Nous avons été nombreux à scander « nous sommes tous des Juifs allemands » (pour protester contre l’expulsion de Daniel Cohn-Bendit), nous allons pouvoir sans doute nous estimer, en Europe, toutes et tous « Juifs chypriotes ». C’est assez simple, Margaret Thatcher voulait bien du « grand marché commun », de l’intégration des pays de l’Est, pour faciliter les exportations britanniques (essentiellement de services bancaires ou financiers), mais surtout pas du système monétaire européen. Soit le beurre et l’argent du beurre des autres. Et toutes les banques se sont prises pour des footballeurs internationaux ou les patrons de leurs clubs, même les plus fragiles. Sauf qu’à présent, les spectateurs payants vont venir à manquer.
Wolfgang Schaeuble, le ministre allemand des Finances, vient de vendre la mèche. Le cas de Chypre devrait rester « exceptionnel » mais, à l’avenir, il sera possible de laisser des banques subir une totale faillite, « comme tout autre entreprise », pour ne pas mettre en danger la stabilité de l’ensemble du secteur financier. Fort bien. Mais cela veut dire aussi que les actionnaires et les créditeurs (donc, aussi, les déposants) des banques en difficulté devront être mis à contribution et que les États ne pourront être aidés à sauver ces banques (où celles qui subsisteraient) que s’ils ne peuvent plus emprunter sur les marchés financiers.
Du coup, le Premier ministre grec s’est senti obligé de déclarer que ce qui se produit à Chypre ne se reproduira pas en Grèce car les banques grecques ont été recapitalisées et sont désormais protégées. Sauf que ce n’est pas si sûr, et que les quelque 180 000 fonctionnaires qui sont déjà ou seront sans emploi fin 2015, selon les promesses gouvernementales grecques, ne vont pas, pour la plupart, guère déposer d’argent dans les banques grecques.
L’Eurogroupe semble d’accord pour accorder 10 milliards d’euros à Chypre, à donner quelques facilités supplémentaires de remboursement à l’Irlande et au Portugal, mais il restera à Chypre de trouver 13 milliards en ressources propres. La tâche est sans doute impossible, même si Chypre vendait toutes ses ressources en or (l’île a déjà fait chuter le cours de l’or de 22 % depuis septembre dernier en déclarant vouloir puiser dans les 14 tonnes de ses réserves pour lever 400 millions d’euros, au grand dam du gouverneur de sa Banque centrale, qui va sans doute se voir forcer la main). Entre autres, cette ponction dans les réserves rendrait très difficile un retour à la livre (d’argent « massif », sterling) chypriote. Le pays se retrouvera « détenu » dans l’Eurozone
Mario Soares, l’ancien Premier ministre et président portugais, considère aussi que le Portugal va se retrouver débiteur ad vitam et qu’il ferait mieux de se déclarer en faillite, et de ne pas, comme l’avait fait l’Argentine, rembourser ses dettes. « En deux ans, le Portugal a été détruit », a-t-il estimé. Il oublie peut-être de dire que l’Argentine n’avait pas de monnaie commune avec les pays voisins, et que, faisant suite à un net redressement, mais que l’inflation sera sans doute de 30 % en 2013 (0,7 pour mars, officiellement), davantage si dans deux mois, le gel des prix est levé, que l’intervention gouvernementale devient frénétique, que le pays s’endette auprès de la Corporacion Andina (la banque de développement andine), &c. Le peso argentin subit une crise confiance quasi totale, la population cherche à tout prix des dollars USB moins chers qu’au taux officiel, et il en serait sans doute de même pour l’escudo face à l’euro (ou la sterling, l’USD, on ne sait).
Cela dit, comme disait Coluche, ce n’est pas parce qu’on serait plusieurs (minoritaires ou non) à penser la même chose que nous aurions raison, donc je m’inclus dedans.
