Nous sommes à la fin de l’année et il est de tradition de faire un bilan des 365 jours passés. 2012 se meurt et il y a des blessures occasionnées dont les plaies sont encore béantes. Parmi ces estafilades meurtrières, il y eut Sandy, la terrible tempête qui sévit à la fin octobre, début novembre. Elle fut l’invité surprise de la campagne présidentielle américaine, un élément clé dont la gestion de crise allait déterminer le futur Commander in Chief durant les 4 prochaines années. Finalement, Sandy est passée, les Etats-Unis ont choisi leur nouveau leader et les dégâts, après avoir été mitraillés par des photographes et après avoir nourris les magazines de clichés chocs, ont été réparés en grande majorité. Dans la catastrophe, nous avons oublié le grand malade, la victime qui a le plus souffert, celle qui est à l’agonie depuis plusieurs années, Haiti.  

 

La colère de la Terre avait provoqué un séisme assassin en 2008, le pays n’a jamais su se relever malgré toutes les aides humanitaires qui ont été envoyé, des centaines de millions d’euros dont les habitants n’ont pas vu la couleur. Sandy a eu le même effet que d’abattre un patient poussant son dernier râle. Depuis 4 ans, le nombre d’haïtiens souffrant du choléra ne cesse d’augmenter, alimentant des rumeurs et des révoltes contre les Casques Bleus népalais accusés d’être à l’origine de la propagation. Vu que le séisme de 2008 ayant fait plus de 300.000 victimes, combiné à cela une organisation très lâche de la part des autorités, il n’est malheureusement pas rare de croiser encore des cadavres se décomposant dans des recoins isolés. 

 

Sandy fut moins meurtrière, un cinquantaine de tués tout de même, cependant les infrastructures en ont pâti. Ce sont plus de 20.000 maisons et constructions réduites à néant . Des constructions faites d’amas de tôles ayant pour mur des toiles tissées. Ce qui était provisoire en 2008 continue a l’être en 2013. Outre les maisons effondrées avec des familles coincées sous les gravats, les hôpitaux ont été abîmés. Privant alors les malades et les blessés des mesures d’accueil et des soins, une gageure contre l’épidémie de choléra qui a déjà tué 7500 individus et contaminés plus de 200.000 autres. Puis, comme si cela ne pouvait être pire, les routes étant coupées, les ambulances n’ont pu intervenir. Les circulations ont été rendues plus difficiles a cause des rues faites de gadoue favorisant l’enlisement des roues.


L’agriculture a également souffert des intempéries, déjà pas bien bonne, les récoltes risquent d’être catastrophiques cette année. Les bananes ont été imputées de 70% et on dénote le même chiffre pour le maïs. Ce sont des milliers d’hectares qui ont été ravagés portant le préjudice à plus de 80 millions d’euros, une fortune pour ce pays exsangue, considéré tristement comme le plus pauvre du monde. Il est certain qu’il n’y aura pas assez de nourriture pour rassasier toute la population. Plus d’1 million de personnes, soit plus d’1/10ème de la population, sont directement touchées par la famine. Mais quand les humains ont faim, le bétail également, on ne compte plus le nombre de bêtes qui se sont envolées, emportées par des bourrasques. De ce fait le gouvernement de Laurent Lamothe a été contraint de demander une nouvelle fois l’aide internationale.


A croire que Haïti n’a vraiment pas de chance, qu’elle a été maudite des dieux tellement elle fait l’objet des caprices de mère Nature. En août dernier, si si souvenez vous, ça ne fait que 4 mois, Haïti fut victime de Isaac. Le coup de vent, de caractère nerveux, passa comme un éclair, anéantissant les récoltes septentrionales du pays. Concernant les aides, alors que l’ONU souhaitait 200 millions d’€, on a bien senti que la crise est passée par là. Le Venezuela a directement affrété un avion et un cargo débordants de victuailles, la France va favoriser un axe de passage maritime adjoint d’une enveloppe de 220.000 euros. Paradoxalement, elle n’hésite pas a mettre les moyens pour reconduire à la frontière les immigrés haïtiens tentant de pénétrer en Guyane afin d’échapper a la terreur. Haïti se sent perdue, un sentiment renforcé par les départs successifs des organisations internationales dont les tâches ont été déléguées aux autorités locales, incompétentes et sans le sou.