… retracer l’histoire de notre planète. Imaginez pouvoir condenser plusieurs milliards d’années sur les 24 petites heures que composent un jour. Concrètement, ce n’est pas possible mais grâce à une formule mathématique simpliste, un produit en croix, nous y arrivons. Cette technique numérale permet de nous rendre compte de l’insignifiance de l’espèce humaine sur son existence. Une prise de conscience qui permet aux humains, se pensant tout puissant, de relativiser les choses. Nous ne sommes pas les maîtres de la Terre mais nous en sommes seulement ses hôtes, le temps d’un instant. Elle a eu une vie avant nous et elle en aura une vie après nous. 

 

Commençons notre journée à minuit pile, l’heure du crime comme on dit mais dans ce cas, ce serait plutôt le contraire, l’heure de la vie, la création de la Terre dans un déchaînement de puissances à la force incommensurable. De 00h00 à 3h58, c’est l’agitation globale, le brouhaha permanent, ça va, ça vient, la terre bouge beaucoup, heureusement que l’échelle de Richter n’existe pas sinon ce serait l’affolement. A côté de cela, les volcans témoignent d’une activité sans précédent. Après 3h58, la vie apparaît  on ne sait pas exactement comment mais tout ce bruit a du certainement la réveiller. Actuellement, elle n’est qu’une bactérie, un petit organisme invisible à l’oeil nu. 

 

De 3h58 jusqu’à 13h28, à la surface de la Terre c’est le calme complet, tout stagne, en phase de sommeil. Il y a peu d’évolution, nous voyons simplement apparaître des organismes procaryotes. On dénote une certaine analogie avec le cycle humain, après s’être couché tard, on fait une grasse matinée jusqu’en début d’après-midi. Dès 13h28, la vie multicellulaire se développe, nous sommes sur la bonne voie, on émerge enfin d’un longue période d’inertie, les esprits deviennent plus clairs. Pendant plus de 7 heures, jusqu’à 20h49, les organismes vivants se multiplient, se diversifient, nous sommes passé du stade de bactérie à celui d’algue, d’éponge et de méduse. 3 minutes et 50 secondes plus tard, c’est au tour des coquillages et les invertébrés marins d’entrer en scène. On remarque que tout cela reste très aquatique. 

 

Pour qu’une première approche se fasse vers la terre ferme, il faut attendre 21h40 et 36 secondes. La manoeuvre est timide, mal assurée, comme un adolescent faisant le premier pas pour inviter une fille lors du bal de promo. Les premiers à fouler le sol sont des animaux du genre amphibien et les plantes sans racines aidées par des champignons placés sur le rivage. A 22h01, la démarche est un peu plus assurée, on sent que la vie s’empare de la terre. Des grands arbres poussent et des reptiles sortent de leurs oeufs. A 22h35 environ, une grosse météorite chute et les conditions climatiques changent, l’eau devient plus rare et l’activité des volcans retrouvent du travail, la cadence est d’enfer. Tout cela fait beaucoup de morts, de nombreuses espèces disparaissent mais une autre va connaître son hégémonie, les dinosaures, à 22h41et 42 secondes. Leur règne est court, à peine 57 minutes, il voit néanmoins la naissance des mammifères, des animaux à sang chaud et des plantes à fleurs, à 22h52 et des fruits à 23h15 et 48secondes. Il se clôt plus ou moins comme il avait commencé, par une météorite et les conséquences qu’elle engendre, à 23h37 et 56 secondes

 

Le roi est mort, vivent les mammifères. Ils prolifèrent du fait que leur principal chasseur a disparu, la chaîne alimentaire étant déréglée. Il ne reste plus que 19 minutes avant que cette journée se finisse, le premier primate fait ses acrobaties et il se redresse progressivement. Un effort physique de 16 minutes et 20 secondes pour que le premier hominidé, l’homme de Toumai, notre cousin éloigné, puisse ouvrir la voie à l’Homme dont la forme la plus avancée, la nôtre, celle qui va construire les civilisations que nous connaissons, pointe le bout de son nez à 23h59 minutes et 57 secondes. Nous nous rendons compte que notre histoire anthropique ne représente que 3 secondes de l’histoire planétaire. Nous sommes des miettes, un fragment infime d’une journée, à peine le temps d’un battement d’ailes.