La nouvelle exposition de la galerie parisienne Marassa Trois n’est pas tout à fait celle initialement envisagée, et cela tient tout autant à des circonstances inopportunes qu’à l’actualité. Elle fait une plus large part à l’artiste franco-israélien Shimon Palombo, longtemps résident du quartier de Wadi Salib dont les ruines évoquent les favelas brésiliennes d’Eduardo Lopes.


Les favelas, celles de Rio, où s’est établi (au sens, aussi, des « établis » en usine des années 1970) Eduardo Lopes, on connaît (ou on croit connaître). Moins internationalement popularisées sont les ruines du quartier de Wadi Salib, à Haïfa, en Israël. Elles témoignent tout autant de la ségrégation sociale,  de l’exil.
shimon_palombo_2.png

 

Wadi Salib était un quartier palestinien pauvre où étaient logés prioritairement les plus démunis des immigrants sépharades nouvellement arrivés en Israël. Shimon Palombo tentera de participer à sa réhabilitation dans le cadre d’un collectif d’artistes. Il vit désormais tant à Paris qu’en Israël. Wadi Salib, en 1959, fut marqué par une révolte sociale contre les discriminations. La protestation contre une bavure policière (un habitant en état d’ébriété avait reçu une balle dans la jambe) « dégénéra » en émeutes et pillages des beaux quartiers d’Haïfa.

  shimon_palombo_3.pngShimon Palombo, par ses toiles ou ses peintures sur bois de récupération, ou ses sculptures évoquant un renouveau semblant encore lointain, rend hommage à ce quartier et à ses habitants dont le réalisateur David Benchetrit, avec son film Rouah Kadim-Khronicat marokaït (Vent d’Est – Chronique marocaine), avait, en 2002, retracé l’histoire et le devenir. Pour David Benchetrit, Wadi Salib symbolise « une dimension intégrante de l’histoire des Orientaux en Israël. Chaque fois qu’ils descendent dans la rue, la police intervient de façon démesurée. Lors des émeutes du Wadi Salib, la police a tué Yaakov Elkarif qui avait eu le tort de se promener ivre. La police a réagi de la même façon lorsque Arieh Deri a pris connaissance de sa condamnation. Les toits étaient couverts de policiers et de tireurs d’élite ! La police israélienne a toujours été très violente avec les Orientaux alors qu’elle est elle-même majoritairement composée d’Orientaux et de Caucasiens. Cela correspond au ‘diviser pour régner’ du système. On envoie les Orientaux casser de l’Oriental. Exactement comme on se sert des garde-frontières druzes et tcherkesses pour casser du Palestinien. Ce film est fondamentalement triste. Aucune des luttes orientales n’a jamais abouti, à cause de la haine de soi des Orientaux. Les Marocains ne sont pas que des victimes, ils sont aussi souvent leurs propres bourreaux. ».
natacha_e_lopes.png 

Lors de l’inauguration de l’exposition (ouverte jusqu’à fin juin), Rachel Uziol, auteure avec Angela Lago de La Maison des mots (ouvrage bilingue brésilien-français), avait interprété des chants juifs de deuil, d’espoir… et de réconciliation.

palombo_rachel_uziel.png