L’art haïtien, s’il n’est pas directement présent à la galerie Marassa Trois, parce qu’il n’est que représenté, évoqué, n’est jamais loin du 89 bis de la rue de Charenton, à Paris. Natacha Giafferi-Dombre, ethnologue, spécialiste d’Haïti, ne s’écarte jamais longtemps des artistes haïtiens. Les voici de retour avec, jusqu’au 3 décembre, Valérie Placide Zéphyr et Eddy Saint-Martin.


Le Zurichois Pier Geering, qui avait tendu des oriflammes et étendards sur le thème du vaudou, vient de céder les murs du 89 bis, rue de Charenton, à Eddy Saint-Martin et Valérie Placide Zéphyr. Celle-ci, originaire d’Haïti mais fixée depuis la petite enfance à l’étranger, vit près de Tarascon, en Provence. Elle ne s’est pourtant pas détachée du tout d’une « africanité insulaire », et de l’Ayiti de la reine Anacaona.

C’est une autre reine qu’elle honore avec ce buste que lui a inspiré Ranavalona, la souveraine merina de la Grande île qui rétorquait fièrement aux missionnaires et aux militaires et colons européens « je ne ressens ni honte ni crainte au sujet des coutumes de mes ancêtres ! ». C’est sa première exposition parisienne (alors qu’elle a été exposée à Londres et Liverpool, et bien sûr régulièrement en Occitanie). Ses masques, d’inspirations plus amérindiennes, aux vives couleurs, font le pendant de toiles plus ascétiques, résultantes d’un travail sur l’identité et l’universalité. Elle crée aussi des statuettes et, pour des événements, des fresques ou des bannières. Son site, mais aussi d’autres, qui montrent des œuvres diverses, reflètent la disponibilité de cette plasticienne qui ne s’interdit aucune forme d’intervention.

Eddy Saint-Martin, né à Paris, se partage entre Dakar, ou il réside souvent, et diverses destinations qui le relient aux autres membres du groupe pancaribéen Trames. Il est aussi créateur de tissus pour des maisons de couture parisiennes ou des spectacles. Son travail de styliste est aussi présenté à la galerie par des foulards de soie ou de coton.  Il aurait, dit-il, pu naître à Haïti, dont sa famille est originaire et où il se rend pour approfondir ses connaissances de la mouvance informelle locale et affiner sa sensibilité.

 

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 Dans le cadre de cette exposition, le samedi 21 novembre 2009, la galerie accueillera le percussionniste Atissou Loko (Adjabel) à partir de 15 heures 30 (89 bis, rue de Charenton, Paris). Il dédicacera à cette occasion son album Caribbean Journey (Racine 4). On trouvera aussi sur place le disque de poésie chantée de Wooly Saint-Louis Jean, Quand la parole se fait chanson…

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