François Hollande et le parti socialiste que l’on n’entend pas.

La tactique du silence, ou le silence du soutien sans envie ?

François Hollande a gagné aisément la primaire socialiste, il est donc le candidat de ce parti pour 2012. C’était la première étape pour un socialiste puisqu’aucuns d’entre eux n’étaient en position de faire valoir son leadership, et ce que le PS à fait dans cette primaire est tout à fait honorable. Voila maintenant François Hollande confronté à la France qu’il doit convaincre, c’est autre chose que des socialistes à combattre, c’était finalement aisé si l’on y pense, mais Sarkozy avec sa position de président, dont il sait tirer profit, et que rien n’arrête, avec son parti de combat derrière lui, ce n’est plus la même chose. Il était logique qu’après avoir été désigné par les Français qui se sentaient impliqués par cette primaire, qu’il marque une période silence pour constituer son équipe et mettre en place sa stratégie de combat. Cette position plébiscitée lui a donné une avance conséquente sur Sarkozy en termes de sondages puisque il frôlait 62 % d’opinions favorables, lui laissant du temps pour se préparer. Seulement, s’est imposé à lui, par le G 20 la contre attaque Sarkozyenne+ Obama, avec Merkel et le FMI, le problème de la zone euro vis à vis de la Grèce, de l’Italie, et vis à vis de notre crédibilité eu égard aux agences de notation qui nous mettent sous surveillance, et menaçant de dégrader officiellement notre «triple A», bien qu’implicitement c’est fait puisque notre différentiel avec l’Allemagne «le spread», s’est creusé de 190 points ce matin. Parmi les pays triple A, la France est celui qui présente les fondamentaux économiques et les perspectives des finances publiques les moins bons. Il n’est dont plus question de politique intérieure, ou Sarkozy a perdu toute crédibilité et est rejeté. Son dernier plan d’austérité ne fait qu’aggraver notre déficit par une croissance nulle sans pour autant réduire comme espéré notre dette, c’est divergent. Sans croissance les recettes fiscales s’écroulent, mais pas les frais de la charge de l’État, et de ses administrations et autres obligations, de sorte que rien ne garantit que de l’argent rentrera, autant que souhaité, pour réduire la dette. C’est le second plan de relance en peu de temps, et le président PS de la commission des finances Jérôme Cahusac va même jusqu’à en prédire un troisième plan qui ne fait que confirmer que l’austérité qui en résulte n’est pas la solution.

Alors pour faire des économies de l’ordre de 250 millions c’est la chasse à la fraude des arrêts de maladie. Le délai de carence est poussé pour le privé à 4 jours au lieu de trois, quant aux fonctionnaires, il sera de un jour. On aurait pu penser à la réduction des inégalités, mais c’était trop espérer, cette inégalité dure depuis trop longtemps. Et puis, on sait bien qu’il est plus aisé de taxer les salariés, la catégorie sociale qui fraude et qui est assistée, que de faire la chasse aux paradis fiscaux, et à ceux qui en profitent. Le Canard enchaîné titre, «Salauds de malades». Il faut bien voir que selon le gouvernement, ils sont tous des fraudeurs.

Dans ce contexte c’est la politique Européenne qui prend le pas sur celle de l’intérieur, et sur ce point, Sarkozy par sa position est en mesure d’agir. En couple avec l’Allemagne il peut se prévaloir d’une bonne politique, leurs actions pour la Grèce et l’Italie sont positives puisqu’elles ont avec le FMI contribué au changement de deux premiers ministres, sachant que pour autant rien n’est joué, et que tout reste à faire pour que les dettes de ces pays se réduisent. L’arrivée de Mario Monti n’a rien changé, l’Italie a réussi à émettre 3 milliards d’euros d’obligations à 5 ans, soit le maximum que le pays souhaitait emprunter, mais à un taux de 6,29%, le plus haut depuis juin 1997, contre 5,32% il y a un mois lors d’une émission comparable. En Grèce ce n’est guère mieux, le pays est au bord de l’explosion, un pays qui fonctionne que pour payer ses dettes est un pays qui va à la faillite. Ce qui me paraît illusoire c’est de croire que ces pays pourront s’en sortir n’ont-ils pas eu toujours eu une monnaie de valeur inférieure à celles du Mark et du Franc, de sorte que l’euro est trop lourd a supporter. La belle fierté de Sarkozy promotionnée par l’UMP sur sa politique Européenne risque de s’envoler toute seule.

