Gemonsen, le pays où le mensonge n’existe pas / Episode 12

 

Résumé des épisodes précédents

 

 

Gemonsen,  un pays où le mensonge n’existait pas. Dans ce pays idyllique, tout le monde était reconnu à sa juste valeur car personne ne trichait sur ses véritables capacités. Les situations devenaient jamais houleuses à Gemonsen car la vérité éclatait avant même que les rouages de la machine humaine ne s’envenimaient. En même temps, la modération et la retenue n’étant pas de ce monde, il fallait une police inhumaine pour garantir la sécurité de tout à chacun. Autre problème, les habitants des  pays qui entouraient Gemonsen, avaient en eux le vice du mensonge. Et Gemonsen devait se protéger de ces esprits différents et en même temps les pays voisin de ses propres habitants.  Pour se couper du monde et de ses perversités, Gemonsen vivait sous une sorte de cloche géante et transparente.

 

Cet étrange phénomène n’était pas le fruit d’un écart Divin, mais d’un homme ou plutôt d’une génération d’hommes : les Gan Tso. Dix générations plus tôt, Maître Gan Tso avait réussi, à polluer les nappes phréatiques du pays de manière à endormir la cellule du cerveau à l’origine du mensonge. Il devint ainsi facile pour lui de les manipuler et de créer un empire, l’homme franc étant une proie facile et sans défense pour l’homme menteur.

Mais quelqu’un était en train de gripper cette superbe machination, cette indéfectible supercherie qui avait traversé les siècles. Les robots soldats venaient de l’identifier : Chris99. Il avait réussi à braver les systèmes de sécurité de la cité où le mensonge n’existe pas, à la stupeur du dictateur Jin Gan Tso. Jin avait un fils prénommé Min qui prendrait, à la mort de son père, les rênes du pays.

L’androïde préféré de Min Gan Tso, libérée pendant quelques instants de la présence de son maître, était en train de se connecter à son ordinateur. Elle attendait ce moment depuis si longtemps…    

Pendant ce temps, alors que Min tentait de « prendre l’air », il croisa son père et comme à chaque fois, la discussion tourna mal. Son père en vint aux mains. A l’issue d’une « discussion » musclée, Min se laissa  convaincre qu’il avait laissé sa copine androïde seule un peu trop longtemps et qu’il fallait peut-être penser à rejoindre ses pénates.

Trop tard, à 500 km de là, Chris99 réceptionna le code d’accès que l’androïde (surnommée Nathalie), venait de lui transmettre au péril de sa vie (de robot). Malheureusement, dès que Chris99 se connecta, une pluie de robots débarqua dans son immeuble. Il avait essayé de violer l’accès au réseau des Gan Tso, mais pris à son propre piège, c’est lui qui fut repéré par les Gan Tso.

Dans une course poursuite infernale pour échapper aux robots soldats, un de leurs rayons laser arrêta sa cavale pour le dévier, alors que le fugitif tentait de sauter d’un immeuble à l’autre, vers un toit pourri qu’il traversa comme une pierre. Blessé, mais vivant, il venait de pénétrer, bien à son insu, dans un vieux grenier squatté par un clochard.

Endroit méconnu des soldats robots, Chris99 trouva  finalement que ce squatte tombait à pic et même que « Cloclo » le clochard pourrait faire un bon équipier.

Un certain nombre d’habitants avaient rallié la cause de Chris99. Parmi eux, Andrea. Le problème était que les adhérents du club que Chris99 avait fondé se heurtaient à un conformisme de la plupart des habitants, dicté par la propagande des Gan Tso depuis des générations, à l’instar d’Andrea dont le mari ne voyait pas d’un bon œil la dernière « lubie » de sa femme.

Andrea, en se rendant à son club « Chris99 number 2 », repensait au Préambule en tête du « livre vert ». Le « livre vert » était l’ouvrage de référence, rédigé par Arsen expliquant  les origines de Gemonsen et les règles de morale que devait respecter la population (Préceptes). On pouvait lire dans ce Préambule que Gemonsen était née selon l’idée d’un informaticien génial qui, autour de pays qui se battaient à feu et à sang,  voulut préserver l’exception de pacifisme de la cité, en faisant administrer le pays par un ordinateur (Arsen) et en l’emmurant pour le protéger de toutes velléités humaines et voisines.

Lors de cette réunion, le Président de séance informa les adhérents de la disparition de Chris99 et leur rappela qu’il avait demandé, dans un dernier message, à son réseau de « fidèles » de révéler le nom de personnes qu’ils considéraient comme différentes de la norme ou pourvus d’un handicap.

Toujours réfugié dans le squat (qu’il avait découvert à son insu en tentant se semer les robots soldats), Chris99 rappelait à Cloclo le plan qu’il avait mis en œuvre pour pénétrer dans le palais englouti où vivaient les Tso. Plus le délai approchait, plus Cloclo appréhendait.

