Moussa Bakir, le second courtier ayant comparu comme témoin dans l’affaire Jérôme Kerviel, pour son implication présumée dans la fraude à la Société Générale, a déposé  plainte vendredi contre X pour "faux et usage de faux", "violation du secret professionnel", "dénonciation calomnieuse" et "diffamation"  suite à la publication, sur le site du Nouvel Observateur, d’extraits d’échanges de messageries électroniques, selon ses dires trafiqués,  entre lui et Jérôme Kerviel.

 

Rappelons qu’en janvier dernier, la Société Générale annonçait avoir été victime d’une fraude monumentale évaluée à près de 5 milliards d’euros, l’imputant à l’un de ses courtiers, Jérôme Kerviel. L’enquête ayant menée vers un présumé complice, Moussa Bakir lui aussi courtier, ce dernier a finalement été  placé, vendredi 8 février, sous le statut de témoin assisté par les juges du Parquet.

 

 Le site du Nouvel Obs avait alors publié des extraits de «chats» entre Bakir et Kerviel laissant planer un soupçon de complicité entre les deux traders. Me Scemama, avocat de Moussa Bakir, a expliqué que les échanges de messages auraient fait l’objet de falsifications de toutes sortes : "Je ne sais pas par qui ils ont été truqués, mais la méthode a été utilisée dans le temps de la garde à vue de mon client pour accréditer la thèse d'une complicité avec Jérôme Kerviel, alors que l'inverse a été démontré" dénonce l’avocat.

À titre d’exemple, des phrases auraient été supprimées, les dialogues découpés ou «volontairement attribués » au courtier Moussa Bakir ; des «smileys» et signes «lol» faisant état du ton humoristique de la conversation ont également été supprimés pour faire prendre un caractère plus sérieux et grave à l’échange. Me Scemama dénonce même des changements dans les horaires d’envoie des messages. Le Nouvel Obs s’est défendu en soutenant que les deux courtiers "savaient parfaitement ce qu'ils faisaient l'un et l'autre". 

Assez difficile de défendre sa crédibilité, en tant que journaliste, quand c’est pour la deuxième fois qu’ils sont accusés d’avoir intercepté et trafiqué une communication, après le scandale sur le sms entre Sarkozy et Cecilia. Vont-ils encore se battre farouchement pour ensuite présenter leurs excuses au plaignant ? Cela semble devenir coutume chez le Nouvel Obs qui, ces derniers temps, fait dans le sensationnalisme et les scoops montés en amateur et lancés en catastrophe sur le web, sans même avoir reçu l’aval des directeurs de la rédaction.

 

 Peut-être s’attendent-ils à recevoir l’appui de leurs collègues ; évoquant qu’une source proche du dossier avait confirmé à l’AFP l’extrait de messagerie entre Bakir et Kerviel. Bien que Kerviel aurait passé une partie de ses ordres d'achats et de ventes via la société de courtage Fimat (aujourd'hui Newedge),où travaillait Moussa Bakir, cela fait-il de lui un complice ? La thèse très incertaine du courtier ayant agi totalement  sans aide ou sans  le consentement implicite de sa hiérarchie  reste à démontrer, mais entre-temps nul n’est coupable jusqu’à preuve du contraire. D’autant plus si l’accusation est basée sur une falsification. A vouloir publier des unes de presses défrayant d’incroyables scandales qui éclaboussent des citoyens, le Nouvel Observateur finira par se retrouver à sa propre une.