Gemonsen, le pays où le mensonge n’existait pas / Episode 10

 

Résumé des épisodes précédents

Gemonsen,  un pays où le mensonge n’existait pas. Dans ce pays idyllique, tout le monde était reconnu à sa juste valeur car personne ne trichait sur ses véritables capacités. Les situations devenaient jamais houleuses à Gemonsen car la vérité éclatait avant même que les rouages de la machine humaine ne s’envenimaient. En même temps, la modération et la retenue n’étant pas de ce monde, il fallait une police inhumaine pour garantir la sécurité de tout à chacun. Autre problème, les habitants des  pays qui entouraient Gemonsen, avaient en eux le vice du mensonge. Et Gemonsen devait se protéger de ces esprits différents et en même temps les pays voisin de ses propres habitants.  Pour se couper du monde et de ses perversités, Gemonsen vivait sous une sorte de cloche géante et transparente.

Cet étrange phénomène n’était pas le fruit d’un écart Divin, mais d’un homme ou plutôt d’une génération d’hommes : les Gan Tso. Dix générations plus tôt, Maître Gan Tso avait réussi, à polluer les nappes phréatiques du pays de manière à endormir la cellule du cerveau à l’origine du mensonge. Il devint ainsi facile pour lui de les manipuler et de créer un empire, l’homme franc étant une proie facile et sans défense pour l’homme menteur.

Mais quelqu’un était en train de gripper cette superbe machination, cette indéfectible supercherie qui avait traversé les siècles. Les robots soldats venaient de l’identifier : Chris99. Il avait réussi à braver les systèmes de sécurité de la cité où le mensonge n’existe pas, à la stupeur du dictateur Jin Gan Tso. Jin avait un fils prénommé Min qui prendrait, à la mort de son père, les rênes du pays.

L’androïde préféré de Min Gan Tso, libérée pendant quelques instants de la présence de son maître, était en train de se connecter à son ordinateur. Elle attendait ce moment depuis si longtemps…    

Pendant ce temps, alors que Min tentait de « prendre l’air », il croisa son père et comme à chaque fois, la discussion tourna mal. Son père en vint aux mains. A l’issue de la « discussion », Min se laissa  convaincre qu’il avait laissé sa copine androïde seule un peu trop longtemps et qu’il fallait peut-être penser à rejoindre ses pénates.

Trop tard, à 500 km de là, Chris99 réceptionna le code d’accès que l’androïde (surnommée Nathalie), venait de lui transmettre au péril de sa vie (de robot). Malheureusement, dès que Chris99 se connecta, une pluie de robots débarqua dans son immeuble. Il avait essayé de violer l’accès au réseau des Gan Tso, mais pris à son propre piège, c’est lui qui fut repéré par les Gan Tso.

Dans une course poursuite infernale pour échapper aux robots soldats, un de leurs rayons laser arrêta sa cavale pour le dévier, alors que le fugitif tentait de sauter d’un immeuble à l’autre, vers un toit pourri qu’il traversa comme une pierre. Blessé, mais vivant, il venait de pénétrer, bien à son insu, dans un vieux grenier squatté par un clochard.

Endroit méconnu des soldats robots, Chris99 trouva  finalement que ce squatte tombait à pic et même que « Cloclo » le clochard pourrait faire un bon équipier.

Un certain nombre d’habitants avaient rallié la cause de Chris99. Parmi eux, Andrea. Le problème était que les adhérents du club que Chris99 avait fondé se heurtaient à un conformisme de la plupart des habitants, dicté par la propagande des Gan Tso depuis des générations, à l’instar d’Andrea dont le mari ne voyait pas d’un bon œil la dernière « lubie » de sa femme.

Andrea, en se rendant à son club « Chris99 number 2 », repensait au Préambule en tête du « livre vert ». Le « livre vert » était l’ouvrage de référence, rédigé par Arsen expliquant  les origines de Gemonsen et les règles de morale que devait respecter la population (Préceptes). On pouvait lire dans ce Préambule que Gemonsen était née selon l’idée d’un informaticien génial qui, autour de pays qui se battaient à feu et à sang,  voulut préserver l’exception de pacifisme de la cité, en faisant administrer le pays par un ordinateur (Arsen) et en l’emmurant pour le protéger de toutes velléités humaines et voisines.

