Voilà bientôt trois mois que les enseignants Camerounais, notamment ceux de la zone anglophone observent un mouvement d’humeur qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes.
Au départ, ces seigneurs de la craie exigeaient la revalorisation de leurs conditions de travail. Mais, au jour d’aujourd’hui, les revendications semblent ne plus être les mêmes, du fait d’une récupération faite par la classe politique et la société civile. À ce jour, tous les secteurs d’activités sont paralysés dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, et aucune voie de sortie ne semble se profiler à l’horizon, au regard du radicalisme qu’affichent les parties en présence. Dès lors, le spectre d’une année blanche plane sérieusement sur les établissements scolaires et universitaires de ces deux régions anglophones.
Et, au moment où les négociations piétinent entre les différents protagonistes, il est important de dégager les responsabilités des uns et des autres. Car, les ministères en charge de l’éducation semblent endosser seuls toutes les responsabilités, et pourtant !
En effet, l’absence du Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (MINFOPRA) au sein du comité ad hoc chargé d’examiner les problèmes des enseignants est une grave erreur de la part des autorités de Yaoundé, quand on sait quelle peine ce ministère inflige aux jeunes enseignants en cours d’intégration.
Afin de lutter contre l’absentéisme et l’instabilité des jeunes enseignants, le Ministère des Enseignements secondaires a depuis quelques temps initié une prise en solde partielle de ceux-ci, juste quelques mois après leur prise de service. Ainsi, à sa sortie de l’école normale et au lendemain de son affectation, le jeune enseignant devrait chaque mois percevoir les 2/3 de son salaire global pour subsister, le temps pour l’administration de parachever son dossier d’intégration au sein de la fonction publique. Mais, dans la pratique, la mise en application de cette mesure salutaire se trouve heurtée à l’inertie du Ministère de la Fonction Publique, chargé d’attribuer des numéros matricules à ces enseignants, avant leur prise en solde. Dès lors, le jeune enseignant est obligé de déserter les salles de classe pour se rendre chaque semaine à Yaoundé, pour « suivre » son dossier. Plus grave, il se trouve parfois contraint de monnayer, pour obtenir ce précieux numéro, sinon, il sera obligé d’attendre pas moins de deux ans, avant d’obtenir son matricule, afin d’espérer toucher son salaire le mois suivant.
Le cas le plus patent est celui des 885 Instituteurs Contractuels de l’Enseignement Technique, recrutés à la fonction publique depuis janvier 2016, et qui sont jusqu’aujourd’hui sans numéro matricule, alors qu’ils sont en service dans les établissements scolaires depuis plusieurs mois. Et, dans les bureaux climatisés du MINFOPRA, la situation ne semble émouvoir personne. Nos multiples tentatives pour rencontrer le Chef service des Concours chez qui ces dossiers auraient été acheminés depuis le 28 juillet 2016 sont restées infructueuses. Des indiscrétions nous ont tout de même confiés que selon le chronogramme des activités du comité ad hoc mis sur pied pour le recrutement de ces instituteurs, leur immatriculation devait se faire depuis le mois de décembre 2015.
Le Premier Ministre s’en trouve donc interpellé, lui qui devrait rappeler à l’ordre le Ministre de la Fonction Publique. Car son attitude compromet totalement toutes les mesures que sont en train de prendre Jean Ernest Ngallè Bibehe le Ministre des enseignements secondaires, pour sortir les enseignants camerounais de la précarité. Bien plus, le Ministre de la Fonction Publique devrait le plus urgemment possible actualiser son portail internet, afin de limiter le déplacement des enseignants de l’arrière pays sur Yaoundé, pour simple consultation de dossiers.