François Fillon a-t-il agi à la demande du président de la République? Il aurait en tous les cas remise à sa place la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade, concernant son escapade à Auberviliers auprès des squatters expulsés, qui de son propre aveux ne venait que d'une initiative personnelle, et tout à fait improvisée. Le premier ministre voulait "comprendre les raisons" de ce déplacement, et aurait insisté pour qu'à l'avenir une concertation avec ses collègues soit entreprise avant de renouveler ce type de démarche…

Elle s'était rendu ce 11 juillet à Aubervilliers auprès des squatters ivoiriens expulsés, expulsés de logements sociaux qu'ils occupaient illégalement, à la demande de la municipalité PCF, et expulsés à nouveau alors qu'ils avaient installé leur campement devant une école, pour faire pression sur la mairie en vue d'obtenir des logements, soutenus en cela par l'association DAL (Droit Au Logement). C'est ainsi que la rentrée scolaire s'est déroulé devant les tentes…

 

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Évoquant la crainte d'un Cachan Bis, elle a déclaré vouloir arranger les choses et amorcer un dialogue, sans démarche d'hostilité, expliquant avoir été sollicitée par une association, en déplorant que des enfants puissent assister à "des scènes pareilles". "Je ne suis pas en charge du logement mais je ne pouvais rester sourde à ces sollicitations répétées" a-t-elle ajouté, puis se disant choquée de ce qu'elle voyait, elle a pris les numéros de téléphone de plusieurs personnes en disant qu'elle allait les aider, avant de s'étonner, selon des témoignages, que ce soit une mairie communiste qui demande ainsi cette expulsion.

La municipalité PCF s'est quant à elle indignée de ce qu'un ministre conteste une décision prise par un juge indépendant, et en effet la mairie subit depuis plusieurs années le squat de son parc social, 98 logements étant squattés début juillet, et a déjà des listes d'attente pour ses logements sociaux. L'argument n'est pas négligeable, puisque le but de ce squat devant l'école, en pleine rentrée scolaire, ne visait qu'à lui forcer la main, et a passer en force par delà les listes d'attente dans l'attribution de logements sociaux.

Reste qu'il est déplorable qu'un ministre, aussi charmant soit-il, soutienne sans se soucier des lois des personnes en illégalité, et déjà soumises à une décision judiciaire, d'autant lorsqu'il va jusqu'à préciser que dans une autre commune, de sa couleur politique, des solutions ont été trouvées suite à une expulsion, sans prendre en compte les spécificités du problème dans la commune dans laquelle il se trouve. Reste qu'il est déplorable qu'un ministre approuve le véritable chantage qui est fait sur une mairie, au mépris des règles établies, dans lesquelles d'autres familles entières attendent de recevoir un logement, dans la légalité.

La colère de la municipalité semble bien se justifier. Le soutien de Rama Yade aux squatters, ne peut arranger les problèmes de cette mairie, qui ne peut disposer de son parc social s'il est squatté, ni même le rénover lorsque cela est nécessaire. En outre, il est pour le moins curieux que la mairie applique les lois, mais pas le ministre du gouvernement…