Deux cent vingt deux ans d’indépendance depuis 1789, date de la prise de la bastille, et jamais cérémonie de commémoration n’a été aussi morose. La France traverse l’une des pires décennies de son existence, jalonnée par une crise financière sans solution, une politique étrangère impopulaire et des scandales à répétition. Le président Nicolas Sarkozy a beau être optimiste, il a fini par avouer que le 14 juillet de cette année 2011 a été cruellement endeuillé par la mort des 5 soldats français en Afghanistan. La mort d’un sixième a été confirmée peu de temps après ce discours au chevet des blessés rescapés de l’attentat qui a tout causé, portant à 70 le nombre de soldats tombés au front depuis le début de l’intervention international en 2001. On ne se réjouit pas du malheur de l’autre, fut-il l’ennemi le plus détestable. Et en pareille circonstance, tous s’accordent, gauche et droite confondus pour porter soutien et réconfort aux familles éplorées et rendre les hommages les plus méritants assortis d’élévation à titre posthume au rang de chevaliers dans l’ordre du mérite à ces militaires tombés au champ d’honneur. L’heure est donc à la solidarité dans la douleur muette du deuil, et à l’attachement à l’unique patrie qui traverse un désert à la tempête de sable jamais vue dans sa longue histoire. Au coude à coude, on doit repenser sans se jeter quelque responsabilité que ce soit les nouvelles stratégies d’approche de la politique internationale du pays, afin d’essayer de regagner l’estime qui a fait tant pour le prestige du pays.
Toutefois, on ne peut s’empêcher de se poser certaines questions quant aux risques inutiles qui coûtent la vie à des personnes qui n’aurait pas dù se trouver là où la mort par attentat interposé les a surpris. Des personnes dont le dévouement et le serment contraignent à des missions périlleuses dans des territoires inconnus, pendant qu’assis dans leurs bureaux les politiques élaborent des plans nés de velléités expansionnistes aux conséquences tout aussi dramatiques. On ne peut s’empêcher de se demander en pensant aux veuves et aux orphelins à qui la mort a arraché des remparts à part entière, pourquoi la France se sent-elle obligée de conquérir le monde ? Pourquoi ne peut-elle pas passer une seule année, aussi foutu soit-elle loin des guerres parfois inutiles, nuisibles et très coûteuses comme en Libye ? Pourquoi se sent–elle surtout attirée par la vocation se suivre toujours les USA dans leur lutte contre un terrorisme qu’ils ont eux même crée et entretenu ? Les grandes douleurs sont d’autant plus muettes que les nombreuses interrogations qui se bousculent dans les esprits tourmentés sont inaudibles. Le mot d’ordre reste la solidarité pour le prestige de la France. L’héroïsme des militaires toujours déterminés est à louer et personne n’a le droit de fléchir, en dépit des leçons à tirer de cet énième aveu d’échec contre le terrorisme irréductible des talibans. Et mimétisme faisant, il faut retirer l’armée de l’Afghanistan comme les USA, même si nous nous sommes définitivement exposés à la merci de toutes les nébuleuses dont Al Qaida en tête de fil. Il faut savoir finir une guerre comme le président l’a dit lors de sa visite aux troupes françaises sur le terrain en Afghanistan, le mardi dernier. Il faut s’avoir s’arrêter donc, la sagesse ayant fini par rattraper la maladresse et l’euphorie de l’immaturité. Il faut savoir finir une guerre. Le président le dit si bien, certes, mais mieux vaut comme le dirait l’autre sûrement, savoir ne jamais la commencer.
Vive quand même la république française ! Et bonne fête d’indépendance à tous les français. Quand bien même on détesterait la politique étrangère des dirigeants français, on ne saurait souhaiter pire que ce qui arrive en ce moment à ce brave peuple.