Face aux manigances, rassembler

Il y a tellement peu de difficultés et de défis en France auxquels le Président de la République doit s’atteler que celui-ci préfère occuper son précieux temps à vouloir fragiliser le Mouvement Démocrate et flinguer son leader François Bayrou.

En effet, le journal Le Monde révèle que Nicolas Sarkozy a chargé Dominique Paillé, de rédiger une note disponible ci-dessous, afin de fragiliser sinon détruire le Mouvement Démocrate.

La méthode et l’objectif a de quoi surprendre. Partout, on annonce un MoDem en fin de vie, qui péniblement obtient 4% des suffrages aux élections municipales et cantonales, où tous les cadres et les élus s’en vont. Le PS, pourtant principal parti d’opposition au président, n’a pas le droit au même régime de défaveur. Pourquoi ?

Nicolas Sarkozy a compris que son principal adversaire est François Bayrou, que le mouvement qui peut le battre est le MoDem. Le PS est englué dans ses querelles internes de personnes et de projets. Il sert au Président de soupape pour les élections dites intermédiaires. Et au vu, de la piètre qualité de ses propositions, le PS n’aura pas de candidat crédible face au sortant Sarkozy.

Derrière l’attaque frontale contre François Bayrou, il y a également, dans la manoeuvre, l’objectif de devancer Jean-Louis Borloo. En effet, ce dernier souhaite faire sortir le Parti radical de l’UMP et rassembler les radicaux de gauche et de droite, les Nouveaux centre, les centristes de l’UMP, les nostalgiques de l’UDF.

Dès lors, la manipulation présidentielle est de tout faire pour concentrer le pouvoir en ses mains en donnant ça et là quelques hochets, en multipliant les chapelles.

Que faire ? Pour moi, cette nouvelle doit rassembler l’ensemble des adhérents du Mouvement Démocrate, mais d’autre part, cela doit obliger sa direction à faire réellement de ce mouvement, le mouvement du 21e siècle.

Jérôme Charré

1) Plusieurs mouvements récents dans la famille centriste sont à noter.

Votre proposition à Michel Mercier pour appartenir officiellement à la majorité présidentielle a sans doute été un déclencheur puisque le président du groupe UC du Sénat ne s’en est pas caché.

Les ministres centristes (Hervé Morin, Valérie Létard, André Santini – Christian Blanc se tient à l’écart) ont alors redoublé d’assiduité auprès des sénateurs centristes pour leur proposer une alliance plus claire au sein du Nouveau Centre. Le petit groupe prêt à le faire atteindrait aujourd’hui le tiers de l’effectif.

Depuis le lendemain des élections municipales, Michel Mercier a fait savoir à François Bayrou et Marielle de Sarnez qu’il ne les suivrait plus dans des opérations-suicides et sectaires et que c’était là sa responsabilité de trésorier à la fois de l’UDF et du MoDem.

Jean Arthuis, dans une interview au Journal du dimanche, est venu s’aligner pratiquement mot pour mot sur la position de Michel Mercier.

Thierry Cornillet, député européen centriste, que vous avez reçu, a de son côté publié un manifeste pour le Centre qui constitue à la fois une proposition et une analyse pertinente de la situation : le Nouveau Centre ne recrutera pas plus, par contre il est possible de retravailler dans le cadre de l’UDF historique sans François Bayrou.

Dans le même temps, de nombreux élus dans le Grand Ouest, maires de petites villes (Douarnenez, Concarneau, Landerneau, Quimperlé) ne s’affilient pas au Nouveau Centre mais se réclament de l’Union centriste. Pierre Méhaignerie, comme il vous l’a d’ailleurs dit, les encourage dans ce sens. S’ils ne veulent pas venir à l’UMP, il préfère qu’ils n’aillent pas non plus au Nouveau Centre.

2) Derrière ces mouvements variés, plusieurs constantes peuvent nous permettre de continuer à compter sur l’ensemble de la famille centriste pour la recherche d’une majorité au Sénat et d’une majorité au Congrès.

Michel Mercier souhaite sincèrement être ministre et reste très intéressé par la possibilité pour un parlementaire de retrouver son siège directement, comme l’avant-projet de loi constitutionnelle le prévoit.

Jean Arthuis veut conserver la présidence de la commission des finances en septembre prochain.

Pierre Méhaignerie veut rester la référence centriste au sein de l’UMP.

Enfin, il est clair qu’à quelques semaines du versement aux partis politiques de la dotation publique de l’Etat, les sénateurs centristes et de nombreux élus locaux ne veulent plus en faire bénéficier François Bayrou et Marielle de Sarnez, sans pour autant apporter tout cela au Nouveau Centre.

En conclusion, il est possible dans les semaines qui viennent que les UDF centristes historiques récupèrent même matériellement le siège du parti et tous les actifs qui y sont, lesquels appartiennent toujours formellement à l’UDF. Nous nous retrouverions alors avec un parti centriste supplémentaire (l’ancienne UDF) entre le Nouveau Centre et le MoDem.

3) Il est clair que, depuis plusieurs semaines, cette analyse a été faite par Jean-Louis Borloo et son secrétaire général, Laurent Hénart. Le ministre d’Etat multiplie les entretiens et les déjeuners avec l’ensemble de cette mouvance et tente, en vain jusque-là, de la fédérer à son profit.

Dans ce contexte, la réunion que vous présidez [mercredi 9 avril] avec la majorité présidentielle n’en est que plus opportune.

