Comme chaque jour aux premières heures du matin ensoleillé,

maître coq du haut de son foin fraichement coupé,

s’en allait réveiller la basse cour de sa voix pleine de virilité.

Veaux, vaches, cochons, tous se réveillaient, aux cris du gallinacé.

 

Une basse cour entièrement dévouée aux ordres de son orateur du matin

qui chaque jour sortait de ses rêves, à la voix de son coq au chant certain.

Tout un chacun était tiré de ses songes, à la fois les poules comme les poussins,

parmi lesquels un jeune  aspirant coquelet qui se voyait déjà réveil matin.

 

Ce dernier à peine éclos, désireux de devenir à son tour coq

s’amusait à vouloir charmer la basse cour de sons plus que loufoques.

Le vieux coq, admirant le spectacle d’un jeune premier sans organe et enjoué

n’hésitait pas quand à lui, à railler le jeune gallinacée à la voix non muée.

 

Jour après jours, le petit poussin malgré les moqueries de la basse cour,

continuait à faire étal de sa maigre voix à coups de gazouillis timides,

tandis que chacun le moquait, en commençant par le coq, roi des splendides.

Un jeune premier donc, désireux de devenir roitelet, malgré les rires de sa future cour.

 

Le jour venu, le jeune gallinacé précoce, et malgré les moqueries de tous,

s’enhardit, et défia le roi de la basse cour, en un duel sur le foin et la boue.

Vaillant coq, devant tant d’impertinence, releva le duel, non sans avoir bien ri ;

et se mit dans l’attente de voir débarquer devant lui, le jeune poussin manquant de bruit.

 

Les saisons passèrent, et le coq n’avait toujours pas vu venir à lui le fanfaron.

Rien n’y faisait, l’apprenti, malgré le défi, ne faisait que repousser l’échéance,

feignant tantôt la fatigue, tantôt l’extinction de voix, pour ne pas faire sonner le vocal clairon.

Des excuses faisant croire que ce dernier n’était qu’un poltron juste bon au silence.

 

Après des mois et des mois d’attente, le jeune poussin était devenu un beau coquelet,

Au plumage bariolé et à la voix encore pour la basse cour, toute masquée.

Enfin le grand jour était arrivé, et bien qu’hésitant et devenu avec le temps plus sûr de lui,

le gallinacé était monté sur le tas de foin pour honorer le défi qu’il avait produit.

 

Le vieux coq, fort de son expérience et de sa notoriété se hâta le premier sur le tas d’herbe séchée

et fit comme chaque jour, entendre à la basse cour, sa voix par les ans éraillée.

Le jeune coquelet prit ensuite la parole par le chant et fit retentir son organe encore embrumé,

pour le grand bonheur de ses spectateurs animaliers, qui l’ovationnèrent de leur cris enjoués.

 

Le chanteur d’autrefois, comprit alors que son heure était passée, et que le jeune premier avait triomphé.

L’heure de la retraite avait sonné, et le rôle du réveil matin n’était dorénavant plus sien.

Moralité, il n’est pas bon de vouloir trop se hâter, car la patience est la meilleure des alliée,

et il ne faut pas être trop sûr de son fait, car le temps, de vieillir et passer, jamais ne s’abstient.

 

 

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