Au seuil de sa case en lambeaux, seule sans défense

Telle un chapelet la tradition lui égrène ses devoirs

Pour elle des corvées sans fin ni récompenses

Pour elle pas de droit, la charte de l’inégalité est sans détour

Un rejeton sur le dos, l’autre pendu aux mamelles avilies

Un fardeau sur la tête, elle marche vers le lieu de pénitence

Sous ses pas chancelants se dérobe le sol latéritique

Le champ est à mille lieux du village enclavé

Le soir au coucher du soleil attendent lessive vaisselle et cuisine

Puis la nuit dans les cases les chevauchements haletants de l’homme viril

Point de répit pour elle, son dévolu la cloue au silence de la soumission

Excision, violence, mariage forcé, comme des trophées de guerre elle les porte

Sa vie est un livre mélancolique où ne figurent joie et  bonheur

C’est une femme seule, sans avenir

Un vide qui se rempli de chagrin et d’amertume

Une antilope dans une jungle où l’homme est le maître

Sa seule issue, se soumettre jusqu’à la mort

C’est une femme seule,  la femme rurale d’Afrique