Alors que l’industrie minière tunisienne de Phosphate affiche une santé financière arrogante grâce à l’extraordinaire augmentation de ses recettes d’exportations- une augmentation des recettes elle-même due à la hausse, du simple au double, des cours mondiaux de ce minerai-, les conditions économiques et sociales des habitants de cette région, pourtant riche en cette ressource naturelle, n’a cessé de se détériorer pour déclencher une crise qui dure depuis des mois, et qui a tendance à s’étendre aux régions voisines., causant il y a deux jours une deuxième mort.

Ces soulèvements s’expliquent par le mécontentement de la population face à la pauvreté, au chômage, à la dégradation de leur environnement et à des mesures de sécurité musclées comme seules réponses du pouvoir à leurs protestations. Les habitants dénoncent aussi la corruption, et le fait que les richesses minières considérables n’aient guère amélioré la vie de la population locale.

Cette crise révèle le paradoxe d’une région riche en phosphate, contribuant à faire de la Tunisie le 5èmeproducteur mondial de phosphate et l’un des principaux exportateurs. Cette région demeure pourtant l’une des plus défavorisées du pays. Cette crise ne révèle-t-elle pas un problème de partage des richesses?

Car la région est bien une source de grandes richesses pour le pays, et depuis longtemps. Il y a 50 ans déjà, c’est avec les revenus des phosphates que la Tunisie réussit à se doter d’un complexe sportif, à Tunis, pour les Jeux Méditerranéens dans les années 1960. Aujourd’hui, la région demeure toujours une source considérable en argent :

Toutes les exportations de différents produits phosphatiers ont rapporté à la Tunisie la somme totale de 780,8 millions de dinars (661,69 millions de dollars) et on n’en est qu’aux quatre premiers mois de cette année.

Avec une telle manne, les habitants de cette région n’ont-ils pas le droit de demander qu’une plus grande part des richesses provenant des ressources naturelles de la région de Gafsa soit affectée aux services sociaux et à des programmes de développement économique qui bénéficient directement aux communautés locales ? N’est-il pas logique d’exiger de la part de cette industrie prospère un plan de développement durable visant à protéger l’environnement et à bénéficier aux communautés locales ? Et si cela a déjà été réalisé, où sont alors les résultats ?

Les ressources naturelles peuvent être une source d’immenses bienfaits….ou de mauxépouvantables. Le c?ur du problème n’est pas la ressource elle-même mais la manière dont elleest exploitée. Un régime minier ordonné, opérant dans un cadre législatif et budgétairetransparent et prévisible, peut être une source majeure de prospérité pour le gouvernement et lapopulation. Faute de cela, la richesse minérale… agira comme un aimant attirant les cupides etles corrompus qui se rempliront les poches aux dépens de la population.Nicky Oppenheimer, Président, De Beers. Discours au Commonwealth Business Forum, novembre 1999

Avec le problème de partage des richesses, se pose celui de la gouvernance et de transparence. Une des sources de colère des habitants de la région sont les faits de favoritisme qui ont caractérisé le dernier processus de recrutement à la Compagnie de Phosphate de Gafsa. Les habitants ont réclamé ces emplois, qui ont bénéficié à des candidats venant d’autres régions, comme un droit, estimant à juste titre que les recrutements doivent se produire sans fraude, et que ces opportunités doivent d’abord bénéficier aux populations locales. Certains voient en cette revendication un droit légitime, d’autres une forme de régionalisme. Le fait est que toutes ces questions ne se poseraient pas, si on avait une vraie politique budgétaire, qui définit avec transparence la provenance des recettes de l’Etat, ainsi que le montant et la destination de celles-ci :

La politique budgétaire est ce mécanisme important par lequel les sociétés s’emploient à préserver la cohésion interne et l’harmonie. Elle permet de gérer les conflits par des moyens politiques plutôt que par des moyens coercitifs. De nombreuses sociétés ont mis au point des mécanismes budgétaires pour mettre en ?uvre leur modèle de justice sociale et pour maintenir l’harmonie interne — transferts entre régions, programmes de dépenses régionales, politique de redistribution des revenus et d’assurance sociale. Source

Seules la transparence et une bonne gouvernance peuvent mettre fin aux accusations, aux favoritismes, au régionalisme et aux divers déséquilibres qui caractérisent la Tunisie et ses régions. Enfin, nous apprenons aujourd’hui que le président a lancé une nouvelle initiative pour la solidarité mondiale en proposant le prélèvement d’un dollar par baril de pétrole pour accroître les ressources d’un Fonds Mondial et les consacrer à la lutte contre le fléau de la faim dans le monde. Bien. Commençons alors et d’abord à l’appliquer chez nous…

Le pacificateur – MEDIAPART – 13 jun 2008

Voir du même auteur : Le chômage des jeunes diplômés en Tunisie

Alors que l’industrie minière tunisienne de Phosphate affiche une santé financière arrogante grâce à l’extraordinaire augmentation de ses recettes d’exportations- une augmentation des recettes elle-même due à la hausse, du simple au double, des cours mondiaux de ce minerai-, les conditions économiques et sociales des habitants de cette région, pourtant riche en cette ressource naturelle, n’a cessé de se détériorer pour déclencher une crise qui dure depuis des mois, et qui a tendance à s’étendre aux régions voisines., causant il y a deux jours une deuxième mort.

