Sous le titre, « Kadhafi a financé Sarkozy : la confirmation », Mediapart persiste et resigne (Fabrice Arfi et Karl Laske). Moftah Missouri, interprète habituel du dirigeant déchu, ancien ministre et ambassadeur, le révèle dans « Complément d’enquête » (France 2). Environ 17 millions d’euros seraient passés de Lybie en France (via on ne sait quel circuit au juste).

Moftah Missouri confirme l’authenticité d’un document officiel libyen que Mediapart avait reproduit le 28 avril 2012. Il n’est nul autre qu’un ancien ministre et l’interprète régulier de Mouammar Kadhafi, ayant assisté à de multiples entretiens.

Ce document, signé par Moussa Koussa, est une lettre datée de décembre 2006 destinée au financier Bachir Saleh. Ce dernier bénéficiera, après la chute du régime, de toute la bienveillante attention des services secrets, officiels et officieux, français.

Moftah Missouri, le 15 juin dernier, s’est vu présenter le document par une équipe de France 2. Il conclut formellement : « c’est un vrai document ». Entendez, authentique, corroborant ce que déclarait le fils Kadhafi, Saïf al-Islam.

L’interprète aurait reçu les confidences du père, Mouammar, lui ayant fait état d’une vingtaine de millions de dollars. Tristan Waleckz, de France 2, a indiqué que Missouri s’était montré catégorique.

M. Missouri avait été sollicité par Le Figaro. Il avait alors confié n’avoir pas vu les mallettes contenant les coupures destinées à Nicolas Sarkozy ou à son porteur de valises. Mais, insiste le journaliste de France 2, il a clairement déclaré que ses propos avaient été coupés par le titre appartenant à la famille Dassault. L’original de cet entretien finira bien, un jour ou l’autre, par sortir.

Le Figaro avait alors titré : « Sarkozy : un ex-conseiller de Kadhafi dément ». Non seulement ce dernier ne dément plus rien, mais au contraire, il insiste, et estime avoir été censuré. C’était le 30 avril 2012. La période était pour le moins chaude. Le Figaro a répercuté voici huit minutes l’information en indiquant sobrement que M. Missouri « revient ainsi sur une déclaration qu’il avait faite au Figaro un an plus tôt ».

Or, après les révélations de Mediapart, Nicolas Sarkozy avait poursuivi le site pour usage de faux. Retournement, une plainte, aussi pour « faux et usage de faux », à l’encontre de Sarkozy, mais aussi pour corruption, trafic d’influence, blanchiment, &c., avait donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire. Cet acte judiciaire découle d’une visite domiciliaire chez Claude Guéant et de la saisie de documents se rapport à des dossiers libyens.

Les autres protagonistes sont réfugiés hors de Libye (Bachir Saleh, Moussa Koussa) ou surveillés dans ce pays : Saïf al-Islam, Baghdadi al-Mahmoudi et Abdallah Senoussi. B. al-Mahmoudi avait supervisé la « transaction ».

Selon un ex-membre des services libyens actuels, qui s’était confié au Daily Telegraph, l’exécution (qui croit encore à un bombardement de son convoi en une seule passe ? Pas un pilote militaire) de Kadhafi père, aurait été principalement liée à l’éventualité de révélations sur le financement de la campagne électorale de Sarkozy.

L’émission « Complément d’enquête » s’intéresse plus largement à Claude Guéant. Elle est diffusée ce soir (en seconde partie de soirée) par France 2. Romain Verley, Tristan Waleckx, Philippe Maire et Frédérique Prigent ont enquêté. 

Dans la mesure où Nicolas Sarkozy avait promis des équipements nucléaires (civils… mais…) à la Libye de Kadhafi, on peut se demander si l’impunité de l’ancien président, y compris pour des faits s’étant déroulés sous sa présidence, peut tenir encore longtemps.
Selon diverses sources, Kadhafi était vraiment disposé à passer la main à son fils Saïf al-Islam. Ce dernier ayant fait état d’un financement de Sarkozy, les événements ont été précipités.