Andrea était en train de penser à Chris99 en se rendant au « club ».


 

Andrea ne connaissait qu’une partie du discours de Chris99. Comme tous les autres gemonseniens qui répondaient aux invitations d’ouvertures d’esprit de Chris99, elle avait une étrange impression en écoutant « l’homme venu de l’autre monde » comme il était souvent appelé. Une part de lumière qui s’échappait du discours et d’ombre, tel un nuage menaçant, survolant sa raison. Les propos de Chris99 dépassaient l’entendement, mais pourtant l’attiraient irrémédiablement.

La confiance d’Andrea, sans connaître tous les tenants et aboutissants de ses déclarations, sans même être persuadé que Chriss99 n’œuvrait pas pour le compte d’autrui ou pour un intérêt moins généreux qu’il n’y paraissait, reflétait l’état d’esprit général des gemonseniens qui avaient choisi de prêter une oreille au discours envoutant de Chris99. A Gemonsen, tout le monde se faisait confiance. Donc, une personne qui vous dit « venez voir de l’autre côté du pays, vous élargirez votre ouverture d’esprit. Ouvrez les yeux ! Vous êtes dans une prison dorée », on l’écoutait. Après, on s’intéressait, ou on était indifférent, mais jamais on ne doutait. Et puis de mémoire de gemonsenien, on n’avait jamais vu d’êtres s’adresser aux gens pour leur parler de valeurs, d’esprit critique, de liberté.

La réflexion existait, mais était coincée dans un carcan que Chris99 venait de fissurer. D’autant que Chris99, quand il d’adressait à vous, dégageait quelque chose, un parfum, une présence, une impression de subtile et d’évident, de léger, et d’absolu. Chris99 n’avait pas besoin de sa voix et de discours fleuves pour sensibiliser la foule. Il nageait, on flottait. Il marchait, on le suivait. Il ouvrait les bras, on embrassait le monde.

Andrea arriva quelques minutes avant le démarrage de la réunion bihebdomadaire. Après un sourire complice, elle s’installa à côté de son amie qui l’avait initié au club « Chris99 number 2 ». « Number 2 »  comme le numéro de canton où vivait Andrea.

Le président du club, s’apprêtait, comme à son habitude, à ouvrir la réunion par quelques chiffres et un ordre du jour.

•-          Avant d’introduire la séance comme habituellement, je voulais vous faire part de l’information suivante relayée par tous les clubs « Chris99 ». Depuis 24 heures, nous sommes sans nouvelles de Chris99 connecté et émettant habituellement en permanence. Il y a des raisons d’être inquiet car il était, ces temps ci, sur une mission dangereuse (connue de lui seul). Au terme se son succès, cette « opération » aurait balisé d’une manière indélébile le chemin vers le but ultime qui obsède tous les gens réunis ici : la découverte de l’autre monde. Mais les choses semblent se compliquer.

Le président attendit la fin des réactions emprunts de surprise et de déception, pour continuer.

•-          Je me permets par la même occasion de rappeler aux nouveaux-venus dans notre club (que je salue au passage), le principe de nos réunions hebdomadaires.

Les adhérents concernés se levèrent et se présentèrent après y avoir été invités.

•-          Je ne sais pas, poursuivit Bob (le président), comment vous avez été amené à vous joindre à nous. Peut-être connaissez-vous tout de nos objectifs, de notre mode d’actions et de pensée grâce notamment au site internet du club qui emporte un franc succès? Mais pour ceux qui se sont inscrits au pied levé, par l’entremise du bouche à oreille, je vous rappelle qu’un être hors du commun, venu  de l’autre monde, souhaite nous ouvrir les portes de cet autre monde. Cet  homme, qui se fait donc appeler Chris99, nous a fait prendre conscience, à toutes les personnes se trouvant dans cette salle et aux milliers d’autres gravitant autour de son réseau, que nous vivions dans une prison dorée et qu’il pourrait nous aider à en sortir.

