Gemonsen, le pays où le mensonge n’existait ps / Episode 15

 

Résumé des épisodes précédents

Gemonsen,  un pays où le mensonge n’existait pas. Dans ce pays idyllique, tout le monde était reconnu à sa juste valeur car personne ne trichait sur ses véritables capacités. Les situations devenaient jamais houleuses à Gemonsen car la vérité éclatait avant même que les rouages de la machine humaine ne s’envenimaient. En même temps, la modération et la retenue n’étant pas de ce monde, il fallait une police inhumaine pour garantir la sécurité de tout à chacun. Autre problème, les habitants des  pays qui entouraient Gemonsen, avaient en eux le vice du mensonge. Et Gemonsen devait se protéger de ces esprits différents et en même temps les pays voisin de ses propres habitants.  Pour se couper du monde et de ses perversités, Gemonsen vivait sous une sorte de cloche géante et transparente.

Cet étrange phénomène n’était pas le fruit d’un écart Divin, mais d’un homme ou plutôt d’une génération d’hommes : les Gan Tso. Dix générations plus tôt, Maître Gan Tso avait réussi, à polluer les nappes phréatiques du pays de manière à endormir la cellule du cerveau à l’origine du mensonge. Il devint ainsi facile pour lui de les manipuler et de créer un empire, l’homme franc étant une proie facile et sans défense pour l’homme menteur.

Mais quelqu’un était en train de gripper cette superbe machination, cette indéfectible supercherie qui avait traversé les siècles. Les robots soldats venaient de l’identifier : Chris99. Il avait réussi à braver les systèmes de sécurité de la cité où le mensonge n’existe pas, à la stupeur du dictateur Jin Gan Tso. Jin avait un fils prénommé Min qui prendrait, à la mort de son père, les rênes du pays.

L’androïde préféré de Min Gan Tso, libérée pendant quelques instants de la présence de son maître, était en train de se connecter à son ordinateur. Elle attendait ce moment depuis si longtemps…   

Pendant ce temps, alors que Min tentait de « prendre l’air », il croisa son père et comme à chaque fois, la discussion tourna mal. Son père en vint aux mains. A l’issue d’une « discussion » musclée, Min se laissa  convaincre qu’il avait laissé sa copine androïde seule un peu trop longtemps et qu’il fallait peut-être penser à rejoindre ses pénates.

Trop tard, à 500 km de là, Chris99 réceptionna le code d’accès que l’androïde (surnommée Nathalie), venait de lui transmettre au péril de sa vie (de robot). Malheureusement, dès que Chris99 se connecta, une pluie de robots débarqua dans son immeuble. Il avait essayé de violer l’accès au réseau des Gan Tso, mais pris à son propre piège, c’est lui qui fut repéré par les Gan Tso.

Dans une course poursuite infernale pour échapper aux robots soldats, un de leurs rayons laser arrêta sa cavale pour le dévier, alors que le fugitif tentait de sauter d’un immeuble à l’autre, vers un toit pourri qu’il traversa comme une pierre. Blessé, mais vivant, il venait de pénétrer, bien à son insu, dans un vieux grenier squatté par un clochard.

Endroit méconnu des soldats robots, Chris99 trouva  finalement que ce squatte tombait à pic et même que « Cloclo » le clochard pourrait faire un bon équipier.

Un certain nombre d’habitants avaient rallié la cause de Chris99. Parmi eux, Andrea. Le problème était que les adhérents du club que Chris99 avait fondé se heurtaient à un conformisme de la plupart des habitants, dicté par la propagande des Gan Tso depuis des générations, à l’instar d’Andrea dont le mari ne voyait pas d’un bon œil la dernière « lubie » de sa femme.

