En France, l’été 2013 aura donc commencé dans la convergence de faits divers pour le moins symboliques, outre leur pénibilité ou cruauté bien réelles.

L’horizon des vacances s’ouvrît alors que les portes d’une prison se refermaient sur ce qui s’apparente à un prisonnier politique, coupable selon son avocat Maître Benoît Gruau de « rébellion » avec opposition de conscience à faire un test ADN, selon le procès verbal. Un étudiant prometteur n’ayant aucun antécédent judiciaire était donc interpellé avec vigueur lors d’une manifestation s’affichant comme pacifique au regard des images visibles sur le Net. En parallèle de veilleurs chrétiens priant notamment sur la place des Invalides en pareille opposition de conscience face aux prolongements attendus du fameux « mariage pour tous », ce jeune homme vînt juste protester devant M6, alors que la chaîne recevait le chef de l’exécutif. Pendant que l’émission se déroulait encore rencontrant un niveau d’audience étrangement faible pour une interview du président de la République, le jeune « Nicolas » ne tarda pas à être mis en garde à vue. Il passera l’été en prison. Le grand soulèvement populaire inattendu qui marqua tous ces derniers mois a t-il son premier martyre ? Au travers d’une sanction politique entendant « faire un exemple ». A la rentrée, sa libération sera « pour tous ».

En veille d’été, Lourdes n’aura pas été sans vivre un déluge. Les intempéries tombaient elles aussi comme les barreaux d’une prison sur la « ville sainte ».

Dans la même période, les réseaux sociaux firent circuler le visage d’un sosie supposé du président actuel, sosie assumant le sacerdoce d’un prêtre, alors que le pape François recevait 29 sénateurs et 16 députés français. A travers l’accueil de ces derniers, il invitait le pouvoir actuel à "apporter aux lois l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine en y insufflant « un esprit, une âme, qui ne reflètent pas uniquement les modes et les idées du moment".

Les droits de l’Homme rencontrant une prison française, la ville chrétienne française la plus emblématique vivant un cataclysme, et le pape « recevant la France » pour la première fois. Le hasard des circonstances ? Notre pays n’a peut être jamais été aussi observé, souvent avec une inquiétude certaine, alors qu’il est soumis à un bouleversement de repères, à la hussarde, des lois touchant à l’essentiel étant présentées et portées comme de simples décrets relevant de l’économique ou du social. Un pouvoir confronté à un rejet rarement égalé dans son ampleur autant que dans la rapidité entend donc imposer les chapitres de son programme comme si ce dernier fut approuvé jusqu’à la moindre virgule par le peuple de France. Démocratie ?

 

Le hasard n’étant pas de ce monde, le fait le plus marquant pour le pays durant ces derniers mois pourrait être venu d’ou l’on s’y attendait le moins, dans un étonnant retournement ou pied de nez de l’Histoire. Un « remariage » de la France avec sa « famille » initiale, dans le creuset de ses valeurs originelles, serait-il engagé ? 

Face aux nouvelles réformes promises pour la rentrée et la fin de l’année, il semble bien que le « retour Chrétien » porte en lui quelque chose d’indispensable dans une telle conjoncture politique. La « moralisation » pourrait bien venir par le peuple, outre les éléments de langage émanant d’une pseudo élite ayant perdue toute crédibilité pour la permettre. Après l’été, une nouvelle offensive « Catho » ?

Depuis longtemps « Catho » semblait recouvrir la critique la plus acerbe frappant d’anachronisme quiconque la subissait. La nouvelle religion laïque masquant souvent la promotion de l’athéisme redoublait d’arrogance dans sa suprématie apparente ou savamment promue médiatiquement. La « modernité » serait-elle forcément athée et dénuée de toute véritable spiritualité ? La nouvelle religion obligatoire porterait donc des valeurs marchandes, reposant sur une réseaucratie de cooptation élitiste tenant à bonne distance le brave peuple ?

Depuis la rentrée 2012, à l’occasion de plusieurs manifestations, des millions de citoyens auront enfin décidés d’affirmer publiquement et puissamment  leur croyance, dans le respect de toutes les autres. Le principal « coming out » ne vint pas du rivage attendu à l’occasion du mariage homosexuel. Il fut d’abord celui des Catholiques. Le concert de la Bastille fêtant une supposée conquête législative avancée par les promoteurs du mariage homosexuel ne rameuta pas les foules, seulement quelques centaines de personnes. Le concert « pour tous » ne le resta qu’en théorie. Certains tableraient aujourd’hui sur de prochains mariages de vedettes homosexuelles pour que la loi « historique » le reste, un peu. Le cœur n’y est déjà plus, l’attention des français non plus. Chacun se souvient par contre que l’esplanade des Invalides exigeant au minimum 300000 personnes pour être comble s’afficha en effet pleinement remplie d’opposants jusque dans tous les boulevards annexes, à flux tendu, à plusieurs reprises. Du passé ?

