Sous le titre “Ratings Cut Deals a Blow to Sarkozy”, Gabriele Parussini et William Horobin, du WSJ, reprend les propos de Jean-Luc Mélenchon (« une terrible défaite pour le président ») à la suite des décisions de Standard & Poors. Mais ce qui retient davantage l’attention, c’est le papier de David Gauthier-Villars et Charles Forelle : “Downgrades Fan Fresh Euros Fears”. C’est reparti pour une semaine formidable… Technologique, mais sans doute pas gaie.
Mais surtout, les considérations du titre financier font passer la France de l’élève Sarkozy pour l’un des cancres européens. Tout simplement avec ce rappel.
Le quinquennat de Nicolas, c’est 40 % d’aggravation de la dette. Et ce n’est pas fini selon les prévisions.
Les faits sont têtus, les chiffres coriaces, et la presse financière mondiale dresse un bilan peu flatteur qui rappelle celui de The Economist à mi-mandat (le « nain Sarkozy »).
Un homoncule qui aurait fait de gros dégâts. Mais est-ce tant l’essentiel ?
La dégradation de la France renforce les thèses et positions de la maîtresse d’école, Angela Merkel. Mais que faire si des élèves sont vraiment trop turbulents ? Leur tirer une nouvelle fois l’oreille ? Voyez comme elle a déjà allongé celle du petit Nicolas. Et en cour de récréation, l’élève David Cameron peut chahuter Nicolas, Angela n’y voit rien à redire, de fait.
Le problème, c’est que la note de chaque membre de l’Eurozone fait fléchir celle de la BCE, du Fonds prévu (dont on ne sait s’il aura au final le statut d’une banque ou non). Et hors zone euro, la Hongrie, qui importe des biens d’équipement et de consommation, est en très mauvaise posture. La Grèce, elle, attend fébrilement mars, date d’un très fort remboursement de dettes. Se déclarera-t-elle en faillite, d’elle-même, sans qu’il soit même question de la sanctionner davantage ?
Le fameux Mécanisme de stabilité européenne (European Stability Mechanism) ne semble plus vraiment convaincre que Sarkozy et quelques autres, laissés hors des confidences. Fillon, contre vents, bourrasques, marées, joue bien son second du Concordia Costa, et fait semblant d’y croire. Mais le commissaire de bord Juppé conserve un silence étouffé par les cris des Morano, Pécresse, Baroin. Un Sarkozy trépignant et le montrant du doigt (« Alain, je t’ai vu, je sais qui est avec moi ») risque de le tancer mercredi s’il ne prend même pas la peine de débiner Hollande.
La maîtresse Angela voudrait qu’on n’attende plus les vacances de juillet pour mettre en vigueur le fameux ESM-MSE. Mais elle continue à dire que les dégradations ne vont pas torpiller le Fonds de solidarité. Ah bon ? Juste quelques petits obus capables de le faire giter alors ?
Pour le moment, l’euro se déprécie d’un dixième face au dollar, et un glissement vers la parité semble difficile à enrayer.
Perspectives grimaçantes
Le New York Times, lui, s’intéresse à la Grèce, et illustre le papier de Rachel Donadio et Niki Kisantonis (avec Nicholas Kulish et Diminitris Bounias) par une photo d’un refuge plein de SDF grecs. Selon le NYT, plus personne ne croit que la Grèce pourra s’en sortir. Des négociations avec les créditeurs privés de la Grèce reprendront mercredi qui vient, mais un nouveau fiasco est redouté.
Des réactions en chaîne pourraient conduire à une tourmente de l’ampleur de celle de la chute de Lehman Brothers en 2008. C’est déjà la misère en Grèce, alors même que les décisions les plus dures ne sont pas encore entrées en vigueur. Papademos, le Premier ministre, est de fait, isolé. Les Copé, Dati, Villepin, Borloo locaux lui tirent dans le dos. Et il n’a pas été ex-ministre de l’Intérieur comme Sarkozy, ils peuvent aboyer sans relâche. Pour les politiciens grecs, les dés sont déjà jetés, autant ne pas se rendre plus impopulaires et tenter de se faire réélire. Le Rassemblement populaire orthodoxe (le FN local), lance des anathèmes. Papademos n’est pas encore l’antéchrist, mais il suffirait qu’il veuille fouiller dans les comptes des congrégations pour que son bûcher soit érigé. Voudra-t-il finir en Jeanne d’Arc condamnée par les Cauchon ? Excommunié de surcroît ?
La faillite de la Grèce semble désormais plus rapprochée que s’éloignant. L’Allemand Michael Fuchs, du CDU comme Merkel, est fort pessimiste. « Un et un doivent faire deux et non cinq, » a-t-il résumé. Ou non trois, pourrait-il glisser à l’intention de Sarkozy.
Un sixième des entreprises privées grecques sont au bord de la faillite. Soit 53 000. Au niveau français, ce serait à peine soutenable, un tel chiffre absolu, et totalement impossible en pourcentage, sans que tout le monde soit dans la rue. La France compte 4 400 grosses PME et grosses ou très grandes entreprises. Elles tiennent plus ou moins. Plus vraiment les TPE ou les petites PME.
Et encore, le pire n’est pas encore arrivé pour le secteur public grec, qui devait dégraisser 30 000 emplois. Seul un millier a été jeté à la rue depuis que la loi est passée, à l’automne dernier.
Rien à été fait pour assouplir les règles fixées en 2010 pour assouplir les conditions de rétribution des avocats, juristes (dont la Grèce est si friande) et des conducteurs de poids lourds.
