Ça y est, je suis un mauvais Français, je possède une voiture étrangère. Pour le coup, je serais culpabilisé ! On atteint des sommets dans la bêtise et dans la tartuferie. Derniers sports à la mode : vérifier que nos hommes politiques roulent dans une voiture française.

« François Bayrou est monté dans une Audi ! Une honte, lui qui prône le « made in France ». Mais, ce n’est pas la sienne ! Ouf !» Peut-être aurait-il dû repartir à pied ? Cette info a été reprise par de nombreux journaux, très sérieux, offusqués et il a fallu que le candidat centriste donne une explication à ce qui a été présenté comme un couac. Heureusement qu’il a de l’humour : « On Audi pas tout ! Un ami vous raccompagne : changer d’ami ? Non ! Le persuader de changer de voiture ? Mieux ! En rire ? Encore mieux ! »Il faut dire que c’est lui qui a commencé ! Acheter français, c’est joli comme slogan mais ça n’a pas de sens. Allez-vous vérifier la provenance de tout ce que vous achetez ? C’est compliqué et souvent trompeur. Vaut-il mieux acheter un Renault fabriquée en Roumanie ou un Toyota fabriquée en France ? Et dans les composants de chaque voiture, quelle proportion y a-t-il de pièces fabriquées en France ? Et souvent, ce n’est pas possible : essayez de trouver un appareil photo numérique de marque française ! Ce problème n’est pas nouveau : j’ai le souvenir, il y a une trentaine d’années, que le maire de la ville voisine, qui possédait une Ford, avait changé pour une berline française quand il était devenu député. C’est en quelque sorte un geste patriotique, mais c’est surtout pour ne pas se faire critiquer. Il y aura toujours un crétin pour vous le faire remarquer. Tant qu’on fera de la politique à coups de slogans, on verra la situation empirer. C’est bien de dire qu’il faut de nouveau fabriquer français, c’est mieux d’expliquer comment on s’y prend. Et sûrement pas en demandant aux Français d’acheter français.