Depuis la publication, par le Service National de Sismologie et de Vulcanologie de l’Institut Géophysique équatorien, du rapport spécial n ° 16 du 21 Juillet 2013 afférent au processus éruptif du Tangurahua qui se caractérise au travers d’une activité strombolienne, éjection constante et polyédrique de matières incandescentes constantes et fontaines de lave sur le sommet du volcan, des changements ont été constatés dans les paramètres, le 26 juillet 2013, les plus évidents étant une diminution progressive du nombre et de l’énergie des explosions et des émissions. La hauteur des colonnes éruptives, avec une teneur variable en cendres, atteint un maximum de 1,5 kilomètre au-dessus du cratère, avec une teneur variable en téphras et les retombées de cendres n’affectent que les agglomérations directement circonvoisines Sud-occidentales de l’édifice volcanique telles Choglontús, El Manzano, Puela, Cahuají et, par intermittence, Pillate, Cevallos, Quero et Mocha. Et bien que l’activité de surface ait diminué, la déformation des flancs maintient une tendance inflationniste, notamment le flanc Ouest, tout comme le dégazage de SO2, – gaz d’origine magmatique -, reste relativement élevé et sans tendance à la baisse. En outre, au différent des période de tremors associés au mouvement interne fluide magmatique qui a diminué, l’activité sismique oscille entre des niveaux modérés à élevés.

A la date du 26 Juillet 2013, sur la base des données de surveillance instrumentales, deux scénarios peuvent être évoqués concernant le développement futur du processus éruptif du Tangurahua :

– soit le magma stagne, par blocage, entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, sous le niveau basal du cône vulcanien, et seules se produisent des émissions de gaz et de cendres. De ce fait, une surpression serait en cours et celle-ci pourrait par de soudaines et violentes explosions générer des flux pyroclastiques.

soit le magma s’accumule dans les conduits, entre 1 et 3 kilomètres de profondeur sous le niveau du cratère sommital, et, suite à un séisme tectonico-volcanique, il peut remonter brutalement dans la cheminée volcanique induisant à l’apparition, à court terme, d’une nouvelle phase d’activité caractérisé par des explosions stromboliennes, modérées à fortes, avec émissions et retombées de cendres.

tungurahua 02.jpgLe 28 Juillet 2013, à partir de 06 h 26, heure locale, une nouvelle incrémentation de l’activité volcanique, caractérisée par la génération de fortes explosions accompagnées de « grognements type soufflet de forge », de « grondements » et de « coups de fusils et coups de canons » faisant vibrer les fenêtres des villages proches, et l’émission constante d’un panache de gaz et de cendres. L’une de ces explosions, à 07 h 23 a formé une petite coulée pyroclastique qui a dévalé les flancs supérieurs Nord et Nord-Est du volcan sur un dénivelé de 1.500 mètres.

Il paraît évident que le développement du processus volcanique est en relation avec l’accumulation et le stockage du magma, par blocage, entre 1 et 3 kilomètres de profondeur sous le niveau du cratère sommital, dans les conduits volcaniques d’autant que cette nouvelle phase d’activité se caractérise par des explosions fortes à modérées accompagnées de « coups de fusils » et de « grognements type soufflet de forge ». En outre, les émissions de tephras impliquent de nouvelles chutes de cendres. La possibilité de coulées pyroclastiques pouvant être générées et dévaler les flancs du volcan jusqu’à atteindre les agglomérations environnantes, n’est pas à exclure.

tungurahua 03.jpgIl n’est pas à exclure, en regard de l’évolution du processus, une diminution du taux de dégazage des gaz volcaniques. En un tel cas, il peut être à craindre une déformation de la partie sommitale du Tangurahua, une augmentation des aléas sismiques associés aux mouvements du fluide magmatique et à la fracturation de la roche à l’intérieur du volcan, ce qui peut se traduire par la formation d’un bouchon dans le conduit ou dans la cheminée volcaniques, ces caractéristiques menant vers une explosion à haute énergie, au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, vers le déclenchement de coulées pyroclastiques à plus grande portée et, dans la pire des hypothèses, soit à un effondrement sommital, soit à un effondrement sectoriel.

Depuis le 28 Juillet, le Tangurahua présente une activité volcanique élevée qui se caractérise par la génération d’explosions d’intensité faible à modérée et par des séismes de basse fréquence et de longue période, – LPs -, indiquant le mouvement du fluide magmatique dans les conduits volcaniens, l’accumulation et le stockage de magma…

02 Août 2013 © Raymond Matabosch