Je vais le prendre par le gros bout de la lorgnette. Que vois-je en tout petit-petit à Chypre ? Des tas de footballeurs professionnels non payés depuis cinq mois, des clubs qui tentent de se regrouper pour partager les frais et faire des économies d’échelle. Spyros Neophitides, le président de l’Union syndicale des footeux pros, veut bien l’envisager, mais qu’au moins les arriérés de salaires soient versés, et qu’il n’y ait pas trop de licenciés (autorisés) à l’être (virés).
D’où vient le crash des banques chypriotes ? Peut-être en partie des Jeux Olympiques d’Athènes. Ce n’est bien sûr qu’une image, mais elles ont prêté, prêté, aux collègues grecques, parce que des « Juifs allemands » (ici, de bons gros investisseurs teutons) et autres – je sais, c’est un cliché idiot, c’était la misère dans la plupart des ghettos, et Rotschild, lui, a déjà ouvert sa succursale à Singapour – se sont gavés. Au passage en favorisant les profits d’autres « Juifs allemands » et « Juifs grecs » (avec de très fortes déperditions passant en diverses poches), et vaguement l’emploi d’autres « coreligionnaires » de divers pays, enfin, un temps…
Du coup, les plus gros s’en tirent, les moyens, les petits, ceux des ghettos, allemands y compris, et ceux de chez nous aussi, vont souffrir. Ce n’est pas que le marché chypriote soit tellement intéressant, mais les portugais, italien, espagnol, &c., si. Croit-on qu’en les pressurant, les petits « Juifs sudistes » sur les plans salariaux et autres, pour qu’ils exportent davantage (où cela donc ? surtout en Allemagne, dans les pays nordiques qui vont se mettre aux azuleros, à la charcuterie du sud avec des viandes transitant en Allemagne, tu penses, c’est sûr…), ils vont s’en sortir, rééquilibrer les échanges européens ? Réduire leurs dettes à zéro ? Mais quand donc ?
C’est bien de construire des stades, des équipements, quand le bâtiment va, tout va, oui, mais après, qui se tape les frais de fonctionnement et d’entretien ? Comment rentabilise-t-on (hormis le pont) les divers équipements de l’exposition internationale de Lisbonne ?
Au lieu de tenter de réindustrialiser, on a bâti. En faisant emprunter.
Et là, il faut rembourser.
Alors, on crie relance, relance, croissance, croissance, en sautant comme des cabris. Mais on crée du PIB avec n’importe quoi… de nouveaux produits financiers qui rapportent, sont performants (pour qui ? ), par exemple. Ou de grands travaux dont il faut ensuite assurer la maintenance. Ou on ne sait quoi, des primes « hollandettes » ou « montenbourgettes », comme le préconise l’ami Charly, l’auteur d’Aux Larmes, citoyens ! (éds JBDiffusion), voire des voiturettes accessibles au plus grand nombre. Sauf que, à Paris, et dans les grandes agglomérations, peu envisagent de remplacer un véhicule ancien par un neuf, même à prix réduit, ou de se doter d’une petite auto urbaine : on ne peut déjà plus s’offrir l’emplacement de stationnement au mois qui évite les contredanses au tarif remonté à la hausse.
C’est plutôt à pied, à (viande de) cheval, qu’en voiture que, quand les riches maigrissent (au club de gym), les pauvres deviennent obèses. Autant quand même tenter de moduler les serrages et les crans de ceinture, à répartir selon le tour de taille, car il faudra se les serrer, mais surtout envisager que la relance, la croissance, doit être orientée… mieux maîtrisée. Ce n’est pas tout à fait l’orientation de l’Eurogroupe. Mais on va finir, à ce train, par nous imposer la solution finale, avant de tenter de l’imposer aux « Juifs chinois », puis vietnamiens, puis malgaches, &c. Lentement, mais sûrement. Pas sûr qu’on se laisse si facilement rafler.
[b]AKEL n’est-il pas l’instigateur sous-marin des désordres monétaires chypriotes ? [/b]
donc cqfd: retirer ses sous du « capital » de sa banque avant un reglement judiciaire puis une faillite faisant des déposants les derniers sur la liste des créanciers donc les dindons
bank run! et biste !