Ces soulèvements s’expliquent par le mécontentement de la population face à la pauvreté, au chômage, à la dégradation de leur environnement et à des mesures de sécurité musclées comme seules réponses du pouvoir à leurs protestations. Les habitants dénoncent aussi la corruption, et le fait que les richesses minières considérables n’aient guère amélioré la vie de la population locale.

Cette crise révèle le paradoxe d’une région riche en phosphate, contribuant à faire de la Tunisie le 5èmeproducteur mondial de phosphate et l’un des principaux exportateurs. Cette région demeure pourtant l’une des plus défavorisées du pays. Cette crise ne révèle-t-elle pas un problème de partage des richesses?

Car la région est bien une source de grandes richesses pour le pays, et depuis longtemps. Il y a 50 ans déjà, c’est avec les revenus des phosphates que la Tunisie réussit à se doter d’un complexe sportif, à Tunis, pour les Jeux Méditerranéens dans les années 1960. Aujourd’hui, la région demeure toujours une source considérable en argent :

Toutes les exportations de différents produits phosphatiers ont rapporté à la Tunisie la somme totale de 780,8 millions de dinars (661,69 millions de dollars) et on n’en est qu’aux quatre premiers mois de cette année.

Avec une telle manne, les habitants de cette région n’ont-ils pas le droit de demander qu’une plus grande part des richesses provenant des ressources naturelles de la région de Gafsa soit affectée aux services sociaux et à des programmes de développement économique qui bénéficient directement aux communautés locales ? N’est-il pas logique d’exiger de la part de cette industrie prospère un plan de développement durable visant à protéger l’environnement et à bénéficier aux communautés locales ? Et si cela a déjà été réalisé, où sont alors les résultats ?

Les ressources naturelles peuvent être une source d’immenses bienfaits….ou de mauxépouvantables. Le c?ur du problème n’est pas la ressource elle-même mais la manière dont elleest exploitée. Un régime minier ordonné, opérant dans un cadre législatif et budgétairetransparent et prévisible, peut être une source majeure de prospérité pour le gouvernement et lapopulation. Faute de cela, la richesse minérale… agira comme un aimant attirant les cupides etles corrompus qui se rempliront les poches aux dépens de la population.Nicky Oppenheimer, Président, De Beers. Discours au Commonwealth Business Forum, novembre 1999

Avec le problème de partage des richesses, se pose celui de la gouvernance et de transparence. Une des sources de colère des habitants de la région sont les faits de favoritisme qui ont caractérisé le dernier processus de recrutement à la Compagnie de Phosphate de Gafsa. Les habitants ont réclamé ces emplois, qui ont bénéficié à des candidats venant d’autres régions, comme un droit, estimant à juste titre que les recrutements doivent se produire sans fraude, et que ces opportunités doivent d’abord bénéficier aux populations locales. Certains voient en cette revendication un droit légitime, d’autres une forme de régionalisme. Le fait est que toutes ces questions ne se poseraient pas, si on avait une vraie politique budgétaire, qui définit avec transparence la provenance des recettes de l’Etat, ainsi que le montant et la destination de celles-ci :

La politique budgétaire est ce mécanisme important par lequel les sociétés s’emploient à préserver la cohésion interne et l’harmonie. Elle permet de gérer les conflits par des moyens politiques plutôt que par des moyens coercitifs. De nombreuses sociétés ont mis au point des mécanismes budgétaires pour mettre en ?uvre leur modèle de justice sociale et pour maintenir l’harmonie interne — transferts entre régions, programmes de dépenses régionales, politique de redistribution des revenus et d’assurance sociale. Source

Seules la transparence et une bonne gouvernance peuvent mettre fin aux accusations, aux favoritismes, au régionalisme et aux divers déséquilibres qui caractérisent la Tunisie et ses régions. Enfin, nous apprenons aujourd’hui que le président a lancé une nouvelle initiative pour la solidarité mondiale en proposant le prélèvement d’un dollar par baril de pétrole pour accroître les ressources d’un Fonds Mondial et les consacrer à la lutte contre le fléau de la faim dans le monde. Bien. Commençons alors et d’abord à l’appliquer chez nous…

Le pacificateur – MEDIAPART – 13 jun 2008

Voir du même auteur : Le chômage des jeunes diplômés en Tunisie

Lire la suite : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/06/13/gafsa-en-tunisie-pourquoi-une-telle-crise.html.