Plein d’avenir. Vers des « Indignés Spirituels » ? Le champ d’action deviendrait international. La France en aurait été le berceaau.

Comme le disait Robespierre en personne quelques mois après la Révolution de 1789 pour avoir pensé qu’elle échoua « n’oubliez pas que le peuple est vertueux » au-delà même des lois votées, chose qui ne dispense pas de les respecter. Mais, chacune peut être réécrite ou contredite un jour. Il brûlait alors en place publique une statue de l’athéisme, reconnaissant ainsi la nécessité du Spirituel ou du Sacré dans une société. Plutôt que d’officialiser prématurément l’étrange « théorie » du Gender dans les manuels scolaires, théorie tendant à affirmer que le bas ventre de chacun ne serait qu’une vue « culturelle » de l’esprit, chacun gagnerait plutôt à y rétablir les faits Historiques, les vrais, pas les modes passagères évoquées par le pape François.

Révolution ? Tout indique que la « Manif-Pour-Tous » fera date en préambule de bien des changements futurs, qu’il s’agisse de Démocratie ou d’engagement citoyen revivifié, voire même, de la « mission » retrouvée de la France.

La société prétendue démocratique fonctionnant beaucoup autour d’un rapport de force, combien de « bataillons » Catholiques à l’heure actuelle ? La déchristianisation souhaitée par certains aurait-elle le champ libre ? Pas si sûr.

Certes, dans une enquête récente l’institut CSA semble aller dans le sens d’une perte d’influence du Catholicisme. En 1986, plus de 81 % des Français se disaient Catholiques, passant à 69 % en 2002, et 56 % en 2012. D’autres études avancent le chiffre de 52 % de français se disant encore plus ou moins Catholiques. La proportion de Français s’affirmant d’une autre religion progresse à contrario, évoluant de 3,5 % en 1986 à 9% en 2002, et jusque 11 % en 2012. Que la Manif-Pour-Tous ait pu faire évoluer les choses ? Probablement, les « Cathos » ne baisseront plus la tête. 

Même si l’institut CSA prétend que cette tendance à la déchristianisation pourrait donc se confirmer et que les « sans religion » constituent « d’ici 20 ou 30 ans » le principal groupe au sein de la population française, il n’est plus exclu que ce récent soulèvement du peuple de France traduise un élan contraire à ces prédictions. Le visage d’une France à terme majoritairement athée dépendrait surtout de la manipulation mentale effectuée sans cesse par de faux prophètes de « com » spécialisés en modelage des pensées ?

Qui aurait pu imaginer il y a seulement un an qu’à plusieurs reprises, tant de français, pourraient descendre dans la rue suivant une chef de file affirmant sa Foi dans des livres, articles ou émissions ? La valeur « famille », la dimension sacrée de l’Enfant, le respect du Vivant face à la « culture » de mort (facilitation de l’euthanasie, « prostitution » de ventres féminins avec la GPA, bidouillage permissif en laboratoire avec la PMA, salle de Shoot, etc), bien sûr que la Manif-Pour-Tous reposa premièrement sur le socle du Christianisme, à moins qu’il ne s’agisse de la véritable force de « civilisation ».

La religion Catholique reste donc à ce jour majoritaire en France. Après cette grande manifestation décomplexée, elle pourrait bien croître. La « fille aînée de l’Eglise » en a vue d’autres. Outre les imperfections ou travers de l’institution qui la représente, elle demeure. Elle reste un marqueur identitaire pour beaucoup de Français face à la marchandisation mondiale, ou l’émergence d’autres religions disposant parfois d’un soutien médiatique supérieur. Elle coule dans les veines de la Mémoire française. Aucun prosélytisme ici, ce ne sont que des faits. Le Catholicisme est écrit dans l’environnement quotidien au travers d’hagiotoponinymes, d’édifices religieux, de croix et calvaires au carrefour, de l’Histoire. L’athéisme obligatoire pour tous, comme la théorie du Gender imposée aux enfants de France ? Le combat ne ferait que commencer.

Et si le « calvaire » des vilains « Cathos » résistant à la déchristianisation venait de se transformer ces derniers mois en résurrection ? L’été prépare la rentrée.

