Fatho Amoy est l’auteur du non moins célèbre recueil de poèmes « Chaque aurore est une chance » paru aux Editions CEDA en 1980.

Professeur d’Espagnol à l’université d’Abidjan., aujourd’hui à la retraite, cet émérite poète ivoirien, à force de fuir la presse, a fini par devenir un auteur effacé. Et pourtant quelle beauté, quelle rythmique  contient ce recueil ! Le lecteur qui lit pour la première fois cet ouvrage, même s’il n’a pas le talent de guitariste, éprouve une soudaine envie d’aller dans un conservatoire pour y apprendre des notions musicales afin de chanter ses poèmes partout dans le monde !

Un tel poète dont l’expérience peut servir de repère aux jeunes poètes et poétesses d’aujourd’hui, ne porte-t-il pas entorse à sa mission terrestre en fuyant comme la peste la presse ? Imaginons un seul instant que tous les écrivains se mettaient à agir de la sorte, quel aspect aura le monde de l’écriture ? Fatho Amoy est-il victime de son humilité exagérée pour agir ainsi ?

« Ton nom est une fête !
Le capiteux matin
D’une ville heureuse
Où les bocages balancent
A l’amarre ciel et mer
Entre leurs mâts
Fou de vents et d’oiseaux.
L’autre nuit,
Comme j’allais seul
Dans l’ivresse de toi,
Je l’ai murmuré :
Trois étoiles sont venues
Se poser sur la colline.
Je l’ai appris aux arbrisseaux :
Les nids ont chanté
Jusqu’à l’aurore.
De la savane à la forêt,
Partout, fruits et sources,
Ont trouvé douceur à mes lèvres.

M’aimeras-tu jusqu’au bout du voyage ? »

            Fatho Amoy dont vous venez de lire le poème ci-dessus, a sa raison que la nôtre ignore. Chaque homme ayant ses principes, il est peut-être un des adeptes de la célèbre pensée «Pour vivre heureux, il faut vivre caché » qui, dans la réalité existentielle, renferme un pesant d’or !

            Nous respectons l’approche qu’a de la vie Fatho Amoy, le fait de n’accorder aucune interview à la presse nationale comme internationale, ni montrer sa silhouette dans les différentes cérémonies littéraires organisées ici et là.

            "Ainsi va le monde", finira-t-on par dire, une manière d’accepter sa démarche. C’est tout cela qui participe à la beauté de notre vie, quand plusieurs sensibilités s’entrechoquent ! Mais pour un poète de sa trempe, qu’il sache qu’il nous manque !!!

Constant Ory.