En ce moment, se joue à l’opéra de Lyon, Hansel et Gretel de l’allemand Engelbert Humperdinc. Cet opéra composé en 1891 et joué pour la première fois en 1893 reprend le conte écrit par l’italien Giambattista Basile au XVIIe siècle et rendu célèbre par les frères Grimm en 1812 dans leur ouvrage Contes de l’enfance et du foyer.

Hansel et Gretel à l’Opéra de Lyon ou quand l’opéra nous montre la famine et la crise…
L’histoire est celle d’Hansel, un petit garçon, et de sa sœur Gretel, enfants d’un pauvre bûcheron. Craignant la famine, l’épouse du bûcheron – la mère des enfants – le convainc de les perdre dans la forêt. Hansel et Gretel entendent son plan et, recueillant de petits cailloux blancs, marquent le chemin jusqu’à chez eux ; ainsi la tentative de les perdre échoue. Toutefois, la mère pousse le père à réessayer, et cette fois, les deux enfants n’ont que des morceaux de pain à jeter derrière eux. Une fois abandonnés en pleine forêt, ils réalisent que le pain a été mangé par les oiseaux.
En errant dans la forêt, Hansel et Gretel trouvent une maison en pain (les versions suivantes parleront de pain d’épices) avec des fenêtres en sucre, qu’ils commencent à manger. L’habitante de la maison, une vieille femme, les invite et leur prépare un festin. Cependant, la vieille femme est une sorcière qui a construit la maison pour attirer les enfants, afin de les manger. Elle enferme Hansel dans une cage, et fait de Gretel sa servante.
Gretel doit cuisiner afin d´engraisser son frère Hansel et chaque jour, la sorcière vérifie s’il est suffisamment gras pour être mangé. Comme elle est à moitié aveugle, elle demande à Hansel de lui donner son doigt et celui-ci lui tend à sa place un os. La sorcière a l´impression que Hansel ne grossit pas et les enfants gagnent ainsi du temps. Mais un jour, folle de rage, elle n´a plus la patience d´attendre et décide de manger Hansel.
Alors qu’elle se prépare à cuire Hansel, la sorcière demande à Gretel de regarder dans le four pour voir s’il est prêt. Mais Gretel lui dit qu´elle est trop petite et la sorcière doit vérifier elle-même. Alors qu´elle se penche dans le four, Gretel la pousse et referme la porte derrière elle. La sorcière meurt ainsi carbonisée.
Les enfants prennent les joyaux de la maison de la sorcière et rejoignent leur domicile quelques temps après.
L’histoire de l’opéra est quelque peu différente de celle du conte, en effet, il n’est plus question de la volonté de la mère de perdre les enfants dans la forêt. Dans cette version, la mère excédée par les bêtises de ses enfants qui ont renversés le dîner, les envoient ramasser des fruits rouges dans la forêt en pleine nuit, puis les petits chenapans perdent leur chemin dans l’obscurité. La version d’Humperdinc est plus gentille car la version originale aurait choqué le public de la fin du XIXe siècle à cause de l’attitude de rejet de la mère vis à vi de ses enfants.
Cette année à l’opéra de Lyon, c’est Johannes Willig qui s’est vu confié la direction de l’orchestre quant à la mise en scène elle fut laissée aux bons soins de Laurent Pelly, habitué des mises en scènes d’opéra allemands notamment ceux d’Offenbach. Par ailleurs, sa mise en scène d’Hansel et Gretel a remporté un franc succès puisqu’elle a triomphé à sa création lors du festival de Glyndebourne en 2008.
Avant de parler de la mise en scène par elle-même, nous nous attarderons sur le choix des chanteurs. Le choix fait est très intéressant, en effet, Hansel est joué par une femme, Michaela Selinger (parce qu’elle a une voix plus douce qu’un homme et qu’il faut un mezzo-soprano pour jouer ce rôle comme le préconisait Humperdinck) parce qu’elle fait ainsi plus petit garçon. A contrario, la sorcière est joué par un homme, qui a donc la voix beaucoup plus grave et roque qu’une femme (en sachant qu’il faut un ténor pour jouer ce rôle) ce qui rajoute un côté effrayant au personnage bien que rendu burlesque par sa tenue.
La mise en scène est très intéressante, en effet, l’opéra se décompose en trois tableaux. Le premier nous fait apparaître les deux enfants dans leur maison, une  maison en carton ! Le concept est fabuleux, la maison faite en morceaux de cartons récupérer à droite à gauche et assembler avec du scotch est vraiment sympa et rappelle la situation précaire dans laquelle évolue la famille, d’ailleurs en chahutant les enfants font tomber un mur de la maison, ce qui montre à quel point leur situation est fragile.
Dans le deuxième tableau, on les voit dans une forêt dont les arbres sont tombés ce qui donne un côté très inquiétant à cette forêt. Et le meilleur est pour le troisième tableau, la maison en pain d’épices n’est évidemment pas en pain d’épices mais a des allures de rayons de gourmandises d’un centre commercial, avec des panneaux « gratuit » un peu partout, dans un contexte de crise économique et de multiplication des magasins discount, je trouvais ça très bien trouvé…
Par cette mise en scène, moderne et surtout en phase avec son époque, on se rend compte que ce conte est totalement intemporel et que la pauvreté quelque soit sa forme a frappé de tout temps, continue de frapper et malheureusement continuera de frapper…

 

Pour voir des photos de l’opéra et des extraits, je vous conseille de vous rendte sur le site de l’opéra de Lyon :  
http://www.opera-lyon.com/spectacles/opera/fiche-opera/fichespectacle/haensel-et-gretel/