La France marque par un État Laïque depuis la Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat datant du 9 Décembre 1905. Cette séparation longtemps assimilée à la disparition souhaitée de l’une au profit du second pourrait donc s’être récemment équilibrée. Un Arbre n’échappe jamais à ses racines. La fraternité retournerait-elle à sa source initiale ?

Il est à noter que cette France des valeurs Chrétiennes ne saurait se réduire à la conception ou aux apriorismes en vigueur en région parisienne. L’ignorance qui caractérise parfois le regard de celle-ci sur le reste du pays explique en partie la « surprise » ressentie à la Capitale face à l’ampleur de la Manif-Pour-Tous. Selon la même enquête de CSA il ressort que la répartition territoriale des Catholiques en France s’avère très hétérogène.

Si le Catholicisme marque par un affaiblissement dans son rayonnement en Île-de-France, ou sept des huit départements sont parmi les 10 départements où la proportion de citoyens se disant Catholique est la plus faible, il n’en est pas de même sur tout le territoire.

En région parisienne la disparité est manifeste s’agissant de la présence Catholique. Elle atteint ainsi 38% en Seine-Saint-Denis, 42% à Paris et 47% dans les Hauts-de-Seine, au niveau des croyants revendiqués. A contrario, les Yvelines demeurent le département francilien le plus Catholique avec 52%. Ailleurs, un niveau plus élevé encore est observé, notamment dans le Calvados (58%), dans la Loire-Atlantique (63%) et en Vendée (67%). A l’Est, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle recouvrent respectivement 69% et 74% de citoyens qui s’y affirment toujours Catholiques. Les départements situés au Sud du Massif Central recouvrent eux aussi dés niveaux très élevés, environ 70% de Catholiques assumés

Déchristianisation ? Le regard erroné de la petite micro société parisienne vivant en Rive Gauche sous l’ornière de ses derniers fantasmes soixante-huitards, recouvrirait bien des vues de l’esprit, et pas toujours le plus lumineux.

Comme ce réveil d’une certaine France (encore majoritaire) le laisse à penser, la perte d’audience de l’Eglise Catholique ne rime pas automatiquement avec une perte d’influence. La persistance d’un clivage religieux demeure sur certains sujets de société, autant que la puissance et l’efficacité des réseaux catholiques à même de fortement mobiliser. Le bon maillage dont disposent les hautes autorités Catholiques sur tout le territoire permet de compenser la baisse du nombre de vocations et de pratiquants réguliers. Il n’est pas anodin non plus de constater la prise en compte croissante de la presse Chrétienne. Ses éditorialistes accèdent enfin aux débats politiques ou sociétaux dans les médias. Dire que l’ostracisme longtemps en vigueur aurait disparu serait faire preuve d’un optimisme exagéré. Mais quelque chose de plus important semble avoir été inauguré durant le soulèvement récent du peuple Chrétien de France. Un grand ressourcement de l’engagement citoyen ?

Certaines réponses policières perçues par les opposants au mariage homosexuel comme des pratiques dignes de l’ex URSS ne pouvaient réellement surprendre. Un « prisonnier politique » en France ? La puissance de la Manif-Pour-Tous a fait voler en éclat bien des certitudes, jusque dans les techniques de gestion des conflits. Au sein même des forces de l’ordre des serviteurs de l’état (quelques photos en attestent) n’auront pas été non plus sans marquer en privé leur désapprobation et souffrance éprouvée de part l’obéissance hiérarchique à des exigences d’autorité pour le moins, inappropriées. Les médias étrangers s’en font encore l’écho. Peut-on réprimander une « bande » de veilleurs pacifiques de la même façon que des footeux ivres ? Il semble bien que ce fut le cas. Le débat sur l’objection de conscience ne ferait que commencer. Gardons en mémoire toute la nouveauté des pratiques « militantes » apparues. Notons que les masses de manifestants restent totalement pacifiques et respectueux depuis le vote « assez » accéléré de la loi concernée.

La première nouveauté de ce mouvement populaire était visible, extérieure, concrète. Loin de se limiter à l’appel à manifester au travers de défilés, l’audace de certaines initiatives plus modestes n’aura pas été sans surprendre et innover. L’humilité peut avoir une force immense. Les petits groupes de veilleurs, les marches de mères au nom de l’Enfant (« Les Mer-veilleuses »), certains slogans issus de Gandhi dans l’affirmation de « non violence » et de « puissance » dans la paix, autant de choses jamais observées préalablement durant les manifestations syndicales plus conformistes, dépassées ? Le conservatisme n’est vraiment plus ou on le pense en général.

