Petits préambules, pas trop superflus… Je ne sais où et quand j’avais « repéré » Nolwenn Le Blevennec, possiblement vers fin 2007 sur un blogue où elle se faisait les dents ou un autre qui pompait intégralement en la sourçant l’une de ses piges « sociétales » (sexe, vie des gens, entretiens avec des personnages un peu singuliers, &c.). Je me suis dit, sans l’ironie de Siné envers un fils Sarkozy, « elle ira loin, cette petite… ». Ancienne de l’ESJ (Lille-Londres), la voilà spécialiste du FN. Intelligemment, pas (déjà ?) à la Caroline Fourest, tout simplement factuelle et documentée, au contact (voir son portrait de Julien Rochedy, « patron » du FN-Jeunesse, aussi sur Rue89). Ayant un peu fréquenté – en journaliste – la périphérie de l’ex-FN de J.-M. Le Pen, je retrouve des constantes, communes d’ailleurs à presque tous les partis : on se place où se trouve une « ouverture », les « convictions » sont modelées en fonction. N. Le B. est trop rôdée au rôle attendu d’elle pour l’énoncer noir sur blanc. Le partage des tâches entre l’éditiorial et le terrain n’est pas aussi tranché ici qu’ailleurs, mais on s’y tient plus ou moins.
Fouillé, et non dilué
Les débuts de la presse « ouaibe » singeaient la presse écrite. Un angle, un seul, souvent deux feuillets max’, car le « format » ne se prêtait pas à mieux. C’était en partie valide, du fait de la dimension des écrans. Mais comme me le disait David Siegel, gourou du ouaibe alpha 0.00x, circa 1995, « si cela les intéresse, ils lisent tout. ». Même mal présenté, même mal « formaté ». L’apport de Mediapart et de Rue89 (et autres) est de l’avoir enfin compris et de bien formater idoine. De localiser notamment les documents ayant servi aux enquêtes, de (presque) tout mettre en ligne.
Auparavant, on gardait sous le coude de quoi en remettre une couche si, par exemple, un droit de réponse ou une menace de diffamation parvenait à la rédaction en chef. Voyez comment, faute de place, et de volonté de jouer la synergie entre support papier et site, procède Le Canard enchaîné.
Autre chose : on peut actualiser. Dommage que N. Le B. n’y ait pas songé, après son papier sur Laurent Ozon. Antérieur à la publication des explications de l’intéressé sur son blogue, cet article aurait pu être repris et augmenté. Ozon quitte le Front N. tel un Christophe Ramaux s’éloignant du Parti de G. (mais non du F. de gauche). Faute de créer un lien direct vers le blogue de C. Ramaux (j’ai cherché, j’ai abandonné), on peut toujours en trouver vers son texte intégral (ici, chez Serge Marq, sur Mediapart).
Pour Ozon, c’est plus facile, non ? Osez (faire que votre lectorat quitte momentanément votre page : au contraire, cela renforce votre crédibilité, et vous pouvez oser ne pas reculer face à cette facilité, dites-le à vos commerciaux).
Bon, on ne peut être partout à la fois et ma chronique des Nouveaux Cons d’Étienne Liebig chez Michalon devrait être actualisée (un jour) par des liens vers les « bonnes feuilles » publiées par Atlantico (« Ces vieux qu’on adore détester » et « L’élève en école de commerce, cette tête à claques »).
Hors-sujet ? Variation d’angle ? C’est selon… David Mascré est un nouvel ancien et ancien nouveau « intello » se plaçant en politique et… dans les écoles de commerce.
Faiseurs et autres
Sous-« intello » moi-même (un peu à la Liebig, qui étale très peu ses diplômes, ne se la joue pas trop contrairement aux apparences, et pratique l’autodérision), j’éprouve quelque sympathie pour cet autre « déclassé » qu’est David Mascré. La dernière thèse de doctorat sur laquelle j’ai un peu bossé (« nous » avons obtenu une mention très honorable ; là, je « coache » un mastère 2 sorbonnard portant sur des chercheurs en com’ ex-soviétiques, mais chut !), est due à un cadre B (soit non C, non A, comme Mascré,) de la fonction publique.
Pas davantage que Liebig (ou moi-même), n’ayant pas les dents qui rayent le parquet, déçu par les politiciens, sans doute trop dilettante et « feignant » à ses heures – Liebig « pond » beaucoup, mais trop vite, car on ne peut bien se consacrer à la fois au saxo, à l’écriture, &c., et n’est pas Boris Vian qui veut –, mon ami thésard n’a nulle envie de se la jouer Mascré. Il pourrait. J’aurais pu si… Manque de culot « bien » orienté, faible envie, &c.
