Adam est maître-nageur dans un luxueux hôtel de Ndjamena, la capitale tchadienne. Toute sa vie, il l’a passée autour d’une piscine au point où celle-ci ne se résume qu’à son métier. Suite au rachat de son lieu de travail par les nouveaux propriétaires chinois, Adam est contraint d’abandonner son métier et laisser la place à son fils. Une situation invivable pour le personnage qui voit tout s’écrouler autour de lui dans un pays déchiré par la guerre et où les relations père-fils peuvent se transformer en véritable drame social.

Voici la trame de ce film, Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse, du réalisateur tchadien Mahamat Salet Haroun, qui a reçu le Prix du jury à la 63ème édition du festival de Cannes.

Le cinéma africain gagne (enfin) un prix après plus d’une décennie de disette à la croisette. Mais pourquoi tout ce temps sans rien?

Il faut comprendre que le cinéma africain est miné par de nombreux problèmes qui le rendent difficilement compétitif. Sa relégation au second plan par les pouvoirs publics qui y trouvent peu d’intérêt, le manque de moyens de production, la quasi inexistence de salles de projection qui fait que ce cinéma est sans public, le manque de créativité, la monotonie des décors, etc… sont autant de réalités qui empêchent le film africain de s’imposer à l’extérieur.

Aujourd’hui, ce clin d’oeil fait au festival de Cannes par la récompense du film de Mahamat Salet Haroun doit permettre aux cinéastes africains d’espérer et de croire en l’avenir. Il y a du talent en Afrique, sauf que le talent seul ne suffit pas dans le cinéma. Il faut des moyens et cela passe par le repositionnement du cinéma dans les cultures africaines par l’ouverture de salles de projection et l’engagement de démarches auprès des pouvoirs publics et autres sponsors. C’est seulement après cela qu’on pourra voir d’autres films africains à la plus grande foire mondiale du film.