La nouvelle exposition de la galerie parisienne Marassa Trois n’est pas tout à fait celle initialement envisagée, et cela tient tout autant à des circonstances inopportunes qu’à l’actualité. Elle fait une plus large part à l’artiste franco-israélien Shimon Palombo, longtemps résident du quartier de Wadi Salib dont les ruines évoquent les favelas brésiliennes d’Eduardo Lopes.
Les favelas, celles de Rio, où s’est établi (au sens, aussi, des « établis » en usine des années 1970) Eduardo Lopes, on connaît (ou on croit connaître). Moins internationalement popularisées sont les ruines du quartier de Wadi Salib, à Haïfa, en Israël. Elles témoignent tout autant de la ségrégation sociale, de l’exil.
Wadi Salib était un quartier palestinien pauvre où étaient logés prioritairement les plus démunis des immigrants sépharades nouvellement arrivés en Israël. Shimon Palombo tentera de participer à sa réhabilitation dans le cadre d’un collectif d’artistes. Il vit désormais tant à Paris qu’en Israël. Wadi Salib, en 1959, fut marqué par une révolte sociale contre les discriminations. La protestation contre une bavure policière (un habitant en état d’ébriété avait reçu une balle dans la jambe) « dégénéra » en émeutes et pillages des beaux quartiers d’Haïfa.
Lors de l’inauguration de l’exposition (ouverte jusqu’à fin juin), Rachel Uziol, auteure avec Angela Lago de La Maison des mots (ouvrage bilingue brésilien-français), avait interprété des chants juifs de deuil, d’espoir… et de réconciliation.