C’est « vrai » et assurément faux : des policiers ont décrété qu’ils lançaient un mandat d’arrêt international contre des dirigeants européens au motif qu’ils sont les « fossoyeurs des espoirs du peuple grec ». En fait, il s’agit de policiers du syndicat Poasy, pas très chauds pour affronter violemment leurs compatriotes. Le Laos vient de lâcher le gouvernement (quatre ministres ou secrétaires d’État), ainsi que la secrétaires d’État aux affaires étrangères (soc.), Mariliza Xenogiannakopoulou (un autre ministre Pasok, celui du Travail, avait déjà claqué la porte). Pendant que les yeux étaient tournés vers la Grèce ou la Syrie, Standard & Poor’s dégradait… 34 banques italiennes… 

Plutôt vivants que morts, et la prime ne va guère motiver les chasseurs : les policiers du syndicat grec Poasy ont lancé un mandat d’arrêt contre les trois dirigeants de la troïka européenne (Commision, BCE, FMI) et qui les livrera recevra un euro par « tête ». Les mesures préconisées par la Commission et la BCE sont de nature à rompre la cohésion sociale et tuer dans l’œuf tout espoir de redresser l’économie grecque, considèrent-ils. 

Evangelos Venizelos, le ministre des Finances donne un ultimatum aux parlementaires. Ils ont jusqu’à dimanche pour dire s’ils approuvent le plan européen.

Même avec la démission des quatre membres du Laos (16 députés) du gouvernement, et quelques refus de consignes de vote de parlementaires, une majorité devrait accepter de passer sous les fourches caudines.

On ne peut cependant prédire à coup sûr qu’une fumée blanche s’élèvera au-dessus du parlement grec.

Pour le moment, on a surtout vu des flammes, lors d’affrontements entre grévistes ou manifestants et policiers qui tentent de les contenir sans faire un usage immodéré de violence.

Les ministres des finances européens n’ont pas cru aux bonnes paroles de Lucas Papademos. Ils veulent des garanties détaillées supplémentaires. À lui de les fournir avant dimanche soir. Les propositions grecques paraissaient convenables sur le papier, mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, les a estimées trop incertaines, trop floues, insuffisantes.

 

Le Portugal est prévenu. Il devra se montrer plus crédible que la Grèce. Pour le moment, il ne l’est pas puisque ses dirigeants déclaraient l’économie portugaise plus proche de celle de l’Irlande que de la grecque. Certes, ce n’est pas erroné. Mais si l’Irlande se refuse à faire appel à la BCE, le Portugal pourrait s’y voir contraint. La somme à trouver est presque moitié moindre que celle de la Grèce, mais il faut rassembler 78 millions d’euros tout de même. Victor Gaspal a pris bonne note que l’Allemagne était mieux disposée envers son pays qu’à l’encontre de la Grèce.

Le Pasok, en dépit d’une ministre démissionnaire et de dissensions en son sein, et la Nouvelle Démocratie, peuvent quand même faire voter des mesures drastiques. Mais voudront-ils ajouter l’injure à l’humiliation s’ils considèrent que, quoi que fasse la Grèce, l’Allemagne aurait décidé, sans le dire clairement (ou plutôt, en dépit d’affirmations contraires), de l’expulser de la zone euro ?

Delentæ Carthago, ou plutôt Athena, murmurerait le sacro-saint empire romain germanique. Monti, l’Italien, qui voit le classement de ses banques encore une fois rétrograder (34 sur 37), comme Rajoy, l’Espagnol, dont le secteur bancaire n’est pas en meilleur état, pourront-ils compter sur Sarkozy pour assouplir la position allemande ?

La Grèce est face à un choix. Plier, et vite, ou fléchir, et tout aussi vite, en espérant qu’elle se fera roseau et ne rompra pas. Car personne ne voudrait à présent investir le moindre euro en Grèce. De la drachme dévaluée, oui, pourquoi pas ?  Finalement, l’un ou l’autre pari est fort risqué.
Papademos avertit : en cas de faillite sans accompagnement européen, qui sait si les écoles, les hôpitaux, les commerces et les entreprises qui fermeront pourront rouvrir de sitôt ?
Angela Merkel, en cas de faillite négociée, pourrait dire qu’elle aura fait tout ce qu’elle a pu, mais que, à présent, l’Allemagne pourrait consentir une assistance au cas par cas. Car si elle considérait que l’Europe et surtout l’Allemagne se porteraient mieux avec des Grecs rejetés à la périphérie, il est difficile d’envisager une explosion sociale violente, une situation pire que l’Italienne lors des années dites de plomb.

Selon des analystes qui étaient fort peu loquaces voici quelques trimestres, à présent, la dose d’austérité infligée à la Grèce aurait été trop massive, réduisant trop vite les rentrées d’argent, ce qui force à relever les taxes et les impôts. Dans le genre comique involontaire, François Robin, de Natixis, insiste sur la libéralisation des contraintes protégeant certaines professions. « À titre d’exemple, les pharmacies sont fermées l’après-midi et le week-end, » découvre-t-il pour Le Monde. Certes, mais les ouvrir de jour comme de nuit, quand elles n’ont plus de médicaments, vendus à l’étranger par les laboratoires, et qu’elles consentent du crédit aux malades les plus touchés pour ce qu’elles peuvent encore vendre, cela avancerait à quoi ? Et puis, c’est bien de faire remonter les taxes et les impôts, mais déjà 4 000 propriétaires de yachts ont délaissé les anneaux grecs pour en retrouver d’autres, dans des ports de Croatie, du Monténégro et, oops, de Turquie. Un cinquième déjà des anneaux est devenu libre dans les 19 marinas principales.

 

Le problème, pour Angela Merkel, c’est qu’elle devra affronter son opinion lorsque, à la suite de l’Autriche, elle devra suggérer des mesures d’austérité. Les Allemands penseront que c’est pour sauver les Grecs.

Les Britanniques, au moins ceux qui consultent le site du Telegraph, considèrent déjà, très majoritairement, que le sort de la Grèce est déjà joué. Les indécis et les optimistes cumulés ne représentent que 20 % des répondants. Les pessimistes semblent avoir plutôt raison.

 

L’Allemagne (et la France) devait vendre des armements à la Grèce. Beaucoup. Les Grecs voudraient réduire leurs dépenses militaires. À quoi bon sauver la Grèce dans ces conditions ?
Selon The Washington Post, un représentant du gouvernement allemand, sous condition d’anonymat, aurait considéré que, sur le sort de la Grèce, le scepticisme l’emportait largement. Car même si la bouée de sauvetage était lancée aux Grecs, mais qu’ils refusent de nager dans le sens indiqué, ou trop mollement, « le pays court à la faillite ».