Bref, porter la Grèce, en sus de l’Irlande et du Portugal, à bout de bras, ce serait un boulot pour Sarkozy le culotté péremptoire, sauf que les bras lui en sont déjà tombés.
Ah, il nous causera dans la lucarne vers la fin du mois. Croyez-vous qu’il nous dira qu’il entre en campagne et suggère à l’opposition d’avancer les élections ? Au train ou cela va, il risquerait moins que d’attendre, sans la capacité d’en faire trop, sauf à continuer de se regarder le nombril, et de toute façon, trop tard.
Selon des universitaires, le troisième lundi de janvier, c’est celui de la déprime. Le Blue Monday. Pour Sarkozy, les bonnes résolutions n’ont pas été tenues, et pour passer devant les caméras avec Merkel, il lui faut encore attendre deux semaines. Il a peut-être payé les cadeaux de ses enfants avec une carte de crédit, et là, il voit que c’est débité. Pour lui, tous les lundis risquent d’être bleus jusqu’en avril-mai. Pourquoi ne pas les écourter ? Et puis, il est fatigué. Pourquoi ne pas aller faire un tour à Londres, en toute discrétion, pour fêter avec Bob Diamond, le Pdg de Barclays, ses dix millions de livres de bonus. Dans une petite cantine populaire, le resto du Savoy’s par exemple ?
Qu’il évite de croiser William Hague, qui vient, dimanche soir, de comparer la zone euro au paquebot des croisières Costa. Hague, c’est le Juppé britannique. La presse lui a de nouveau demandé s’il pourrait faire évacuer les Britanniques du continent et les rapatrier. Oui, « nous avons des plans d’urgence pour une diversité d’événements qui pourraient survenir dans la zone euro ces prochains mois, » a-t-il répondu. Au fait, en tant que père d’un garçon qui fréquente le lycée français de Londres à l’occasion, Sarkozy ne pourrait-il en bénéficier ? Et puis, n’a-t-il pas casé des Britanniques dans la Légion d’honneur ? De quoi tenter de rejouer Week-end à Zuydcoote.
Ah oui, aussi. La fameuse taxe sur les transactions financières. Londres traitera le marché Forex des devises chinoises hors de Chine. Paris se contente de pandas (après l’Écosse, en fin d’année dernière). Wolkswagen a quitté en décembre la bourse de Francfort pour le Square Mile, la City, le Stock Exchange, aussi pour ses emplettes de change.
Baroin osera-t-il lui dire : « Nicolas, je te l’avais bien dit… » ? Trop peu, surtout trop tard.
Surtout qu’il ne lise pas la presse locale qui répercute les estimations confiées à Die Welt par Jamie Dimon, de JP Morgan : il voit l’Eurozone survivre à 60 % (au lieu de 90 % précédemment). Lui aussi voit la Grèce se faire expulser. « Ce serait mauvais, mais gérable » (enfin, pour les autres).
La presse lui rappelle aussi que lorsque François Fillon disait que la France était en faillite, il lui avait tapé sévèrement sur les doigts, et que, maintenant, il se gausse d’avoir averti les Français de la gravité de la crise depuis quatre ans ? Ah, vraiment ? Qu’il évite aussi les libéraux démocrates, comme Clegg ou Lord Oakeshott qui clament : « on ne peut dire “nous sommes tous sur le même bateau” quand la richesse n’est pratiquement pas soumise à l’impôt. ». Mais, au restaurant du Savoy’s, le Fouquet’s local, heureusement, tout cela vous arrive très feutré.
Avec Rajoy ce jour
Mais pas question de Fouquet’s ou de Savoy’s ce lundi Tristouille. Kosar rencontre Joyra, enfin, Mariano Rajoy, l’Espagnol. En Espagne, il repartira pour Paris avec une Toison d’or, remise par le roi en personne, au palais royal. Si les rigueurs de l’hiver se renforcent, cela lui fera un ruban de plus à passer. Attention aux petites cuillères, cependant. Ne pas les trouer de joie en reniflant la Toison…
Mardi, c’est Herman Van Rompuy qui lui succèdera à la Moncloa. Pour Rajoy, mercredi, ce sera le Maroc (avec couscous en compagnie de Mohamed VI). Puis Berlin, la semaine prochaine.
Eh, Nicolas, tu ne pourrais lui louer ton avion présidentiel ? Histoire de faire rentrer un peu de monnaie ? Tu y vas en avion, tu reviens en bateau (pas sur SeaFrance, hein…) jusqu’à Sète, avec deux trois compagnies de CRS comme d’hab’, puis tu prends le train avec trois-quatre escadrons usuels de gendarmes mobiles, ce qui renflouera les comptes de la SNCF et reviendra moins cher au final.
Sarkozy ne devrait pas non plus lire la presse espagnole de ce lundi tristouille.
La porte-parole du gouvernement de Rajoy indique que « [i]le poids de la loi[/i] » tombera sur ceux qui dépensent sans avoir des fonds car la « [i]toute première obligation d’un politique[/i] », c’est de «[i] savoir gérer avec ce qu’il a[/i] ».
Elle se nomme Soraya Saenz de Santamaría.
Tandis que le ministre du Logement, Cristobal Montoro, avertit que faire monter la TVA entraîne une hausse de la fraude fiscale. Sarkozy a réduit le nombre des fonctionnaires du fisc (mais les a généreusement augmenté pour compenser le surcroit de travail auquel ils ont du mal à faire face).