On peut ou pas approuver le couple Sarkozy Merkel, mais c’est un fait, il agit. Et cela permet à Sarkozy de clamer qu’il n’y a pas d’autre politique et de dire que l’austérité qu’il met en œuvre est la seule solution. Or les changements de premier ministre en Grèce et Italie comme les plans d’austérité ne peuvent faire à eux seul revenir la croissance dans le fonctionnement actuel de ces pays de la zone euro. L’attaque de l’UMP sur la politique Européenne de François Hollande, qu’il n’a pas encore explicitée, est donc vouée à l’échec tôt ou tard.

Que peut opposer Hollande dans ce contexte, fervent partisan de plus d’Europe ? Sa politique est centriste donc Européenne, et il s’appuie sur des catégories sociales favorables à l’intégration Européenne. De ce fait, il est prisonnier des structures actuelles qui ne lui permettent pas de ce distinguer de la politique Sarkozyenne qu’il condamne. Il est donc sans argument autre que le fait de clamer que n’a pas été fait ce qu’il aurait fallu faire. S’il préconise les euro-bonds comme il l’avait annoncé qui permettraient des prêts à des taux très inférieurs à ceux pratiqués pour les pays les plus endettés, mais comment les mettre en œuvre ? L’Allemagne avec un taux d’emprunt de 1,8 % qui ne peut trouver mieux, s’opposera à cette politique. Hollande est donc coincé. S’il veut agir sur la BCE, pour qu’elle intervienne beaucoup plus en rachetant des emprunts, bien qu’elle l’ait déjà fait, il ne peut pas la contraindre à faire plus, sans changer les statuts à condition que les autres l’acceptent. C’est impossible actuellement. Il n’a donc pas de solution, et s’il veut modifier la zone euro, il sort des politiques centristes et risque de perdre des voix. S’il reste dans la configuration actuelle, ce sont les classes populaires qui souffrent de cette politique et qui se détacheront de lui pour Marine Le Pen. Alors François Hollande capitaine pédalo dans la tempête ?

Le meilleur choix serait qu’il abandonne l’idée d’intégration Européenne, il perdrait l’appui centriste mais récolterait tous ceux qui sont pour l’abandon de l’Europe actuelle, et ils sont plus nombreux, allant de Jean-Pierre Chevènement, en passant par Nicolas Dupont-Aignan, Mélenchon, et voire même l’extrême droite de Marine Le Pen. Cela aurait l’avantage de libérer les États des contraintes d’une politique commune. Retrouvant leur liberté ils pourraient gérer leur dette avec une monnaie plus faible que le Mark et le Franc comme elle l’était avant l’euro.

Pour affiner sa politique Européenne, François Hollande à réuni son clan d’économistes d’obédience centriste. Élie Cohen social démocrate centre gauche, Jean-Hervé Lorenzy président du cercle des économistes centriste de droite, Philippe Aghion, professeur à Harvard et ancien membre de la commission Attali favorable à une intégration financière, André Sapir, le spécialiste des marchés financiers ancien conseiller économique du président de la Commission européenne, centriste droite, Romain Rancière spécialiste des crises financières et de la croissance, professeur associé à l’École d’Économie de Paris, centriste. Ce n’est évidemment pas parmi ces personnes qui soutiennent la politique actuelle qu’il apportera une solution viable à la crise de la zone euro. Une politique Européenne plus audacieuse consistant à une révision des traités pour donner un peu plus de souplesse aux pays en difficultés serait surement bien accueillie.

Sans cela, que lui reste-t-il pour s’imposer, la rigueur d’une gestion équilibrée, alors que le PS pense que le remède fait plus de mal que du bien. La chute prévisible avant l’élection de 2012 de la politique menée par le trio infernal, Sarkozy, Merkel, Lagarde, qui commence à agacer. Les agences de notations en n’ont assez de voir une croissance voisine de zéro, et pour elles pousser à des taux d’emprunts élevés n’est pas la solution. De plus, la «Merkozy», locution Italienne, pour désigner le couple qui suscite des tensions en Italie. Ces facteurs peuvent devenir des arguments favorables à François Hollande, car critiquer le plan Fillon de bricolage et de rapiéçage n’est pas une politique, même si c’est vrai.

