Un beau livre-album cartonné, de 240 pages, format bible, est arrivé chez moi sans crier gare. Expéditeur, la maison d’édition Édition populaire, dont j’avais chroniqué déjà quelques publications. Titre : Grems. Quoi cela ? En tout cas c’est plein de photos de graffs, de repros d’affiches, de flyers, et il y a une discographie, un lexique, et quelques rares textes plutôt sybillins…
Ce n’est pas trop ma culture, les graffitis, même si j’ai publié auparavant quelques graffeurs et s’il m’arrive d’aller à la galerie de Magda Danysz. Et quant au rap, depuis la tournée mondiale de la Fnac avec Francis Bueb à l’intendance (circa fin des années 1970), et les débuts de Radio Nova, c’est plutôt loin derrière moi. J’en suis resté à Futura 2000, je crois. Lequel FuturaDosMil est plus ou moins devenu photographe, et sans doute encore galeriste. C’est dire à quel point je ne suis pas du tout qualifié pour chroniquer ce bouquin. Je crois que Dran, d’Édition populaire, m’envoie ses bouquins parce qu’il le sait pertinemment et qu’il pense que je vais trouver un angle insolite, qui le changera des habituels commentaires « dans la note » que ses bouquins suscitent. Là, je cale.
C’est aussi mieux après. Après que Grems ait fréquenté les Beaux-Arts de Bordeaux en compagnie du prolixe typographe Jack Usine que je salue amicalement au passage. Le bouquin est d’ailleurs composé en Audimat de
Bref, c’est un livre de jolies images, avec tout plein de photos de flops (« lettrages ronds et débiles » selon le lexique), des reproductions de créations pour un peu tout, dont la réclame (affiches diverses, pour la Ratp, entreprise un peu maso sur les bords), ou les montres Swatch. Pour
Arrivé à ce stade de tirage à la ligne, je me suis dit qu’il serait bon de donner un coup de pouce à ce bouquin, qui m’a bien plu, mais sans fort enthousiasme, et qui le mérite. Tiens, pourquoi ne pas trouver un angle polémique, histoire de faire râler ou glousser dans les chaumières ? Par exemple en numérisant à la dégueu le Jalousie, Hypocrisie, Mesquinerie ? Ce ne serait pas de la même eau que le fameux Nique la France, « chanson haineuse, qui prépare la guerre civile », comme l’estime Riposte laïque ? Un titre du groupe Zone d’expression populaire avec Saïdou Dias, Busta Robert et MC Jean-Pierre ? « L’ensemble est abject et l’on est sidéré qu’une telle abjection ait pu être mise en chanson et largement diffusée, » considère Cyrano, l’éditorialiste de Riposte laïque. Cyrano se livre à une analyse sémiotico-stylistico-linguistique des paroles et du clip et conclut : « Il y a de la déclaration de guerre dans cette chanson : une guerre avec ses combattants (ces brûleurs d’écoles et de drapeaux tricolores), ses idéologues bellicistes, ses héros et ses hérauts. ». Bah, comme on dit dans mon bar de l’hôtel des Trois Faisans à moi, « ça leur passera ». Brokabilly, le quatrième album solo de Grems le manifestera-t-il ? Je n’ose écrire que le suspense est intenable. Bonifiera, bonifiera pas ? Allez savoir… Espérons en tout cas que Grems poursuivra dans le graphisme et que cet ouvrage ne restera pas le premier et dernier.
Grems, Édition populaire, EAN 9782917409022, 240 p., 22 euros