La main sur le coeur, les yeux rivés vers le drapeau orné de bandes rouges et blanches et d’un rectangle bleu serti de 50 étoiles blanches, les américains célèbrent le 4 juillet, leur fête nationale. Tout le patriotisme exacerbé des habitants se manifeste en cette journée particulière. Patriotes, ils le sont déjà en temps normal, alors en cette occasion, ca tourne à la vénération. Dans toutes les villes des Etats-Unis, avec décalage horaire compris, chacun commémore à sa façon l’indépendance du pays. Ce jour, le jeune état, adolescent parmi ces pairs beaucoup plus âgés, France, Angleterre, et consort, est honoré par ces citoyens. Revenons un peu plus en détail sur cet évènement annuel.
Tout commence au début de l’été 1776, les colons vivant en Amérique étaient écrasés par des taxes adoptées par le Parlement londonien. Les députés poudrés et coiffés de perruque, dans les couloirs cossus du palais gouvernemental, imposaient les immigrés avec des majorations portant sur les produits de la vie quotidienne. Cette situation ne pouvait plus durer. La rancune envers la métropole britannique grandissait progressivement jusqu’à cet acte courageux. Inspiré des idéologies théorisées par les grandes plumes des Lumières, assisté par l’intervention du fameux philosophe anglais, Thomas Paine, prenant part au mouvement révolutionnaire, le jeune avocat, Thomas Jefferson, se met à rédiger un texte bouleversant.
Jeune épris d’espoirs et de volontés émancipatrices pour le futur pays en formation, il taille au vitriole un portrait peu flatteur du roi George III. Il est assimilé à un dirigeant dictatorial soumettant les colons à des lois impropres aux américains, les matant à grand coup d’armées formées de mercenaires et forçant les sujets à appliquer ses règles. Cruel, perfide, barbare tels sont les qualificatifs accolés à son titre.
Dans le préambule du document, il est bon de noter la présence d’une piqûre de rappel. En effet, Jefferson signale que tous les hommes sont égaux, ils possèdent tous des droits inaliénables comme la vie, la liberté et la recherche du bonheur ( c’est gnangnan, typique d’un bon mélodrame américain, ils sont forts dans ce domaine depuis des siècles) et que les gouvernements sont les garants de ces droits. Si des représentants des citoyens, manifestent des visées totalitaires et destructrices alors le peuple a le droit de se révolter, à lire entre les lignes, il est juste de s’insurger contre le roi de la perfide Albion.
La forme finale de la déclaration est présentée le 4 juillet 1776. Par celle-ci, les Treize Colonies britanniques d’Amérique du Nord reconnaissent et revendiquent leur séparation avec la mère patrie, le Royaume-Uni, et désirent la création d’un nouvel état indépendant. En outre, elle ponctue une série de relations conflictuelles entre la colonie américaine et la métropole britannique.
Malgré un consensus et l’apposition des 56 signatures des membres du Congrès général réuni à Boston, la clause concernant l’abolition de l’esclavage génère une grogne dans les états du Sud. Toutefois, ceci est une autre histoire et une autre guerre.
Une fois l’indépendance acquise aux fruits d’âpres efforts, le temps fut à celui de la reconnaissance internationale. George III ne consentait pas à ce que ces terres riches et teintées d’exotisme, puissent lui filer entre les doigts. Il s’engagea alors dans un conflit sans précédent à l’autre bout du monde. Finalement, aidés par les soldats français, les américains ont pu tenir ce qu’ils avaient tellement voulu : une nation décolonisée et véritable modèle pour toutes les autres colonies vivant encore sous le joug d’un empire oppresseur.
Concernant les célébrations, elles ont évoluées au fur et à mesure des années. En 1777, un an après les faits, afin de rendre hommage à cet acte de bravoure, on faisait tirer les canons municipaux 13 fois et on écoutait des discours panégyriques. Aujourd’hui, c’est par des feux d’artifice, remplaçant les bougies disposées aux fenêtres des habitations, des parades avec chars, des piques niques dans l’herbe et des matchs du sport national, le baseball, que les américains exaltent leur nationalisme en ce jour spécial. Les Smith et les Adams, les Johnson et les Anderson, s’invitent joyeusement et festoient allègrement tout en partageant des saucisses avec du ketchup lors d’un barbecue convivial organisé pour l’occasion.
Les services fédéraux de seconde nécessité sont fermés, à l’instar de nos pompiers le 14 juillet, les policiers défilent en uniforme en frétillant devant les acclamations des spectateurs. Les rues se parent de bleu, de blanc et de rouge, les drapeaux fleurissent sur les devantures des immeubles, les étendards hissés le long des mats, flottent au gré du vent. Des fanfares, accompagnant certaines célébrités, sur des estrades montées pour l’Independence Day, entonnent des chansons purement américaines telles que « The Star-Spangled Banner », « God Bless America » ou encore « This Land Is Your Land ». La notion de famille, chère aux étasuniens, n’est pas omise, le 4 juillet est d’ailleurs une opportunité pour partager un repas familial et festif. En ce quatrième jour de juillet, on peut vraiment dire que : " God bless America".