J’entends déjà le crissement de quelques plumes acerbes après une simple lecture du titre de cet article. Je me vois désolé de ne pas pouvoir offrir aux farouches anticapitalistes des arguments destinés à achever le modèle économique si durement traité ces derniers temps. Enfin, ceux qui veulent voir chez le banquier un personnage irresponsable, dont l’ambition se détermine par le nombre de zéros sur leurs fiche de paye devraient arrêter immédiatement leurs lecture. Car aujourd’hui, ceux que je pointe du doigt sont les politiques qui ont voulu s’engouffrer dans une politique financière fondamentalement inconsciente.

           

Ainsi, les responsables d’hier seraient ils les juges d’aujourd’hui ? Mon intime conviction est que oui. Après tout, souvenez-vous les promesses de campagne de tous les candidats de l’élection présidentielle en 2007. Ne désiraient-ils pas une France de propriétaires ? Nicolas Sarkozy l’actuel président français a, lui-même, introduit l’emprunt revolving permettant d’emprunter à nouveau au fur et à mesure des remboursements. Ainsi, cet objectif de campagne a été réaffirmé pas plus tard qu’au mois d’avril avec le désir de Christine Boutin, ministre du logement, de « faire de la France une France à 70% de propriétaires ». Or qu’est-ce que cette volonté si elle n’est pas appuyée par le système bancaire ?

            J’ai pris l’exemple de la France parce que celle-ci entame juste ce processus mais les conséquences de cette politique se sont fait ressentir aux Etats-Unis. Ainsi, c’est bien aux Etats-Unis que c’est le plus développé; les taux variables permettant à l’emprunteur un taux bas en période de prospérité économique. On compte actuellement 4/5 des prêts effectués à taux variable, conséquence du surendettement des ménages. Autre problème que cette politique de propriétaires a crée : le mode de rémunération des intermédiaires entre prêteur et bénéficiaire. En effet, la profession de courtier en prêts immobilier s’est multipliée accélérant ainsi l’ampleur du phénomène : ces courtiers sont payés non pas à long terme mais en fonction des accords contractés. Ainsi, le courtier s’intéresse plus à la somme prêtée qu’à la capacité de rembourser. C’est ainsi que des milliers de propriétaires se sont retrouvés dans une impasse financière ayant acquis un bien qu’ils ne pouvaient acquérir.

            Les politiques de propriétaires sont aussi à l’origine de l’assouplissement des modalités de remboursement. Qu’elle banque américaine respectait encore avant la crise le principe que seul 1/3 des dépenses du ménage devait être consacré au remboursement de leur dette ou encore l’apport minimum normalement de 10% qu’un emprunteur doit fournir pour obtenir un prêt ?

 

            Ainsi, on a fait de l’institution bancaire une des responsables de la crise alors qu’elle n’a fait que répondre aux attentes de millions de gens désireux d’une propriété. Pourquoi ? Parce qu’il est plus facile de s’attaquer médiatiquement à une institution qui ne remporte pas toutes les sympathies de la population vue comme trop austère ? Parce qu’il est plus facile de pointer du doigt ceux qui gagnent grâce à la finance dans une société où l’on répugne les gens qui ont de l’argent tout en les désirant ? Ou plutôt parce qu’il est difficile d’admettre nos erreurs : la gourmandise et l’orgueil ?