Source: LeMonde.fr

Il y a tellement peu de difficultés et de défis en France auxquels le Président de la République doit s’atteler que celui-ci préfère occuper son précieux temps à vouloir fragiliser le Mouvement Démocrate et flinguer son leader François Bayrou.

En effet, le journal Le Monde révèle que Nicolas Sarkozy a chargé Dominique Paillé, de rédiger une note disponible ci-dessous, afin de fragiliser sinon détruire le Mouvement Démocrate.

La méthode et l’objectif a de quoi surprendre. Partout, on annonce un MoDem en fin de vie, qui péniblement obtient 4% des suffrages aux élections municipales et cantonales, où tous les cadres et les élus s’en vont. Le PS, pourtant principal parti d’opposition au président, n’a pas le droit au même régime de défaveur. Pourquoi ?

Nicolas Sarkozy a compris que son principal adversaire est François Bayrou, que le mouvement qui peut le battre est le MoDem. Le PS est englué dans ses querelles internes de personnes et de projets. Il sert au Président de soupape pour les élections dites intermédiaires. Et au vu, de la piètre qualité de ses propositions, le PS n’aura pas de candidat crédible face au sortant Sarkozy.

Derrière l’attaque frontale contre François Bayrou, il y a également, dans la manoeuvre, l’objectif de devancer Jean-Louis Borloo. En effet, ce dernier souhaite faire sortir le Parti radical de l’UMP et rassembler les radicaux de gauche et de droite, les Nouveaux centre, les centristes de l’UMP, les nostalgiques de l’UDF.

Dès lors, la manipulation présidentielle est de tout faire pour concentrer le pouvoir en ses mains en donnant ça et là quelques hochets, en multipliant les chapelles.

Que faire ? Pour moi, cette nouvelle doit rassembler l’ensemble des adhérents du Mouvement Démocrate, mais d’autre part, cela doit obliger sa direction à faire réellement de ce mouvement, le mouvement du 21e siècle.

Jérôme Charré

1) Plusieurs mouvements récents dans la famille centriste sont à noter.

Votre proposition à Michel Mercier pour appartenir officiellement à la majorité présidentielle a sans doute été un déclencheur puisque le président du groupe UC du Sénat ne s’en est pas caché.

Les ministres centristes (Hervé Morin, Valérie Létard, André Santini – Christian Blanc se tient à l’écart) ont alors redoublé d’assiduité auprès des sénateurs centristes pour leur proposer une alliance plus claire au sein du Nouveau Centre. Le petit groupe prêt à le faire atteindrait aujourd’hui le tiers de l’effectif.

Depuis le lendemain des élections municipales, Michel Mercier a fait savoir à François Bayrou et Marielle de Sarnez qu’il ne les suivrait plus dans des opérations-suicides et sectaires et que c’était là sa responsabilité de trésorier à la fois de l’UDF et du MoDem.

Jean Arthuis, dans une interview au Journal du dimanche, est venu s’aligner pratiquement mot pour mot sur la position de Michel Mercier.

Thierry Cornillet, député européen centriste, que vous avez reçu, a de son côté publié un manifeste pour le Centre qui constitue à la fois une proposition et une analyse pertinente de la situation : le Nouveau Centre ne recrutera pas plus, par contre il est possible de retravailler dans le cadre de l’UDF historique sans François Bayrou.

Dans le même temps, de nombreux élus dans le Grand Ouest, maires de petites villes (Douarnenez, Concarneau, Landerneau, Quimperlé) ne s’affilient pas au Nouveau Centre mais se réclament de l’Union centriste. Pierre Méhaignerie, comme il vous l’a d’ailleurs dit, les encourage dans ce sens. S’ils ne veulent pas venir à l’UMP, il préfère qu’ils n’aillent pas non plus au Nouveau Centre.

2) Derrière ces mouvements variés, plusieurs constantes peuvent nous permettre de continuer à compter sur l’ensemble de la famille centriste pour la recherche d’une majorité au Sénat et d’une majorité au Congrès.

Michel Mercier souhaite sincèrement être ministre et reste très intéressé par la possibilité pour un parlementaire de retrouver son siège directement, comme l’avant-projet de loi constitutionnelle le prévoit.

Jean Arthuis veut conserver la présidence de la commission des finances en septembre prochain.

Pierre Méhaignerie veut rester la référence centriste au sein de l’UMP.

Enfin, il est clair qu’à quelques semaines du versement aux partis politiques de la dotation publique de l’Etat, les sénateurs centristes et de nombreux élus locaux ne veulent plus en faire bénéficier François Bayrou et Marielle de Sarnez, sans pour autant apporter tout cela au Nouveau Centre.

En conclusion, il est possible dans les semaines qui viennent que les UDF centristes historiques récupèrent même matériellement le siège du parti et tous les actifs qui y sont, lesquels appartiennent toujours formellement à l’UDF. Nous nous retrouverions alors avec un parti centriste supplémentaire (l’ancienne UDF) entre le Nouveau Centre et le MoDem.

3) Il est clair que, depuis plusieurs semaines, cette analyse a été faite par Jean-Louis Borloo et son secrétaire général, Laurent Hénart. Le ministre d’Etat multiplie les entretiens et les déjeuners avec l’ensemble de cette mouvance et tente, en vain jusque-là, de la fédérer à son profit.

Dans ce contexte, la réunion que vous présidez [mercredi 9 avril] avec la majorité présidentielle n’en est que plus opportune.

Source: LeMonde.fr

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