Ces jours-ci, Eric Naulleau, l’ancien co-animateur de l’émission "On n’est pas couché" proposée par Laurent Ruquier, sort un livre intitulé "Pourquoi tant d’E.N. ?"

Traçons un rapide portrait d’Eric Naulleau: cet homme, ancien professeur, est actuellement éditeur, écrivain, critique littéraire, et aussi très présent dans les médias, notamment la radio et la télévision.

Ajoutons que ce diplômé de Lettres particulièrement érudit est, naturellement, passionné de littérature et qu’il encense les auteurs slaves qu’il considère comme des maîtres.

Pourtant, avouons-le, c’est bien la télévision et l’émission de Ruquier qui nous a permis de nous familiariser avec lui. Dans cette émission, aux larges audiences, pour une diffusion en deuxième partie de soirée le samedi, Naulleau était associé à Zemmour (ce dernier aussi porté à l’aune du grand public) et avait pour mission de faire ce qui fait partie de ses multiples compétences: le critique littéraire. Il pouvait aussi donner son avis sur le travail de la plupart des invités, qu’ils soient écrivains, chanteurs, réalisateurs, comédiens…

Le moins que l’on puisse dire est qu’il a fait son travail avec un certain entrain, de la conviction et de l’audace dans un média comme la télé où les animateurs passent leur temps à promouvoir et encenser le travail d’artistes quelque soit la véritable ‘valeur’ du susdit travail ! 

En tous cas, Eric Naulleau n’est pas de ces gens-là et pose un regard acéré et avisé, bien que subjectif et personnel, sur l’objet culturel présenté et sur l’auteur de cet objet.

Pourtant, on pourra regretter la forme des interventions d’Eric Naulleau. Il a fini par donner l’impression de jouer le personnage du sniper avec son sens de la formule particulièrement destructeur quand il est décidé ! (Rappelez-vous par exemple  comment il a fait disjoncté Francis Lalanne) et même sa récente rencontre, en tant qu’invité ! avec celui qui joue son rôle auourd’hui: Aymeric Caron.

On peut reconnaître qu’il est utile que des gens critiquent avec vérité le travail d’un artiste, surtout quand ils savent de quoi ils parlent comme avec Eric Naulleau, particulièrement disert et légitime quand il s’agit des Lettres.

Malgré tout, je crois qu’on a du mal à mesurer la meurtrissure que ces critiques peuvent créer chez un artiste qui, très souvent, a mis tout son coeur et toutes ses forces dans l’oeuvre qu’il propose au public.

Concernant Naulleau, Natacha Polony concédait devant les caméras de France 2, en évoquant le livre du critique, qu’elle préférait chez lui l’amoureux des livres et des grands auteurs que le personnage médiatique dans lequel il semblait s’être enfermé. Evidemment, celui-ci répondit avec tous ses arguments et montra qu’il n’avait rien perdu de ses qualités pugilistiques déjà montrées auparavant dans l’émission de Ruquier ! Il venait au passage de "détruire" le pauvre Aymeric Caron qui n’était pas de taille pour lutter et qui préféra se taire et abandonner la partie.

Comme quoi, peut être que pour supporter la critique, faut-il préalablement s’être aiguisé les dents en ayant été soi-même celui qui juge, évalue, et proclame les sentences. Bref, avoir été celui qui encense ou qui démolit dans une arène appréciant ce types de joutes et la mise à mort…de l’artiste.