Depuis plusieurs semaines, le temps politique est comme suspendu dans l’attente du fameux G20 qui démarre ; hormis les premiers plans visant à éviter les retraits d’épargnants et à garantir les opérations inter-bancaires dans le but de réamorcer la mécanique du crédit, rien de nouveau n’a été annoncé de notre côté de l’atlantique, puisque seuls les Etats Unis ont présenté le plan Geithner la semaine dernière.

 

Le vide qui règne depuis plusieurs semaines dans le traitement politique de cette crise a été occupé d’une part par les syndicats qui ont eu le mérite de permettre l’expression de notre stupeur et de notre colère et d’autre part par les médias qui nous ont permis de constater et la propagation de la crise à l’économie réelle et le désastre social que cela engendre.

 

Alors que le G20 débute force est de constater que les milliards de prêts et autres garanties octroyées aux banques n’ont pas permis d’endiguer le cercle vicieux de la crise ; tout au plus ont-ils permis un fonctionnement à minima du crédit. Certainement en tout cas ont-ils permis d’éviter le pire.

 

Les vraies questions :

 

 

J’ai été très surpris de constater d’un côté une orgie de milliards d’argent public et de l’autre un crédit qui ne vient toujours pas, et à cause de cela, notre économie et nos entreprises qui flanchent et le chômage qui augmente. J’ai cherché à comprendre et encore aujourd’hui je ne suis pas sur de tout comprendre.

 

 

J’ai trouvé une question sans réponse aujourd’hui et elle me semble pourtant essentielle avant d’envisager l’après crise. Cette question la voici :

  

 

« A combien se porte le montant du trou laissé par les banques ? »

 

 

En tant que contribuable j’aimerais beaucoup connaître la réponse à la première question. On m’a dit pendant des années que vue l’état de notre dette, mes enfants passeront leur vie à la payer, j’aimerais bien savoir si je vais aussi endetter mes petits enfants voir mes arrières petits enfants.

 

 

En tant que Citoyen encore j’aimerais connaître la réponse à cette question puisque le désastre que nous connaissons a comme origine le fait que les banques ne se prêtent plus par faute de confiance.  Tant que l’on ne connaîtra pas la taille des pertes et qu’elles ne seront pas assuré que celles-ci sont couvertes, elles ne se prêteront pas par manque de confiance.

 

 

 

De la faillite du système bancaire international :

 

 

 

Pendant un certain temps j’ai eu l’impression d’assister à la plus grande arnaque à l’argent public jamais réalisée. Alors que les Etats déclaraient soutenir les banques à coups de milliards d’euros, certaines affichaient pour 2008 des profits importants et d’autres clôturaient avec des pertes importantes, certes, mais pas de quoi attenter à leur vie, c’est en écoutant Jacques Attali sur BFM que j’ai pris conscience de ce qu’il se passait.

  

 

Il déclarait alors que les Banques avaient dans leurs comptes 3 000 Milliards de Dollars qui ne valent pour ainsi dire rien ou presque rien au regard de leur valeur d’acquisition et qu’elles n’ont pas en face les ressources pour financer un tel trou.

 

 

Les banques porteraient donc, selon Monsieur Attali, des actifs dits « toxiques » payés pour 3000 Milliards de dollars et dont personne ne connait la valeur réelle et si on l’écoute, la valeur réelle de ces actifs est de 0 ou presque au regard de leur valeur d’acquisition.

  

 

J’ai cherché à confirmer ce chiffre, je n’ai rien trouvé sur le net. J’ai le sentiment d’un secret bien gardé. Tout au plus ais-je lu ici ou là que les actifs toxiques représenteraient en Europe 3 fois les fonds propres des banques et aux Etats Unis 6 fois les fonds propres.

 

 

Je suis incapable de dire quel est le montant réel de ces actifs toxiques et je n’ai pu confirmer nulle part ce chiffre de 3000 milliards de dollars. En revanche, une certitude ; un point met tout le monde d’accord : si on prenait les fonds propres de toutes les banques du monde et qu’on les mettait sur le même compte, le montant ne suffirait pas à couvrir les pertes.

 

  

 De l’invisibilité des pertes :

 

  

La difficulté est que cette faillite n’est pas encore visible car tant que les actifs ne sont pas vendus, les pertes sont invisibles dans les comptes.

 

 

Le mécanisme est assez simple à comprendre : si demain vous achetez un appartement 150 000 euros avec un apport de 50 000, pour la location au travers d’une SCI. Dans les comptes de la SCi, vous aurez un actif de 150 000euros et au passif un prêt pour 100 000 euros et un apport en fond propre de 50 000 euros. Manque de chance, le marché s’effondre, votre maison perd 60% de sa valeur (actuellement 80% dans certaines villes des Etats Unis), elle ne vaut plus que 60 000€. Vous avez perdu 90 000€ mais dans les comptes, rien n’est perdu et vous avez l’espoir que le marché se reprenne. Votre locataire paye, le crédit se rembourse. Surtout ne pas bouger, ne rien vendre, passer entre les gouttes.

 

  

Mais bon, avec la baisse du marché est durable et vu le loyer payé, le locataire s’aperçoit que pour le même prix, il peut habiter un plus joli appartement. Il part et vous ne trouvez plus personnes pour payer le loyer nécessaire au remboursement du prêt. Vous vendez et c’est là que la SCI encaisse le perte … Vous récupérez 60 000 euros, et dans les comptes de la société, le trou   apparait pour 90 000 euros, vous n’avez plus d’argenr pour rembourser les 100 000 euros de crédit, vous êtes en faillite …

 

  

Les Banques savent que leurs actifs ne valent rien. Comme vous dans ce cas là, elles cherchent à tenir et à retarder au maximum l’apparition des pertes réelles et si possible pas tout en même temps. Le problème c’est que l’on ne parle pas d’un appartement mais de milliers de milliards de dollars. Le problème encore c’est que tant que les pertes n’apparaissent pas les autres banques auront peur et ne lui prêteront pas. Le problème enfin c’est que tant que les banques ne se prêtent pas entre elles, elle ne prêtent pas à leur clients et la crise dure !

 

  

Tant que les pertes n’apparaissent pas la crise dûre. Il y a urgence à chiffrer ces pertes et à trouver un moyen précis de les financer. Tant que l’on agitera des milliards sans connaitre la taille réelle du trou, rien n’y fera.

 

  

La question de chiffrer les pertes est donc première pour ce G20.

 

 

Conclusion :

 

  

Si je trouve les débats sur l’après crise très intéressants et en particulier ceux sur les paradis fiscaux, je reste convaincu qu’avant de discuter de ce qu’il se passera après, il faut quand même discuter de la façon dont nous allons sortir de la crise.

 

  

La complexité de la crise si importante qu’un an et demi après son apparition aux Etats Unis, le monde est incapable de chiffrer ses pertes et mieux, étant donné la complexité des produits financiers qu’elles s’échangent, les banques sont incapables de dire quelles institutions sont exposées.

 

  

Le tassement de l’activité a été si brutal qu’il semble qu’il va falloir une force gigantesque pour redémarrer le cycle de croissance. Si la mesure du gouffre que laissent les banques derrière elles n’est pas prise, nous risquons de nous enliser longtemps dans cette crise.

 

  

Pour ma part si le G20 ne m’apporte pas de réponse précise à cette question, je crains fort qu’il ne débouche que sur du Pipo.