L’affaire met en cause bien sûr la présidence antérieure, mais aussi une large partie de la presse. Laquelle, visiblement, se réveille. La question est de creuser si elle était en mesure de faire autrement que de rapporter les précisions de Mediapart assorties des démentis de Sarkozy.

Raffarin, Guaino, Woerth, et tant d’autres à l’UMP font à présent d’un complot pour empêcher le retour en politique de Sarkozy. Il faut croire qu’il prend un tour international. Pour l’énoncer très clairement : le seul gouvernement français, comme dans le cas des opposants à Berlusconi, si c’était le cas – ce dont on peut fortement douter – ne pourrait agir seul. D’autres chefs d’État ont pu donner des assurances.

Dominique Jamet, sur Boulevard Voltaire, avait relevé que les articles du Monde sur Bachir Saleh, publiés le 5 juin dernier, auraient logiquement dû faire l’objet d’un démenti formel et d’une plainte de la part de l’ancien président. Pour Dominique Jamet, il s’agirait de « crimes d’État ».
Mohamed Albichari, fils d’un dignitaire libyen, se targue de détenir des enregistrements entre Kadhafi et des responsables occidentaux. Mohamed Albichari a trouvé la mort en Tunisie, dans des conditions suspectes. Un ancien ministre de Kadhafi a été retrouvé noyé dans le Danube.

Le 4 juin dernier, Le Nouvel Observateur et d’autres titres, relayaient l’enquête du Monde selon laquelle quatre anciens proches du défunt Kadhafi seraient prêts à ce confier au sujet de ce financement auprès des juges Serge Tournaire et René Grouman. Ils sont tous réfugiés hors de Libye mais exigeraient un statut de « témoin sous x » : ils sont visés par un mandat d’arrêt d’Interpol demandé par la France et courant toujours.

Cette confirmation s’inscrit dans une série de nouveaux éléments se faisant jour quasiment d’une heure à l’autre. Paris-Match révèle que Guéant avait acquis un appartement de 90m², à Paris, à proximité de la prestigieuse avenue Foch. Rien d’anormal si le versement n’avait pas été réglé au comptant.

Le Point a retrouvé un courriel de 2009 rapprochant fortement Guéant de Bachir Saleh. Jean-Charles Charki, gendre de Guéant, était en rapport d’affaires avec Bachir Saleh. Claude Guéant diffusait des conseils privés (et sans doute rémunérés) à des puissances étrangères.

Des informations impliquent la sœur de Jean-François Copé, présumée avoir ouvert un compte en Suisse, rapportait le Daily Mail, en liaison avec ce volet libyen. Sarkozy n’avait pas souhaité répondre aux questions du Daily Mail.

Le Corriere della Serra avait considéré que c’était un agent des services français (ou à la solde de ces services) qui avait achevé Mouammar Kadhafi d’une balle dans la tête. Celui ayant revendiqué l’acte, Omran Ben Chaaban, est mort dans un hôpital parisien. Opportunément ?

La presse française prend des gants. La Libre Belgique titre : « Un témoignage accablant ».

Mais Franz-Olivier Giesbert, sentant le vent, et la droite qui veut se maintenir en position de recours, l’écrit tout simplement : « Personne n’est irremplaçable, M. Sarkozy non plus ». C’est très simple, désormais, Sarkozy est le paria de la droite, trop lourd à soutenir. FOG conseille à Sarkozy de se faire totalement oublier, car il est désormais, bien plus que Cahuzac à gauche, le boulet, le repoussoir. Que FOG se détrompe : Sarkozy n’aura plus jamais la dignité et la décence de la boucler, car pour cela, il faudrait le boucler. On ne peut rien contre un psychopathe, sauf à employer ses propres méthodes.