Fin du résumé des épisodes précédents


 

•-          Mais, je te l’ai déjà dit Cloclo, ils ne m’ont pas tué.

•-          Quand tu m’appelles « Cloclo », c’est que t’es sérieux. Et si t’es sérieux, c’est que t’as peur pour moi. Ils t’ont pas tué, ça veut pas dire qu’ils n’ont pas essayé.

•-          Ca veut dire qu’ils voulaient m’arrêter, mais pas me tuer !

•-          Et comment tu peux en être si sûr, monsieur « Je sais tout ».

•-          J’ai intercepté un message de Gin Gan Tso adressé à la flotte de robots soldats, répondit du tac au tac Christophe pas peu fier de cette issue de secours tombée du ciel, disant « laisser Chris99 en vie ».

•-          Ah bon, et t’as pas de preuve, bien sûr !

•-          Si, dès que j’aurai réussi à renouer le contact avec Ali, je devrais retrouver le message que j’ai intercepté.

 

 

Cloclo se détendit et son teint blanchard qui tranchait avec la couleur rougeâtre qui sciait aux individus épris du même vice, s’effaça au profit de ses teintes originales.   Sa conscience était en permanence balancée entre la volonté de se contenter de la somme d’argent que lui avait déjà donnée Christophe, en guise d’acompte (argent qu’il n’aurait jamais espéré, jusque là, « gagner » en plusieurs années d’aumone), et le véritable pécule qui l’attendait, à l’issue de  la mission. Mais pour en profiter, il ne fallait pas croupir toute une vie dans une prison, ou à trépas au fond d’un trou.

Christophe réussi à installer Ali sur l’ordinateur posé sur un bureau de fortune concocté par son partenaire. C’était loin pourtant loin d’être acquis vu les péripéties qu’avait traversés la petite carte, depuis l’escapade de Christophe. Il ne put contenir un « YES » sonore qui une fois de plus sema la panique chez leurs amis les rats.

 

•-          Elles sont vraiment trop sensibles tes bestioles, protesta Christophe.

•-          C’est toi. Tu dis jamais rien, d’habitude. Et là, tu cris. Ils sont pas habitués. Préviens-les !

•-          Je cris parce que je suis content.

•-          Ouais, ben ca les surprend les petites bêtes, toi qui est toujours tendu.

•-          Soyez cool, les rats, fit Christophe en se tournant vers un des gros attroupements de rongeurs, je suis détendu.

 

Les rats qui venaient de s’agiter dans tous les sens, quelques instants avant, repartirent tranquillement à leur labeur. Cloclo n’en revint pas.

 

•-          Putain, tu leur parles. Tu parles aux rats.

•-          Allez, lâche-moi avec tes bestioles !

•-          Mais, c’est super. Tu te rends comptes.

•-          Pas trop, mais ça a l’air de te faire plaisir.

•-          Mieux que ça. Tu es un frère maintenant. La mission, je la ferai, je la réussirai, même si tu me files plus de pognon. A la vie, à la mort. Tu vas voir, on va leur damer le pion à ses siphonés du bocal.

•-           Bien dit !

•-          Allez Christophe, bon Dieu, reparle-moi du plan. C’est quoi le plan, bon Dieu !!!!

•-          Bon. Dans exactement, une semaine…

 

…CONNEXION ETABLIE … J L …

 

…SALUT MON GARS§ $^*ù*…

 

…ENCORE VIVANT ?. -(-è» »..

 

…C’EST QUI CELUI LA ?.àà@@@..

 

Fffffiouuuu, je crois qu’Ali en a pris un bon coup sur la tête, pensa Christophe. J’espère qu’il n’y a rien de grave.

 

•-          C’est Cloclo, un ami.

 

Cloclo sourit.

 

•-           Je t’expliquerai, Ali. Bon, ma messagerie, STP. J’attends des messages. Urgent.

 

MESSAGERIE DISPONIBLE

 

•-          C’est bon, il est toujours opérationnel, souffla Christophe.

 

Christophe parcourut avec une attention extrême tous les messages que les Présidents de clubs lui  avaient communiqué. Il fut un tri sur l’objet BIZ (code convenu, diminutif de « bizarre ») et apprécia à sa juste valeur le travail d’enquête des Présidents, rendu possible uniquement par les précieux témoignages des adhérents. Christophe cherchait le maillon faible de la dynastie. Il y en avait un, c’était sûr. Chaque organisation, chaque système, chaque individu a ses forces et ses faiblesses. Les Tso ne faisaient pas exception à la règle. Christophe avait bien une vague idée sur la question, une espèce de ressenti, mais il fallait étayer cette réflexion, la vérifier, la prouver et en faire après la démonstration au fils Tso, lorsqu’il pénétrera dans le palais englouti. Si ce que pensait Chris99 était vrai, Min Gan Tso était une effroyable victime de la crapuleuse machination montée par son père. Il avait besoin de témoignages allant dans le sens de ce pressentiment pour poser la première pièce du puzzle.

 

***