N’atteint-on pas les limites de la démocratie quand on voit un chanteur populaire devenir président de la République dans un pays exsangue comme Haïti.

Il a triomphé avec 67,5 % des voix, un véritable plébiscite. Michel Martelly a su se rendre populaire grâce à ses chansons grivoises plutôt en-dessous de la ceinture, mais aussi grâce à ses œuvres de bienfaisance. Cela suffit-il pour diriger un pays où tout est à reconstruire ?

Les voisins américains ont bien élu Reagan qui n’était qu’un petit acteur de série B, me direz-vous. Les Haïtiens n’ont pas de chance, ayant dû subir la période Duvalier puis Aristide, il aurait fallu un grand leader capable de remettre en marche ce pays meurtri.   

Sans les multiples fraudes au premier tour, Michel Martelly aurait dû être éjecté en terminant troisième ; il a été sauvé par l’élimination du candidat du pouvoir en place.

Dans quelques jours, il va se retrouver dans le palais présidentiel face à un défi insurmontable.

C’est au pied du mur qu’on voit le maçon et on souhaite à « Tèt Kale » de trouver les ressources nécessaires pour réussir son pari.

Sa première initiative sera de mieux contrôler les ONG qui travaillent sur place et qui reçoivent plus d’argent que l’Etat haïtien lui-même. Il voudrait que les Haïtiens prennent en main leur propre sort et dirigent la reconstruction de leur pays. Il compte aussi faire les yeux doux à la diaspora haïtienne qu’il aimerait voir revenir au pays.  

«  Pour moi, le plus important, c’est de parler de la confiance qui n’existe plus entre la population et l’État et avec les partenaires d’Haïti. Il est impératif de rétablir cette confiance de telle sorte que l’on donne courage et force à la population. » (Source Haïti libre) 

De bonnes idées, mais il n’explique pas comment il va s’y prendre. On peut penser au contraire que les partenaires d’Haïti auront une certaine réticence à faire confiance à un saltimbanque.

Devra-t-on en conclure que n’importe qui peut devenir président de la République ?