Les sondages, c’est comme les horoscopes, personne n’y croit mais tout le monde les consulte.

Depuis qu’en 1936, aux Etats-Unis, un certain George Gallup a compris qu’on pouvait avoir une réponse fiable en interrogeant un échantillon bien choisi, les instituts de sondages ont énormément prospéré.

En 1965, l’IFOP annonce le ballotage de De Gaulle face à Mitterrand. Dans le début des années 80, François Mitterand crée la cellule de sondages de l’Elysée.

Mais avec Sarkozy, on atteint les sommets : en 2008 l’Elysée a commandé pas moins de 190 études d’opinion.

Comparés aux autres sondages, les sondages électoraux peuvent être vérifiés par les résultats réels. Mais ne peuvent-ils pas modifier le comportement de l’électeur ? Combien de personnes en 2002 ont pensé que le premier tour de l’élection présidentielle était plié et qu’il n’était pas forcément utile de voter pour Jospin ? Ou Balladur qui était donné vainqueur face à Chirac ?

« Quand ils sont interrogés, les gens ne sont pas toujours sincères ». Longtemps les gens n’ont pas osé dire qu’ils votaient pour le FN.

Il faut aussi faire attention à la façon dont les questions sont posées et à l’interprétation des réponses. Un journal de droite n’aura pas la même analyse qu’un journal de gauche.

Exemple : le Figaro est très friand des sondages qui mettent en valeur le Chef de l’Etat. « Une majorité d’Européens ont une bonne opinion de Sarkozy ». En fait, il s’agissait  de 51% d’Européens contre 65% pour madame Merkel. Et dans ce sondage, de nombreux pays avaient un avis défavorable dont la Grande-Bretagne avec 39% de bonnes opinions et l’Allemagne 49%. Les Français n’ont pas été consultés, ils auraient sans doute fait baisser la cote.

Mais tous ces sondages coûtent très cher et sont souvent financés par le contribuable. La démocratie pourrait-elle s’en passer ?

« Malgré les dérives actuelles, il ne faut pas les diaboliser. Mais ils doivent être pertinents et répondre à des critères de qualité. » pense Patrick Lehingue, Professeur de science politique.

L’échantillon doit être réellement représentatif (un sondage sur Internet n’est absolument pas représentatif), les questions doivent être neutres et ne pas induire les réponses, ne pas enfermer les personnes interrogées dans un choix noir ou blanc, les sans opinions doivent être intégrés dans le résultat etc…

J’ajouterais : ne pas faire de sondages des années avant l’évènement ; du genre « si on votait dimanche pour la présidentielle de 2012 … » parce que là on est sûr que ça ne marche pas.

N’oublions pas que Ségolène Royale a été choisie par les socialistes parce que les sondages la donnaient gagnante contre Sarkozy !