Il a suffi pour mettre le feu aux poudres au Caire, que le président Mohamed Morsi, sous prétexte de se libérer de l’héritage de son prédécesseur, s’arroge par décret encore plus de prérogatives.
L’allusion à de nouveaux jugements dans les procès concernant les meurtres de manifestants lors de la révolte de 2011, empiétant de ce fait sur un domaine qui n’est pas le sien, a fait réagir magistrats, opposants qui, ne décolérant pas ont assiégé la place Tahrir et tant d’autres.
Ce renforcement «temporaire» du pouvoir présidentiel dont la date d’expiration devrait coïncider avec l’accouchement de la nouvelle Constitution, a valu à son titulaire, les surnoms de «pharaon, dictateur temporaire».
Sans surprise, le rappel à l’ordre de l’Union européenne comme de l’Amérique d’ailleurs, ne s’est pas longtemps fait attendre face à de tels abus.
Imbus de leur irréprochable intégrité qui les poussent à s’investir outre mesure au-delà de leurs frontières, ces derniers en oublient parfois de balayer devant leur propre porte, bafouant de plein fouet l‘indépendance de leur propre Justice.
Engagé auprès du Front populaire de libération de la Palestine,(FPLP), le Libanais, Georges Ibrahim Abdallah, est une figure emblématique de la lutte armée pro-palestinienne des années 70-80.
Condamné à perpétuité pour complicité d‘assassinat en 1982 de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov, il croupit depuis 28 ans dans les prisons françaises.
Libérable depuis 1999 pour avoir accompli sa période de sûreté, pour la seconde fois comme en 2003, la nouvelle décision de sa libération conditionnelle assortie de son expulsion vers le Liban, prononcée par le Tribunal d’application des peines, (TAP), seul habilité à statuer dans les dossiers de terrorisme, a été rejeté par le Parquet qui fait appel.
Pourtant d’après les experts, «le détenu ne présente pas de danger de réitération, est un détenu modèle, ne fait pas de prosélytisme».
Pour ses détracteurs, le prisonnier n’aurait pas exprimé de regrets par rapport à son passé. En effet Georges Ibrahim Abdallah préfère parler de militantisme, de résistance, d’actes politiques, dans un contexte précis d‘invasion de son pays plutôt que d‘actes criminels.
D‘après l‘ancien patron de la DST, Yves Bonnet, « Georges Ibrahim Abdallah mériterait d‘être libéré et il est plus mal traité qu’un sérial killer ».
Aussi, partage-t-il avec Jacques Vergès son avocat, l’hypothèse que derrière cet acharnement à maintenir ce prisonnier entre quatre murs se cacheraient des ingérences de nature politique, venues d‘Outre-Atlantique et d‘ailleurs.
Quand on n‘est pas face à un Dutroux, après 28 années d‘enfermement, ne peut-on pas considérer que le prix des actes commis a été payé et offrir une chance à cet homme âgé aujourd’hui de 61 ans et qui est à l‘aube de sa 29 ième année de détention ?