Andrea, en se rendant à son club « Chris99 number 2 », repensait au Préambule en tête du « livre vert ». Le « livre vert » était l’ouvrage de référence, rédigé par Arsen expliquant  les origines de Gemonsen et les règles de morale que devait respecter la population (Préceptes). On pouvait lire dans ce Préambule que Gemonsen était née selon l’idée d’un informaticien génial qui, autour de pays qui se battaient à feu et à sang,  voulut préserver l’exception de pacifisme de la cité, en faisant administrer le pays par un ordinateur (Arsen) et en l’emmurant pour le protéger de toutes velléités humaines et voisines.

Lors de cette réunion, le Président de séance informa les adhérents de la disparition de Chris99 et leur rappela qu’il avait demandé, dans un dernier message, à son réseau de « fidèles » de révéler le nom de personnes qu’ils considéraient comme différentes de la norme ou pourvus d’un handicap.

Pendant ce temps, Chris99 avait peaufiné le plan d’invasion du palais englouti des Gan Tso. En d’autres termes, le coup d’Etat était prêt. Et surtout, il avait réussi enfin à rétablir la communication avec Ali, son programme super intelligent.

Du côté des Gan Tso, la montée inexorable du contre-courant personnalisé par Chris99 et ses clubs dont on comptait une création chaque semaine, commençait à leur miner le moral. A tel point que pour la première fois de sa vie, le dictateur Jin Gan Tso, sorti du palais pour respirer l’air pur. Il s’aventura jusqu’à une zone aux caractéristiques florales équatoriales, mais tomba dans une fosse (un piège à éléphant), dont il fut extirpée, inconscient, par une tribu d’autochtones. Alors qu’il venait de reprendre connaissance, il s’aperçût, avec stupeur, que les indigènes lui avaient donné, à son insu… de l’eau !

Suffisamment grimé pour être méconnaissable des personnes qui auraient vu l’avis de recherche placardé dans la cité (à peu près tous les habitants « sauf les aveugles, bien-entendu »), Chris s’autorisa une petite sortie, avec son ami Cloclo… et dans un restaurant, s’il vous plait. La lutte fut acharnée pour que Cloclo ne succombe pas au verre d’alcool de trop, d’autant plus tentant pour le clochard, qu’il pensait, fort légitimement, que ça pouvait être le dernier.

Le lendemain, destination le palais englouti, refuge des Gan Tso.

Fin du résumé des épisodes précédents



Chris99 consulta sa montre en se disant que Cloclo, paré du code génétique de Chris99, n’allait pas tarder à entrer dans la zone de détection d’intrus qui entourait le palais englouti. La mini interface, sensée vibrer lorsque que Cloclo serait pris en chasse par les robots soldats, s’agita dans la poche portefeuille de sa combinaison. Cette fois, ça y est. Cloclo est en train de courir en sens inverse pour attirer les robots soldats. Vu la distance qui séparait l’évacuation des robots-soldats de l’emplacement actuel de Cloclo, ce dernier  tiendrait bien quinze minutes, une demi-heure maxi. L’objectif était que Cloclo conserve son casque,  donnant l’illusion aux robots soldats de poursuivre Chris99, le plus longtemps possible pour éloigner les robots soldats du palais englouti. Après, Cloclo devrait s’en débarrasser et se cacher dans l’épaisse végétation qui avoisinait le palais des Gan Tso. Chris99 avait donc peu de temps pour intervenir car dès que les robots soldats auraient vent de la supercherie, l’alerte risquerait d’être donnée alors, à l’intérieur du palais. Il fallait donc prendre la main sur l’ordinateur central avant que le pot aux roses ne soit découvert.Le compte à rebours venait de commencer, mais Chris99 n’avait toujours pas trouvé la bouche d’aération qu’il devait traverser pour se glisser dans le palais. Un moment, il pensait se trouver au dessus de la bouche attendue, mais en marchant sur la grille d’entrée d’air, comprit qu’il ne pouvait pas y passer plus qu’une jambe. Le plan de Nathalie était précis, mais elle n’avait pas non plus inspecté et mesurer toutes les bouches d’aération du palais. Tout au plus, en fonction des pièces qu’elles reliaient, elle en avait estimées la largeur. Chris99 se détendit : enfin à proximité d’une bouche dont la largeur autorisait son intrusion. Il découpa la grille avec une pince qui, à elle seule, justifiait presque tout le poids de son sac à dos, la plia comme il put. Ensuite, il la jeta entre les pales de la turbine qui tournait certes lentement, mais dont les angles saillant feraient un accueil aux jambes de Chris99 quand elles arriveraient à leur portée, dont il pouvait se passer.

