L’espace de Schengen  est « un accord de libre circulation des personnes en Europe ». Donc pas besoin de passeports ou de visas pour circuler d’un pays à l’autre dans la communauté européenne. Mais voilà que des migrants venus de Tunisie et de Libye semblent poser problème au gouvernement Français qui voit donc « une défaillance » dans cet accord » !

Le Président français a fait savoir via la presse que « la gouvernance de Schengen est défaillante (…) Ce qu’il nous semble, c’est qu’il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu’il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure (de l’UE) d’intervenir, en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée ». Donc on va demander une suspension provisoire de ces accords à l’Europe…

C’est que la France est irritée par l’Italie, concernant l’attitude de cette dernière qui favorise le départ vers les autres pays européens des immigrés tunisiens arrivés chez elle. On sait que l’Italie a décidé d’octroyer des permis de séjour aux Tunisiens arrivés récemment chez elle pour qu’ils puissent rejoindre des parents et des amis installés en France et ailleurs en Europe. Ces Tunisiens seraient au nombre de 20 000 environ. Mardi prochain, les Chefs d’état français et italien doivent se rencontrer pour parler de cette affaire.

Les autorités françaises reprochent à l’Italie de ne pas tenir compte des conditions inclues dans l’accord de Schengen pour autoriser les personnes à circuler  librement dans son espace. Lundi dernier le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant s’est employé à rappeler «qu’Il y a une règle qui prévaut dans les accords de Schengen qui est que le premier pays d’entrée gère les populations migrantes ». Il a ajouté aussi « que les ressortissants étrangers auxquels l’Italie donne des autorisations provisoires devaient disposer des ressources financières pour séjourner dans le pays de deuxième séjour et pour rentrer chez eux ensuite ». Condition sans doute plus difficile à réunir et qui, aux  yeux du ministre français devrait permettre de faire une sélection draconienne, peut-être même qu’aucun candidat au départ ne parviendrait à réunir cette condition ! Il dit aussi ce qu’il va faire en cas de non respect de cette deuxième condition : « en l’absence de ces ressources nous reconduisons ces personnes en Italie, qui est le pays de premier séjour ».

Mais la présidence compte aller un peu plus loin, puisque l’accord de Schengen est « défaillant », on va les faire modifier dans un sens plus restrictif… Même si cet accord ne prévoit nullement une telle suspension ! Ce qui est prévu c’est que « seule une menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure peut « exceptionnellement » justifier la réintroduction du contrôle aux frontières, durant une période limitée d’une durée maximale de trente jours, éventuellement renouvelable tant que la menace subsiste ».

Qu’à cela ne tienne ! Un porte parole de la Commission européenne a précisé vendredi que « Les autorités françaises ont informé la Commission qu’elles n’ont pas l’intention de demander la réintroduction des contrôles aux frontières ». En fait le gouvernement français ne cherche pas à supprimer totalement l’accord de Shengen, mais il veut y introduire des règles restrictives qui pourraient rendre impossible l’afflux d’immigrés en France.  C’est ce qu’il appelle « une sortie par le haut pour sauver l’accord » ! Et les idées ne manquent pas, «comme par exemple  « renforcer Frontex » (Agence européenne de surveillance des frontières) et « réfléchir à un mécanisme de clause de sauvegarde ». On a déjà proposé, d’ailleurs, « la création d’un corps de gardes-frontières…

Mais, certains croient qu’il ne s’agirait que d’une rumeur voir d’une blague ! C’est le cas de Pierre Henry, directeur de général de France Terre d’Asile interviewé sur le site du NouvelObs. « La vocation de cette rumeur est de siphonner l’ensemble des thématiques du Front national, qui prône notamment la sortie de l’espace Schengen. Il s’agit d’une stratégie de communication de la part de l’Elysée, qui, à la veille de Pâques, est sûre de faire le "buzz" avec ce type de rumeur », explique-t-il… Pour lui la solution serait tout autre… « Il faut réagir de manière pragmatique et généreuse, dans la dignité, et respecter la liberté de circulation. On n’a pas le droit de remettre ainsi en cause la construction européenne, ce n’est d’ailleurs pas dans notre intérêt. Beaucoup de Tunisiens sont prêts à repartir dans leur pays, il faut discuter avec la Tunisie et organiser leur retour ».

La député Sandrine Mazetier, porte parole du PS sur ce sujet, a fait savoir que selon ce parti « la suspension de l’accord de Schengen est une mesure disproportionnée ». Elle a poursuivi : "le rétablissement des frontières internes de l’Union européenne n’est pas une solution". Elle a demandé aussi qu’on recherche "une réponse concertée de l’Union européenne". Elle a encore ajouté "La suspension de l’application des accords de Shengen évoquée vendredi par l’Élysée, signifierait concrètement le rétablissement d’une frontière et la fin de la libre circulation des personnes, droit fondamental garanti aux citoyens de l’Union européenne depuis vingt ans".

Espérons donc que cette idée de la présidence française ne conduise pas à une fermeture des frontières en Europe. Ce serait la fin de vingt ans de liberté de circulation entre nos pays européens ! Mais si les italiens ont pris le risque de faire exploser Schengen, souhaitons aussi que les autorités françaises n’aillent pas trop loin dans les restrictions qu’elles veulent opposer. De toutes manières, ce ne sera jamais assez pour les extrémistes de droite qui, eux, veulent carrément supprimer les accords de Schengen afin de fermer toutes le frontières de France !

 

Sources  : NouvelObs, lexpress.fr, 20minutes.fr