Bob, but une gorgée d’eau et après une expiration un peu bruyante, reprit.

•-          Si nous arrivions un jour à briser le mur, nous pourrions nous affranchir de la citée de Gemonsen (que Chriss99 considère comme une prison), même si nous risquons de perdre à jamais (pour reprendre l’expression de notre homme), «la poudre d’or qu’Arsen sème sur nos têtes depuis nos origines ».

Un nouveau venu demanda :

•-          Qu’est ce qu’il attend de nous ?

•-          En fait répondit, Bob, Chriss99 pense qu’il faut qu’il y ait le plus de gemonseniens possibles qui prennent de la hauteur sur leur statut de citoyen et qui se posent des questions sur leurs droits et leurs devoirs, même si cela doit passer par une remise en cause des Préceptes.

Les adhérents se regardèrent gênés, presque apeurés, à l’idée de renoncer aux principes majeurs de leur constitution, au fil de conducteur de leur éducation, à la moelle épinière de leur référent éthique et moral.

•-          Et après, continua l’interlocuteur, qu’est-ce que ça va changer ?

•-          Selon lui, ça pourrait influencer Arsen, enrayer la « machine ».

•-          Arsen est virtuel. C’est un programme ?! renchéri une autre adhérente, dont l’intonation laissait le doute entre interrogation et affirmation. Un programme super intelligent, certes, mais juste quelques lignes de codes. Rien de plus.

•-          C’est une façon pragmatique de voir les choses…

Bob chercha une réponse. Un blanc pesant mêlé à un auditoire devenu soudain attentif s’installa, avant que le président avoue avec fatalisme :

•-          ….Là s’arrêtent mes possibilités d’analyse et de réflexion. Je suis d’accord avec vous. Arsen est un programme qui s’autogère et je ne comprends, pas plus que vous, comment agir sur lui. Mais le fait est que c’est lui qui commande les robots soldats, et ce sont eux qui nous empêchent de voir ce qu’il y a l’autre côté du mur de la Raison. Donc, la clé s’appelle Arsen.

Retour du brouhaha.

•-          Ah, une dernière chose avant que notre secrétaire nous présente ses belles statistiques, je rappel pour les anciens et attire l’attention des nouveaux, que Chris99, avant de disparaitre de la circulation, nous avait laissé au message qui répondra peut-être au désir d’action, d’ailleurs légitime, manifesté par…

Tout le monde se tourna vers le jeune homme qui s’était demandé ce que Chris99 attendait des adhérents.

•-          … Jérémy, fit-il.

•-          … Manifesté par notre ami Jérémy.

•-          Chriss99 souhaite que tous les adhérents (vous) qui connaitraient une personne étrange, handicapée, à part, spéciale, en fassent part aux président des clubs en précisant les coordonnées des personnes si possible, voir de fournir des éléments permettant de les identifier (cheveux, empreinte…). Là encore, je ne connais pas son plan.

Agitation dans l’auditoire

•-          Mais, si vous voulez mon sentiment continua Bob, inflexible, je croîs que Chriss99 cherche le grain de sable dans ce rouage parfaitement huilé qui rythme la vie des gemonseniens et des gemonseniennes.

Le secrétaire commençait à s’agiter autour de lui, à lire et relire des documents qu’il avait peut-être préparés pendant des heures, alors que le temps de parole dont il disposait désormais rapetissait à vue d’œil. Bob reçu le message 5/5.

•-          Ah toi Jimi !  Des chiffres, des chiffres !     

Une réflexion sur « Gemonsen, le pays où le mensonge n’existait pas / Episode 10 »

  1. Très bon boulot, Bob(y) (comme le président)
    Toujours aussi tendu, dans l’action !
    Efficace.
    On veut la suite !!! 🙂 🙂 🙂 🙂 🙂

    Amitiés
    Gosseyn

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