Dans ce contexte, il paraît bien seul, alors que du coté de l’UMP on a déjà sorti la hache de guerre. Pour Luc Chatel François Hollande c’est Babar, «il y a un personnage de bande dessinée qu’on connaît bien, qui s’appelle Babar. Babar, il est sympathique, c’est le roi des éléphants. C’est l’histoire qu’on raconte aux enfants pour les endormir le soir», ce qui signifie pour lui que Hollande est un mou comme Babar, ce qui est faux. En fait, Babar est un héros qui fut couronné roi des éléphants puisqu’il apporta la civilisation à ses éléphants compatriotes. Cette histoire eut un succès mondial ce que l’on souhaite à François Hollande en France. Tout le week-end du 12/13 novembre Bruno Le Maire, Brice Hortefeux n’ont pas cessés de jeter leur verve sur lui.

Copé n’hésite pas à le critiquer comme étant sans expérience, comme n’étant pas un homme d’état, ce qui ne convainc que ceux qui le veulent bien. Les négociations avec Europe Écologie-les Verts sont la risée de Copé qui montre ainsi l’impossible entente avec cette démagogie irresponsable des écologistes. François Hollande restant ferme sur ses positions. Eva Joly complètement déconnectée des réalités, affirme, «solennellement, tranquillement, fermement, qu’il n’y aura pas d’accord avec les socialistes si nous n’avons pas l’arrêt du chantier de Flamanville. Il n’y a pas de plan B». Si aucun accord n’est trouvé, «je porterai toute seule toutes les revendications de sortie du nucléaire et tout le programme écologiste et, j’espère, jusqu’au deuxième tour».

Or, le 15/11/11, un accord a minima est intervenu entre les socialistes et les Écologistes, sans que l’option EPR soit dans l’accord ainsi que la réalisation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les questions qui fâchent ont été mises de coté. Mais une réduction de la part du nucléaire dans la production électrique de 75 %, aujourd’hui 50 % en 2025. Fermeture progressive de 24 réacteurs, aucun projet de réacteur ne sera initié. Fermeture de Fessenheim. C’est accord doit être soumis à la base militante des Écologistes pour être définitivement adopté. Pour les socialistes, il n’est pas question d’aller plus loin. Dans ce contexte, les Verts n’envisagent pas une participation à un gouvernement si les socialistes l’emportent. Le point d’accord à été pour les Écologistes la formation d’un groupe parlementaire de 15 à 30 députés. Eva Joly a mangé son chapeau. François Hollande a ainsi montré qu’il était ferme sur ses positions, faisant démentir la mollesse dont on l’accuse.

(Sur intervention du PDG d’EDF Henri Proglio, puis d’Aréva auprès du PS, une phrase dans l’accord PS /EELV concernant le combustible MOX, mélange d’oxydes, uranium, plutonium, a été effacée par François Hollande. Le combustible MOX est une spécialité d’Aréva qui en produit les 95 % utilisés dans le monde. L’abandon du MOX conduirait à des conséquences économiques sociales, industrielles et environnementales graves, et qui entrainerait à la perte du leadership d’Aréva dans le nucléaire civil), lire le dossier Les déchets nucléaires. Il est évident que l’arrêt du MOX serait catastrophique pour la France, et puis tant pis, si comme le clame Cécile Duflot le PS en tient pas parole, dans le pire des maux, il faut choisir le moins mauvais.

La dessus Mélenchon en remet une couche pour l’abandon de la politique Européenne actuelle. Quant à Jean-Pierre Chevènement responsable de la déculottée de Jospin et de la gauche en 2002, est sorti de je ne sais ou, inusable, il veut faire bouger les lignes, c’est son droit. Mais on sent François Hollande plus regardant envers lui qu’envers les écologistes. Sa position souverainiste séduit plus d’un Français dans le contexte actuel. Mais, on se demande comment François Hollande pourrait le neutraliser ? La primaire n’a rien résolu quant à l’unité de la gauche qui n’accepte pas le leadership du PS. François Hollande devient un «pitching ball» pour la droite et la gauche. Sarkozy a encore de beaux jours devant lui, il n’a qu’à attendre.

Que fait Martine Aubry seraient-elle devenue aphone, seules quelques timides apparitions de Moscovici, Jack Lang et Benoit Hamon évitant François Hollande de se placer en première ligne. Pour Martine Aubry, ce n’est pas ce qu’il était prévu lors de son intronisation par son parti à la Halle Freyssinet le 22 octobre à Paris.

Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Martine Aubry entourent François Hollande lors la cérémonie d’investiture du candidat socialiste à la Halle Freyssinet, à Paris, le 22 octobre 2011. Thibault Camus/AP/SIPA. Document 20 minutes.fr.

Les élections sont encore à cinq mois et pour eux contre attaquer à chaque attaque de l’UMP serait sans portée dans l’immédiat ? A voir ! On ne voit pas encore ce qui lie François Hollande candidat à son parti politique, et quand on sait sa façon d’agir laissant toujours ses interlocuteurs dans l’incertitude on peut se poser des questions. S’il se rapproche trop du parti, il risque de ne pouvoir agir à sa guise, pour lui la balance d’une candidature intégrée au parti ou en marge comme l’avait fait Ségolène Royal en 2005 n’est pas encore définie.

Pour le moment François Hollande laisse dire, et cela ne peut que lui être profitable eu égard aux invectives à en faire baver François Fillon à l’Assemblée nationale, sans portées politiques, la France l’a bien comprit. Son sang-froid est encore la meilleure des attitudes.

Le 16/11/11 l’équipe de campagne de François Hollande a été dévoilée par Pierre Moscovici son directeur, à la Maison de l’Amérique latine. Elle répondrait à une triple exigence de consensus politique entre socialistes et de sérieux.

Le prochain article sera, Libye, BHL, «la guerre sans l’aimer» mais pas sans profit,

 

5 réflexions sur « François Hollande et le parti socialiste que l’on n’entend pas. »

  1. Pourquoi parlerait-il, puisqu’en ne disant rien il jouit d’une sérieuse avance dans les sondages. Vous voulez que tout s’effondre ?
    Tant pis si le PS ne tient pas parole… Voilà qui est rassurant ! Donc en effet il vaut mieux qu’il se taise !
    Et puis, si Hollande accède à la présidence de notre pays, il aura beaucoup de souci avec les verts qui ne manqueront pas de lui rappeler que le PS est un menteur !!!
    À cinq mois des élections, ne cherchez pas à voir ce qui lie Hollande au PS. Hollande construit son propre programme (qu’il ne pourra pas appliquer s’il est élu) sur les cendres encore fumantes du programme du PS… il ne faut pas rêver !

  2. [b]Nordi[/b] bonjour,

    Votre propos est tout à fait juste, pourquoi parlerait-il ?

    D’ailleurs DSK n’a jamais parlé avant qu’il ait fait cette connerie. Il était au zénith.

    Mais cela ne dure qu’un temps, après il faut parler.

    Je préfère le faire de suite comme cela l’affaire est presque classée.Il faut vider l’abcès avant qu’il ne soit trop tard.

    Ce problème est celui de la gauche qui n’accepte pas le leadership des socialistes alors que la droite accepte celui de l’UMP.

    Tant qu’il y aura cette division, la droite gagnera les élections.

    L’histoire le démontre, cela a été vrai pour Mitterrand et pour Jospin.

    Les écologistes sont des irresponsables, croire que l’on va remplacer les emplois perdus par l’abandon du MOX et le démantèlement des centrales, c’est vraiment se foutre des Français.

    Alors Aubry à fait son cinéma en signant cet accord qui met Hollande en porte à faux, c’est dingue, ils vont le payer cher.

    Vraiment si la gauche l’emporte en 2012, c’est que les Français en ont vraiment assez de Sarkozy, et je les comprendrais.

    Actuellement tout va mal pour lui, le spread avec l’Allemagne ne cesse d’augmenter et les licenciements de Peugeot et des banques devraient le tuer.

    Bien à vous,

    Anido

  3. Rien ne sert de se précipiter mais c’est sur que rien n’est facile et sortir de l’euro ok je suis pour mais la aussi sa ferrai mal un certain temps mais c’est faut

  4. Le futur président devrait présenter un livre ou carnet de bord pour diriger le pays sans cela toutes les promesses vont se dissiper et les français doivent attendre 4 autres années pour l’élection d’un autre ment……
    Les meilleurs dirigeants sociaux évitent souvent d’être des dirigeants car ils craignent le péché des injustices… et seuls les diables ou amis des diables savent s’emparer des rennes pour guider le convoi vers les crises et les catastrophes.

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