Adaptation de "Prière à la lune" et de "Enfin je peux marcher seule" de Fatima Elayoubi, le film de Philippe Faucon revient sur le thème brûlant de l’intégration à travers une immersion dans le quotidien de Fatima qui ne laisse pas insensible. Ce n’est sans doute pas Fatima qui va donner matière à réflexion par rapport aux stéréotypes ethniques en cette période d’hystérie sécuritaire où des migrants déferlent par vagues sans discontinuer. D’ailleurs le film lui-même en regorge. 

Fatima, (Soria Zeroual) femme de ménage d’origine marocaine élève ses deux filles Souad 15ans, (Kenza Noah Aïche), Nesrine 18ans, (Zita Hanrot) comme il en existe tant d’autres. L’aînée prépare le concours de médecine et sa manière d’étudier à elle seule véhicule pas mal de clichés. La benjamine glande plus qu’autre chose. Figure sacrificielle de la mère déclinée sous toutes les coutures et qui ne semble pas inspirer la stoïque Souad qui de ses oeillères, préfèrerait gagner sa pitance en "volant plutôt qu’en nettoyant la m des autres".  

Suite à un arrêt maladie conséquence d’un accident de travail Fatima, en mal d’intégration, va tenter de se ressourcer : restaurer son estime de soi en mettant des mots sur ses maux en arabe, son français "petit nègre"ne pouvant faire l’affaire. Philippe Faucon semble démontrer preuves à l’appui que dans certains cas l’intégration, processus par lequel s’établissent les liens sociaux, est un combat perdu d’avance. Quand l’identité de l’autre est dénigrée, que sa façon d’être, sa conception même de la vie, sont stigmatisés en bloc, à tout effort d’intégration ou presque est opposée une fin de non recevoir. 

Pourquoi en vouloir aux braves Fatima,  alors qu’il en existe tant d’autres aux  apparences non stigmatisables mais qui n’en sont pas moins en mal d’intégration, à leur insu ! Ils n’ont pas changé d’un iota et s’en vantent. A croire que seules les Fatima ont  un rythme "d »assimilation" lent voire nul doublé du pouvoir de porter atteinte à l’identité nationale, culturelle…  

Au final, film  très touchant bien interprété et pour cause: Fatima ne fait que transposer sur écran son quotidien peu réjouissant de femme de ménage. Bien que "gentillet et pétri de bonnes intentions", le film dessert le réquisitoire qu’il porte entre litote et hyperbole. Sans accomplir de travaux forcés, sans une ribambelle d’enfants à charge, sans être sans papiers ou SDF ou encore prise en otage par une "kafala", Fatima nous donne la désagréable impression de porter le poids du monde sur ses épaules à chacun des moindres gestes qu’elle effectue. Il manquait juste son index pointé en direction du spectateur dans ce dossier instruit à charge. Trop d’empathie finit par tuer l’empathie. Comme par hasard, Fatima, César du meilleur film…

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