A plusieurs reprises une masse de citoyens aura donc défilée pour les valeurs les plus essentielles, sans véritablement demander quoi que ce soit pour eux même, hormis le retrait ou la réécriture d’une Loi. La novation du « pour tous » n’a pas finie de rassembler, au-delà des frontières françaises, tel est son sens même.

Il ne s’agissait pas de fonctionnaires s’élevant contre les privilèges supposés accordés au camp privé d’en face, aucune exigence salariale ou statutaire, les arguments n’étaient que de conscience ou, de Foi. La réponse qui y aura été apportée fut occasionnellement tellement choquante que le mouvement de masse ne peut qu’être en sourdine. La rentrée ? Elle pourrait être brûlante dans la convergence des millions d’humiliés au seuil de pauvreté et des plus « riches » Spirituellement, les deux se mêlant parfois.

Plus de la moitié des français auront été meurtris. Les plus hautes autorités ne se seront pas même adressées directement à cette masse pacifique de citoyens, rien, seulement une guerre des chiffres et l’adoption en totalité d’une Loi, sans aucune concession aux opposants. Et un emprisonnement. Qu’il soit possible et durablement recevable sur un tel sujet de société de répondre « circulez il n’y a plus rien à dire » ? Avec un peu de recul tout cela apparaît plus inquiétant encore. Les quelques petites centaines de parisiens qui fêtèrent le fameux mariage « bis » illustrèrent surtout la dimension d’un lobby. La Démocratie aurait été mise en minorité.

Pour tout ce que ce soulèvement de masse aura représenté de la France dans ses valeurs les plus ancestrales, pour toute la fraîcheur pacifique ou novation démocratique révélées à cette occasion, pour le retour du peuple avec moins de débordement que lors de la remise récente d’un prix au PSG, pour l’affirmation nouvelle dans la forme et dans le fond d’un engagement de conscience, il serait assurément insensé de penser que ce grand mouvement en reste là. A l’international, la Manif-Pour-Tous pourrait bien trouver un second souffle lui permettant de revenir en France plus forte encore.

Face au Nouvel Ordre Mondial, que le peuple de France soit à l’initiative d’un Nouvel Ordre « Moral » ? Certes, le mot est galvaudé. Aux « Indignés » plus idéologiques pourraient bien succéder ou se joindre des « Indignés Spirituels » ? En Conscience.

Alors que la marchandisation du libéralisme capitalistique entend réduire les êtres à la « hauteur » de son système de consommation, voir la conscience des peuples se soulever laisse en effet espérer un avenir meilleur, encore possible. Le combat ne sera plus seulement économique et social, mais aussi Spirituel. Toute Religion est digne de respect, chaque croyant ou personne athée pareillement. Le respect premier de l’Humain ?

L’objection de conscience trouvera t’elle partout un fondement nouveau, législatif, général ? La Démocratie ne saurait permettre durablement la « dictature » idéologique d’une minorité, quelle qu’elle soit. L’intérêt général, dont tout président est logiquement le garant, ne saurait se soumettre à un lobby. Alors ?

Le Pape François tomberait-il à point nommé pour incarner à l’international le retour du Spirituel ou de la « morale » (le vilain mot !) tout en restant dans la proximité ? Le champ du Politique ne pourra s’en soustraire. La « laïcité » se verrait partout « invitée » à retrouver sa mission première de veiller à la liberté Spirituelle, de tous.

La Doctrine sociale de l’Eglise fut le creuset de bon nombre de progrès sociaux. La « philosophie » la plus éclairée qui soit, constitutive du Christianisme (sans réduire celui-ci à une philosophie) pourrait grandement contribuer au rempart attendu contre une société de consommation sans foi ni loi, afin que l’être humain ne soit jamais à vendre ou bradé, pas plus les enfants ou les vieillards que les plus fragiles ou pauvres, dénués de toute « performance » ou rentabilité sonnante et, trébuchante. Le Christianisme pour éviter la chute ? Bien des athées ont aussi une foi dans l’Homme, tout cela peut se réunir.

Euthanasie, recherche instrumentalisée et mercantile sur l’embryon, Gpa et Pma, mariage toujours plus décomposé, marchandisation des enfants…tout cela se heurtera t’il désormais au mur puissant et pacifique « Catho » ? Les « Indignés Spirituels » viendront-ils opportunément resituer l’Homme au cœur de la Cité ? Le cas échéant en s’y « manifestant » de façon visible, et invisible, comme l’est la Conscience

 

Guillaume Boucard