On avait connu l’an dernier un Yoann Gourcuff beaucoup plus fringant. Auteur d’une saison 2008-2009 exceptionnelle avec les Girondins qu’il a menés au titre de champion de France, il avait aussi marqué les esprits lors de ses sélections en Equipe de France notamment contre la Roumanie avec un but venu d’ailleurs, son seul sous la tunique tricolore. Lors de ce match, il avait entretenu avec Franck Ribéry une complicité technique très encourageante. Mais cette année fut laborieuse pour le jeune breton. Souvent coupé par des blessures récurrentes à la cuisse, il n’a jamais pu confirmer tout le bien que l’on pensait de lui. Très souvent à cours de forme, il n’est jamais parvenu à retrouver le niveau qui était le sien, celui grâce auquel il avait obtenu le surnom de "nouveau Zidane". Il faut dire qu’il y a deux ans, Yoann Gourcuff ne jouait jamais avec le Milan AC et que l’an dernier il avait disputé quasiment l’intégralité des matches des Girondins et de l’Equipe de France. Un rythme infernal qu’il a peut-être payé tout au long de cette saison. Néanmoins, Bordeaux sans Gourcuff n’est pas le même Bordeaux. Le breton reste un maître à jouer très redouté pour son potentiel physique, sa manière exceptionnelle de tenir le ballon, et sa redouble efficacité sur coup de pied arrêté.
Mais le joueur est très réservé, une caractéristique qui peut jouer en sa faveur certaines fois, jouer contre lui d’autres fois. En Equipe de France, certains cadres auraient été jaloux de la puissance médiatique de ce jeune joueur, d’un seul coup venu sous la lumière des projecteurs. Même s’il le dément, le joueur a tendance à être solitaire. A Bordeaux, tout le monde joue pour lui, tout le monde l’apprécie. A Bordeaux, il est un peu comme chez lui. Mais en Equipe de France, cela ne semble pas du tout être le cas. Et quand on voit les derniers matches de l’Equipe de France, cela ne nous rassure pas. Clairement, les relations qu’entretiennent certains joueurs avec lui ne sont pas très bonnes. Ainsi, contre l’Uruguay, Anelka a délibérément oublié le Bordelais esseulé en retrait et très bien placé. Idem pour Ribéry quelques secondes plus tard.
Faut-il sortir Gourcuff de l’équipe ? Depuis 2008, Raymond Domenech ne l’a jamais sorti de l’équipe type. Il faut dire que le joueur est un fantastique atout sur les coups de pied arrêtés et par ses frappes lointaines il peut débloquer une situation. Peut-être suffirait-il d’enlever Anelka et de titulariser Henry… Anelka n’est pas un brai numéro 9, il n’a de cesse de redescendre pour venir chercher le ballon, un rôle prédestiné à Gourcuff. Du coup, les deux joueurs se marchent sur les pieds. Le meneur de jeu bordelais a au moins l’avantage de fermer sa bouche. Quand on lui demande de jouer un peu plus bas pour jouer en 4-3-3 ou un peu plus haut en 4-2-3-1, il ne fait pas comme certains (Malouda) à hurler à la mort. C’est un joueur qui a besoin qu’on joue pour lui, il a besoin de beaucoup de mouvements, une qualité que possède un attaquant qu’il connaissait bien à Bordeaux, Marouane Chamakh. Et là comme par hasard, ça marchait…