ?

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

4 réflexions sur « Hauts salaires : les « pigeons » suisses se rebiffent »

  1. Le cas le plus scandaleux, c’est quand même celui des femmes ingénieurs : de « sales putes » qui volent la place des hommes dans le travail et peuvent même se voir octroyer des salaires… d’ingénieurs !!!

    Heureusement que les ouvriéristes sont là pour remettre les choses à l’endroit et toutes ces putes au bordel.

    Allez-y franco.

  2. Je suis peut-être un peu abrupte, parfois.

    J’ai mes raisons, que certains connaissent bien.

    Bonne année !

    [url]http://unpetitcoucou.over-blog.com/article-annee-2013-haut-les-coeurs-113964687.html[/url]

  3. Ouah… que des votes négatifs, même pour mes voeux de bonne année…

    Dans ces cas-là, je soigne le mal par le mal, j’en remets une couche :

    [url]http://unpetitcoucou.over-blog.com/article-l-inde-sur-la-voie-d-une-revolution-contre-soixante-huitarde-113986681.html[/url]

    Bonne journée !

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