Bonjour. Je m’appelle Eliott et j’ai dix-huit mois (bientôt dix-neuf …). Et je dois dire que je m’amuse follement à vous observer, vous, les grands, mine de rien, du haut de mon tout petit mètre ! Et plus spécialement en cette période d’élections.

Je ne comprends pas bien votre agitation, sans doute parce que je sais tout plein de choses que vous semblez ignorer.

Et qui me permettent de vous dire dès maintenant ce que vous entendrez dimanche soir. Un, le parti majoritaire (c’est à dire celui des abstentionnistes) maintiendra, voire renforcera ses positions. Deux, les partis de la majorité se féliciteront du résultat, parleront de succès si une région leur revient, de triomphe si c’est le cas pour deux ; à partir de trois, ils devront inventer des mots nouveaux.

Et s’il devait n’y en avoir aucune, ils y verraient la démonstration éclatante que les Français ont déjà plébiscité la future réforme des Collectivités Territoriales, dont personne pourtant ne peut donner le détail pour la bonne raison qu’il est encore en gestation.

Avec un peu de chance, mon petit LU ouvrira les débats (c’est le diminutif affectueux que je donne à Monsieur Lefèvre, si utile et si craquant). Lui, je ne le trouve pas vraiment rigolo (il ne doit sourire que chaque fois qu’il lui tombe un œil …), mais je l’adore ! Si par chance, vous l’entendez en premier, vous pourrez faire l’économie d’écouter tous les autres. Il n’a pas son pareil pour balayer l’ensemble du paysage. Pratiquement dans la même phrase, il vous dira tout ce que pense le Président (sans grand mérite, puisqu’il sortira tout droit d’une réunion à l’Élysée, où il aura reçu tous les « éléments de message »), mais aussi tout ce que pensent chacun des membres de l’opposition et il vous apprendra aussi ce que vous pensez vous-mêmes !

Ce n’est pas de gaité de cœur que je vous donne ce conseil de n’écouter que lui, car ça m’avait fait rudement plaisir de revoir Tati Rachida, après une si longue absence. Elle me fait penser à la petite souris de mon livre d’images : elle en a l’œil vif, et surtout les incisives.

Pauvre petit Nicolas : au rythme où il s’enfonce dans les sondages, il ne devrait pas tarder à trouver du pétrole ; je ne vois guère que M. François Déroute pour y parvenir avant lui ! Il nous avait prévenus : tout devient possible. Jusqu’à présent, c’était un jeu d’enfant de prévoir où il irait : en règle générale, à l’opposé de ce qu’il avait déclaré. Voici trois ans, il nous avait expliqué que le problème était que la France était trop endettée et les Français pas assez ; vous savez ce qu’il en est aujourd‘hui. Mais les pronostics deviennent vraiment difficiles, maintenant qu’il a dit tout et son contraire, comme souhaiter titulariser les contractuels tout en réduisant le nombre de fonctionnaires …

Pourtant, on peut prendre quelques paris. En 2012, j’aurai quatre ans ; je serai donc beaucoup trop petit pour commenter l’échec qu’il aura subi du fait de M. de Villepin. En 2017, mes neuf ans ne me permettront pas encore de me prononcer sur le résultat de M. Jean-François Copé, qui a déjà annoncé sa candidature (après y avoir pensé en se rasant, sans doute ; la barbe de tous ces raseurs). Impasse sur 2022 (quatorze ans) ; ce n’est qu’en 2027 que je voterai pour la toute première fois.

N’attendez pas que je révèle pour qui ; c’est le secret de l’isoloir ! En revanche, je peux vous dire que le problème sera toujours l’endettement de la France et peut-être, aussi, celui des Français. Je ne peux pas vous promettre que j’aurai envie de vous dire merci.

En attendant, je vous souhaite une très bonne soirée, dimanche. On annonce un film dont le titre sera ma conclusion : « Je préfère qu’on reste amis » …