Madalin Ciculescu, avocat inscrit au barreau d’Arges (Roumanie) n’a pas réussi à obtenir gain de cause contre le métropolitain Constantin Argatu, les popes Cret Ovidiu, Gheorghe Nicut, Marian Dumistrescu et Gheorghe Dunitriu qu’il poursuivait devant la cour d’appel de Pitesti pour escroquerie. En cause, des exorcismes successifs (et rémunérés) n’étant pas venu à bout de démons flatulents répandant dans son cabinet et sa demeure des odeurs d’étrons et de vesses persistants. Les ecclésiastiques de l’église orthodoxe autocéphale roumaine ont fait valoir qu’ils avaient une obligation de moyens, et non de résultats, invoqué avoir chassé la pestilence et mis sur le compte d’une obsession la prétendue persistance des odeurs. Mais, justement, l’exorcisme n’est-il pas destiné à chasser les pensées obsessionnelles ?
L’obsédante question des démons pétomanes malodorants sera-t-elle portée en cassation en Roumanie ? L’avocat Mădălin Sorin Vicenţiu Ciculescu, du barreau d’Argès, a perdu sa cause devant la cour d’appel de Pitesti. Il poursuivait un évêque et cinq prêtres pour n’avoir pas réussi à chasser les démons répandant des odeurs pestilentielles non seulement dans son cabinet (et pas qu’aux petits coins), mais aussi à son domicile, infestant son réfrigérateur, son sèche-cheveux, &c.
Le cas était remonté jusqu’à l’évêque officiant à la cathédrale du quartier Gavana de Pitesti. Lequel était venu en renfort en personne. Le patriarche Constantin Argatu a aussi été cité.
L’affaire remonte à la mi-janvier dernière, mais la presse internationale vient de s’en emparer.
Le montant du préjudice n’a pas été mentionné dans la presse roumaine. Mais il faut savoir qu’en Roumanie, tout se paye (si possible en espèces), infirmières, prêtres, le tarif pour les sacrements variant à la tête du client.
Les popes s’invitent dans les cages d’escaliers pour bénir les appartements, et pour ne pas éveiller les suspicions des voisins, mieux vaut leur ouvrir et consentir un don.
Dans le cas des anges du malin empestant Madalin Ciculescu, l’avocat de la partie adverse, Anton Alin, a plaidé qu’il ne pouvait s’agir d’escroquerie : les rites ont été suivis, les formules adéquates prononcées, et son confrère divague. Si le téléviseur de Madalin Ciculescu s’allume ou s’éteint, ou change de chaîne, intempestivement, si de la fumée noire nauséabonde sort de son sèche-cheveux, si s’échappent, non seulement des trous et orifices, mais d’un peu partout, d’insupportables puanteurs, ce n’est plus l’affaire de l’église orthodoxe roumaine.
Du coup, le plaignant a été condamné aux dépens et à régler les frais de justice et les honoraires de son confrère.
Comme le dirait Jean-François Copé, il convient de « libérer le travail » et ne pas entraver les entrepreneurs par l’abus de recours judiciaires abusifs… Certes.
Mais dans le cas du patriarche, le protopope arhiepiscopul, et des popes roumains, présumés capables de renvoyer aux limbes des vampires, l’affaire risque d’être marquée d’une boule puante.
En effet, qui peut le plus, peut le moins, non ?
Le Satana, Diavol, Drac, est certes puissant, mais traiter un fidèle comme n’importe quel individu de la vingt-cinquième heure (titre de Virgil Gheorghiu, évêque roumain), en le laissant à son triste sort, est-ce bien chrétien ?
Si ce ne sont les rites qui sont en cause, ne seraient-ce point les ministres du culte eux-mêmes ? Ont-ils au moins consulté la concurrence, d’autres médecins de l’âme de diverses obédiences ? À qui se fier désormais ? N’y avait-il point malpraxis bisericesc (mauvaise pratique ecclésiastique) ?
Faute de pouvoir poursuivre saint Antoine en cas de trousseau de clefs impossible à récupérer, ne pourrait-on point obtenir au moins remboursement ou à valoir sur une prochaine intercession ?
Qu’en dit Sa Béatitude Daniel ?
L’église orthodoxe autocéphale roumaine compte près de 15 000 prêtres, environ 8 000 moines et moniales pour moins de 21 millions d’habitants (dont beaucoup résident à l’étranger). Plus de 10 000 professeurs enseignent dans les écoles publiques et la relève se prépare dans près de 15 facultés de théologie.
C’est que, selon les paroisses et les rangs hiérarchiques, les places sont bonnes. On a ses entrées partout, mairies, préfectures, chambres, gouvernement. À propos des réels martyrs de la révolution (les faux sont légion et exemptés d’impôt), les Indignés locaux disent « sont-ils morts pour que l’église orthodoxe soit cette affaire prospère qui ne paye aucun impôt à l’État ? ».
Si, en sus, l’encens ne couvre plus les pestilences, mais où va-t-on ?