Comme prévu, au contact de la grille torsadée, l’hélice arrêta sa course.   Chris99 constata, avec soulagement, que la calle de fortune qu’il avait bricolée avait tenu bon. Il descendit tout doucement le long de la bouche d’aération. Ses mains activaient et désactivaient les ventouses électromagnétiques au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans le tunnel. Chris99 arriva au niveau de la turbine et il prit conscience que l’espace entre les pales qu’il avait espérées suffisamment larges pour qu’il puisse s’y infiltrer, était en fait un peu trop étroit. Il réussit à passer sans trop de dégâts ses jambes. Mais, malgré la souplesse et l’aisance de Chris99, les épaules résistaient, incapables de se frayer un chemin.

Il se résolut alors à remonter de quelques centimètres, pour se retrouver au dessus de l’hélice afin d’en fendre une partie avec sa découpe laser. Il fit marche arrière, non sans regret, à la manière d’un escaladeur qui après avoir jeté ses dernières forces dans un surplomb, s’aperçoit qu’il a dévié de sa trajectoire. A destination, il sorti de son sac à dos le laser dans un équilibre instable, oubliant quelque peu que sa station horizontale reposait sur les quelques centimètres qui reliaient l’extrémité de ses pieds aux deux ventouses électromagnétiques. Soudain, Chris99 glissa et dans un geste réflexe, se raccrocha à une des pales. Ses jambes étaient dans le vide et ses mains s’agrippaient désespérément aux pales de l’hélice dont le craquement laissait entendre que ce fil auquel la vie de Chris99 était pendue ne tiendrait pas éternellement. Il sentit l’hélice à deux doigts de décrocher et se projeta à l’aide d’un coup de rein, dont seule Nathalie connaissait la valeur, contre la paroi de la bouche pour se saisir des deux poignées électromagnétiques. Malheureusement, il ne put en saisir qu’une sur les deux, alors que la grosse turbine, chahutée par les acrobaties de Chris99, se libera de tout support pour  tomber dans la bouche, comme une pierre, précédant d’une seconde Chris99, forcé de lâcher prise. Une sorte de course poursuite infernale de quelques secondes interminables entre l’hélice et Chris99 se termina sur un tas de linge sale.

Chris99 gisait sur par terre, mort ou inconscient. Un des rares robots soldats postés dans le palais, fut alerté par le vacarme qui venait de la lingerie et trouva Chris99 emberlificoté dans des rideaux. Le sang qui gisait de son pied meurtri par l’hélice affutée, tranchait avec la blancheur immaculée des rideaux.         

3 réflexions sur « Gemonsen, le pays où le mensonge n’existait ps / Episode 15 »

  1. Je viens juste en passage, là pas le temps, mais je le lirai demain (je finis à 14h alors j’aurai tout mon temps !)
    Salut !
    Gosseyn

  2. Ah ! Super ! Et bien ça fait du bien de vous lire Bobby ! On a réussi ! Ou plutôt Gosseyn a réussi ! Et vous pourriez créer le personnage de Gosseyn, androÏde allié, celui qui aiderait Christ à s’évader ? Vous avez déjà votre idée ? Alors alors, Christ99 va être prisonnier ?

  3. Nathalie, je crois me souvenir d’un Gosseyn, ou Gosseynet, je ne sais plus trop, dans la famille d’Andrea…. son fils je crois ! Il faudrai que Boby nous le confirme, s’il s’en souvient aussi.
    Très bien en tout cas, mais trop court, snif ! 🙁
    La suite ! Vite ! Héhé 😀

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