« Dans les forêts de Sibérie », adaptation d’un livre de Sylvain Tesson que certains auront sans doute envie de connaître ou reconnaître. « La vie l’étouffait, le bruit du monde l’assourdissait, il a voulu vivre de lenteur, de simplicité, d’émerveillement ». Ne garder que l’essentiel ou plutôt aller vers la quête de l’essentiel. C’est loin, très loin de la civilisation, sur les rives du lac Baïkal en Sibérie, dans une cabane de bois, que le Français Teddy, (Raphaël Personnaz), a élu domicile pour assouvir cette impérieuse envie. De quoi oublier le monde toxique où la pollution n’épargne plus rien. Se dégonfler, se dépouiller, pour retrouver sa petite place d’humain dans cet univers à la fois grandiose et indomptable qui d’ailleurs ne manquera pas de lui rappeler ses limites.

Sans cet atterrissage insolite dans ce qui s’apparente à une toute autre planète que celle dénommée Terre, tant de ressources enfouies au fin fond de lui-même seraient sans doute arrivées à expiration sans jamais avoir été exploitées. La preuve en est que l’apprentissage que nécessite cette nouvelle vie, est mobilisateur de tout son être dans toutes ses dimensions.

Patiner sur le lac, fendre des bûches, préparer un thé, briser la glace pour voir l’eau jaillir. Se prendre un bain dans un trou d’eau glacée. Savoir ruser face à un ours… Des choses simples, jouissives, qui lui font toucher du doigt la quintessence même de la plénitude. La totale solitude de Teddy prendra fin dans la seconde partie du film suite à une improbable rencontre avec Alexei un Russe,(Evegueni Sidikhine), un fugitif qui a des comptes à rendre à la justice. Une belle amitié se nouera entre ces deux hommes solitaires. Aguerri, Alexei finira par se faire un peu de souci devant l’enthousiasme de ce novice qui court le risque de finir comme certains oubliés de la Taïga…

Une si belle escapade que ce film qui nous transporte vers un monde magique où tout rayonne de lumière, pureté, liberté, beauté. En plus du magnétisme de la musique d’Ibrahim Maalouf, il y a la prouesse de la réalisation, comme celle des deux acteurs que sont Raphaël Personnaz et Evgueni Sidikhine. C’est palpable dans la salle, leurs émotions sont contagieuses.