Rien de plus dur que d’arracher à quelqu’un de manière inattendue un rêve surtout à l’heure même où il doit se concrétiser. C’est en effet le sort de Georges Ibrahim Abdallah, cet ancien activiste, chef des Fractions armées libanaises, FARL qui n’en finit pas de se faire ballotter entre espoirs et déceptions. Condamné pour complicité dans les assassinats en 1982 de deux diplomates, l‘Américain Charles Robert Ray, l‘Israélien Yacov Barsimantov,  Georges Ibrahim Abdallah est devenu libérable à partir de 1999, au terme de sa période de sûreté. 

 

Alors que la juridiction s’était montrée favorable le 21 novembre dernier à sa libération assortie d‘une obligation d’expulsion vers le Liban, fixant au 14 janvier l’émission de sa décision, est apparu de but en blanc, un nouvel obstacle. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, par une décision administrative aurait gelé l’opération visant à délivrer l’arrêté d’expulsion, sous l’effet de pressions américaines et israéliennes, dit-on. D’après Eli Masboungi, des mises en garde en direction de Paris contre sa libération auraient été proférées par l’administration américaine, laquelle pourrait donner un coup de pouce aux troupes françaises présentes au Mali. Et le Tribunal d’application des peines, le TAP, aurait ainsi à la dernière minute repoussé du 14 au 28 janvier la décision tant attendue.

 

Les atermoiements sur cette libération ont poussé à bout nombreux Libanais, parmi lesquels des non partisans de GIA. Sur la rue de Damas à Beyrouth, devant l’ambassade de France, ils ont exprimé leur colère balançant des œufs, des pierres, sous des slogans très hostiles. Campant sous des tentes dressées devant l’ambassade qui gênent la "bonne marche de la chancellerie", les protestataires ne décolèrent plus. Le Président de la République Michel Sleiman, le ministre des Affaires étrangères Adnan Mansour sont intervenus auprès de l’ambassadeur de France au Liban, Patrice Paoli, pour comprendre les tenants et les aboutissants du blocage de ce dossier. 

 

Ce détenu n’en est pas à sa première désillusion, la dernière en date remonte à 2003 quand, après lui avoir accordé une libération conditionnelle, un an plus tard, la Cour d’appel était revenue sur sa décision. Des rassemblements et des meetings organisés par des ONG, des associations de défense des droits de l’homme devraient avoir lieu à Paris en guise de soutien. 

 

Dans sa prison de Lannemezan, il ne reste plus à Georges qu’à attendre le 28 janvier pour savoir si oui ou non il sera libéré. Vivement la fin de ce calvaire. Il a payé, il se fait tard. Il est grand temps de rentrer à la maison. De retrouver les siens.