mais un grand socialiste.

 

Georges Frêche le 17 septembre 2010, Wikipédia.

Nous n’entendrons plus ce trublion de la politique, ce socialiste qui dit quelques vérités pas toujours bonnes à dire, mais que beaucoup pensent, mais aussi des triviales comme celle adressée à Louis Nicolin qui avait perdu du poids, «regardez comme il est maigre quand il bande il voit sa quéquette, vingt ans que cela ne lui était pas arrivé». Il ne s’est pas fait que des amis. Il a souvent dérangé le bien pensant socialiste, celui qui ne veut entendre que notre équipe nationale est composée de trop de joueurs de couleur, ce qui est exact aux yeux de beaucoup, si l’on compare avec les autres équipes nationales. Mais faut-il y voir autre chose que le fait que les Français «blancs» ne s’investissent pas assez dans le foot ? Certes, les joueurs de couleur sont les meilleurs, mais les blancs pourraient l’être. Serait-il raciste, il n’en a jamais montré le moindre penchant, et il a été exclu du parti socialiste. Sur Laurent Fabius l’accusant de «tronche pas catholique» en janvier 2010 ce qui provoqua la colère de Martine Aubry, il devait avoir un compte à régler avec lui, mais c’est vrai qu’il n’a pas toujours été clair. Dans ce registre, il n’y a pas que lui, Frêche aussi n’a pas toujours été clair quand il clame au soulèvement des banlieues en novembre 2005, «je me demande si ce ne sont pas les flics qui, comme en Mai 68, mettent le feu aux bagnoles». Et puis il y a les Harkis,

«Vous êtes vraiment d’une incurie incroyable. Vous ne connaissez pas l’histoire. Ah, vous êtes allés avec les gaullistes… Vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus toute leur vie… Faut-il vous rappeler que 80 000 harkis se sont fait égorger comme des porcs parce que l’armée Française les a laissés ? Moi qui vous ai donné votre boulot de pompier, gardez-le et fermez votre gueule ! Je vous ai trouvé un toit et je suis bien remercié. Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous ! Allez avec les gaullistes ! Allez avec les gaullistes à Palavas. Vous y serez très bien ! Ils ont massacré les vôtres en Algérie et vous allez leur lécher les bottes ! Mais vous n’avez rien du tout ! Vous êtes des sous-hommes ! Rien du tout ! Il faut que quelqu’un vous le dise ! Vous êtes sans honneur. Vous n’êtes pas capables de défendre les vôtres ! Voilà, voilà… Allez, dégagez»,

lance-t-il à un membre d’une association harkie, le 12 février 2006. Quelques jours, plus tard, le Parti socialiste décide de le suspendre de ses instances nationales. Il sera également condamné à 15.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Montpellier pour ces propos, avant d’être relaxé en appel.

Il y a bien d’autres provocations, sur l’immigration, la police, la religion, avec lui on ne s’ennuyait pas. Des gens intelligents il y en a 5 à 6 % «moi, je fais campagne pour les cons», le cynisme et la mégalomanie ne l’étouffaient pas. Et celle là, «Que va-t-on pouvoir faire si on ne peut même pas changer le nom de cette région? On n’a pas de couilles», s’insurge-t-il, après avoir tenté de débaptiser la région Languedoc-Roussillon en Septimanie. Avec lui, on ne savait ce qu’il pouvait faire et dire, imprévisible, mais toujours sûr de lui. Une forme de propagande qui le mettait en lumière et qui, par certains cotés, plaisait.

Maire de Montpellier de 1973 à 2004, il a transformé sa ville, tous le reconnaissent. Reconnu comme un bâtisseur par l’ensemble de la classe politique, gauche et droite confondues. Elle lui a rendu hommage, dimanche soir, pour son action d’ancien président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, en faveur de sa ville et de sa région. Même Martine aubry, dans ces moments là, on efface tout, pour ne voir en ce socialiste paradoxal que son coté militant et cultivé, déclarant «un grand élu visionnaire et bâtisseur dont le nom restera à jamais lié à Montpellier et sa région». «Au-delà des désaccords que nous avons pu avoir, je souhaite me souvenir d’un homme courageux et engagé». Quand à François Hollande, il a rendu hommage à l’homme doué d’une conviction telle qu’il pouvait déplacer les montagnes. Pour François Bayrou, c’était quelqu’un de très cultivé en même temps provocateur qui n’hésitait pas à transgresser, à choquer. Pour Benoit Hamon porte parole du PS,

«c’est une très triste nouvelle. Nous avons eu des désaccords, nous nous sommes fâchés. Mais Georges Frêche laisse une empreinte considérable. Il avait totalement transformé la ville de Montpellier, la «belle endormie», pas seulement son image mais les conditions de vie de ses habitants et notamment des classes populaires. C’est la mémoire d’un homme politique passionné par le peuple Français que je veux saluer».

Tout est oublié pour un instant, la mort efface les désaccords, l’hypocrisie est toujours présente dans ces moments là.  

En fait, à Montpellier, il était indéboulonnable, bien qu’ils, les socialistes ont essayés. C’est donc qu’il était apprécié. Aux dernières élections régionales tous étaient contre lui. Sous l’étiquette divers gauche puisque exclu du parti socialiste il gagne avec 54 % devant l’UMP 27 % et le FN 19 % ayant écarté au premier tour, la candidate du PS Madame Hélène Mandroux, maire de Montpellier depuis 2004, ne recueillant que 7,74 % contre 34,28 % à Georges Frêche.

Il avait réussit à hisser sa ville au 8ème rang des villes de France faisant construire de nouveaux quartiers dont le plus symbolique, le néoclassique Antigone réalisé par l’architecte Ricardo Bofil.

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Esplanade de l’Europe, panoramique Wikipédia

Inspiré de la Grèce Antique, l’aménagement du quartier s’est achevé au début des années 2000 avec trois grands équipements, la piscine olympique, la médiathèque centrale Émile Zola et le passage de la ligne 1 du tramway. Le percement d’un immeuble de la place du Nombre d’Or à la même époque a permis de créer une perspective complète du Polygone au Conseil régional et de faciliter la circulation des piétons qui peuvent au hasard de leur promenade contempler de nombreuses copies de célèbres sculptures gréco-romaines, telles la Victoire de Samothrace, la Vénus d’Arles, la Diane à la biche ou Zeus, il était devenu l’empereur de Septimanie .

Une Montpelliéraine n’en revenait pas, j’ai de suite téléphoné à tout le monde, ça m’a fait quelque chose,…. lire la suite sur L’Indépendant.com.

Maintenant se pose la question qui prendra sa place ? Tant critiqué, mais toujours présent pour que cette région reste à gauche. La succession est lourde c’était un tribun qui par sa verve et son savoir en imposait !

Hélène Mandroux dans un livre «Maire Courage» à paraître le jour des obsèques de Georges Frêche et préfacé par Martine Aubry règle ses comptes avec l’empereur de Septimanie devenu son pire ennemi lors des régionales. Au cabinet du maire on assure qu’aucune décision n’est prise, on attend le retour d’Hélène Mandroux du Japon. Pour l’éditeur on ne peut rien arrêter. Dans ce livre à la sortie malencontreuse, mais pouvait-on prévoir la mort de Georges Frêche ? Hélène Mandroux dresse le portrait d’un homme intelligent qui a régné sur la peur, de ses réactions, de ses insultes, et de ses humiliations. 

Malgré cela, c’était à la fois un Mitterrand pour la grandeur de ses réalisations, un Gaulliste pour son réalisme, un socialiste pour son amour des autres, mais un pédant.