Mascré a moins bidonné son cv que Rachida Dati, et sans doute moins proféré d’énormités que l’ex Garde des Sceaux (qui savait prendre des risques publics mesurés, mais en privé…). Il en vaudrait, en ministre intègre, peut-être bien une autre…
Le « David Mascré, le “grand intello” du FN qui fait mousser son CV » se passe de commentaires, si ce n’est celui-ci : des faiseurs, il n’en est pas qu’au FN et par ailleurs, tout n’est pas à jeter dans la production de Mascré (voir sur Marianne2 la chronique de Régis Soubrouillard sur le Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, avec tout plein de Mascré dedans).
Mascré dérape parfois : eh, il faut s’assurer une visibilité. Ce qui est ennuyeux, c’est qu’hormis Mascré et Ozon (qui s’est mis à l’écart), ou Gollnisch, on se demande bien où est la clique des énarques (le FN pourra s’en dispenser), des polytechniciens et autres apparatchiks un peu moins fumeux du FN. Cela évoque fort la composition « fantôme » du Conseil national transitoire libyen qu’on attend encore vainement de pouvoir scruter.
Ou sont les autres « faiseurs » du FN et les autres qui le seraient moins ?
De bric et de broc, et bourre-broc
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, mais quand même… Sur le site officiel du FN, le programme reste plein de trous des mois après la mise en ligne des premiers chapitres (voir Nos idées > Le Programme). « Le projet du FN pour 2012 sera présenté dans les mois précédant l’élection présidentielle », lit-on au sujet des anciens combattants. Idem pour la Défense. Ce n’est pas que le FN soit en panne d’idées, c’est sans doute qu’il ajustera son clientélisme au gré des apports financiers pour sa campagne électorale, oserais-je supputer.
Ce qui est certain, c’est que, passé le cap des présidentielles, les personnalités et qualités ou compétences des candidats du FN aux législatives seront passées au crible. Mais à défaut de savoir dès à présent qui pourra s’acheter une nomination (c’était le cas pour les cantonales et régionales du temps de Jean-Marie, pour de très nombreux candidats), on peut s’intéresser à Mascré et consorts.
Les programmes ne valent pas que par celles et ceux qui les portent (et les transcrivent dans les faits au gré des circonstances par la suite), mais au lieu de diaboliser le FN (ou l’UFMPS), de la même manière que certains en rajoutent sur DSK, leurs faits et gestes ne sont pas totalement accessoires. Traquer « la petite phrase » qui « en dit long » ne suffit plus.
Rue89 semble l’avoir intégré. On attendra de Mediapart et d’autres tout autre chose que des entretiens avec des spécialistes exposant que les vues du FN sont « insensées, ineptes, foutraques, irréalistes ». Encore faut-il vraiment le démontrer, CQFD.
Un exemple ? L’idée de « transférer la recherche dite en “sciences humaines” (sociologie, psychologie, ethnologie…) vers les universités » (programme FN 2007) porte en germe le pire et le meilleur. Cela pourrait peut-être éviter qu’un Mascré puisse aller s’improviser conférencier dans les écoles de commerce d’Étienne Liebig, et traiter de tout et de n’importe quoi. Cela peut conduire à renforcer la « ghettoïsation » de ces disciplines.
Le programme FN 2007 est un catalogue de bonnes intentions qui, forcément, ne se prononce pas trop sur l’autonomie des universités (plus récente) et le sens donné aux partenariats public-privé. Tiens, et si on allait demander à Mascré ce qu’il en pense au juste ? Et pour Allègre, si on allait un peu creuser le bilan des « incubateurs liés à la recherche publique » en s’intéressant de près aux niches fiscales dont bénéficie la recherche dans les grandes entreprises ? Lassant ? Moins « sexy » que l’épluchage du cv de Mascré ? Sans doute. Néanmoins indispensable : imposture ou non (ou plutôt, pas tout à fait) ? Allez, Nolwenn, encore un effort : le mage Sar Rabindranath Duval (Pierre Dac), « pouvait le dire », tu peux (mieux) le faire…
P.-S. : lu sur Le Canard, « La pétition bidon des vrais-faux riches ».
À quand « le programme bidonné des faux-vrais nationaux sociaux » ?
Tout autre chose, trouver dans un intertitre une allusion à Bruno Bourg-Broc (que je salue civilement au passage), député-maire UMP de Châlons-en-Champagne, serait se méprendre : j’écris aussi « pour Google », voilà tout… il ne m’en voudra pas durablement. Ce n’est que l’occasion de mesurer la distance entre un Jean Talon, « premier valet de garde-robe du roi » et David Mascré, « premier porte-coton auriculaire de Marine Le Pen ». BBB – notez-le – préside l’association des Amis de Jean Talon. Émule du verbeux Achille Talon, je ne pouvais me dispenser de cette digression.